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Interview Un militaire de Cherbourg au Mali : « Ce serait une erreur catastrophique de partir »
Publié le mardi 23 fevrier 2021  |  Actu-Mag.fr
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© AFP par Byline
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Intervenu plusieurs fois en Afrique, le Cherbourgeois Eddy Saget-Sanson livre son regard sur la situation au Sahel : « Ce serait une erreur catastrophique de partir ».


Officier marinier, Eddy Saget-Sanson est aujourd’hui en détachement, en tant que conseiller communautaire du Cotentin et employé pour la Région Normandie. Avant ça, il a réalisé plusieurs opérations militaires en Afrique, notamment à l’Ouest, où il a formé des militaires locaux, de 2017 à 2019.

À l’heure actuelle, l’action française au Sahel, et au Mali notamment, est remise en cause. Emmanuel Macron a, lui, décidé de maintenir les troupes, mardi dernier, pour lutter contre la présence djihadiste.

Eddy Saget-Sanson donne son point de vue sur la situation, avec son expérience de terrain.

« Ce serait le chaos ! »

Actu : Pensez-vous que l’armée française doit poursuivre son action au Sahel ?

Eddy Saget-Sanson : Oui, il faut qu’on reste. En ce moment, il y a une petite musique de fond qui dit l’inverse, mais ce ne serait pas bon, ce serait le chaos. Les forces locales, les soldats africains, ne sont pas encore prêts. Leur formation ne se fait pas sur un an, mais sur dix, vingt ans.

Certains redoutent que la situation ressemble à celle des États-Unis, en Irak, avec un enlisement et une radicalisation d’une partie de la population…

E. S.-S. : La situation n’est pas du tout la même qu’en Irak, car nous n’avons pas les mêmes relations avec les pays. Il y a une vraie fraternité avec des pays comme le Sénégal. Ce serait une erreur catastrophique de partir. Ces pays manquent d’institutions. Je l’ai vu quand j’ai fait des interventions en Côte d’Ivoire par exemple. Leurs institutions doivent changer, et si on part, ce serait tout un travail pour rien. En Libye, nous sommes intervenus mais nous ne sommes pas restés, et depuis le pays est livré à lui-même.

Et si l’on retire les troupes maintenant, cela voudrait dire que les cinquante camarades tués là-bas seraient morts pour rien.

« Il faut intervenir sur la jeunesse, changer les mentalités »

Quelles étaient vos relations avec la population, sur place ?

E. S.-S. : Les gens étaient contents que l’on vienne les défendre. Mais plus on reste, plus ils peuvent mal le prendre. Il faut gagner leurs cœurs.

Quand la France pourra-t-elle retirer ses troupes, selon vous ?

E. S.-S. : Il faut investir sur la jeunesse, changer les mentalités. Ça peut mettre six, sept ou huit ans pour former la future génération. On pourra sortir quand il y aura de vraies institutions, mais ce n’est pas à l’armée de gérer ça, c’est aux politiques. Il faut aussi que les militaires sur place s’améliorent et qu’il y ait moins de corruption.

Que pensez-vous des informations qui font état d’exactions de l’armée française contre des civils en Afrique ? Un mariage aurait notamment été bombardé en début d’année ?

E. S.-S. : C’est totalement faux. Les terroristes mènent une guerre de l’information. Ils font circuler de fausses rumeurs. Nous, l’armée, ce n’est pas dans notre culture de parler de nos actions. Je pense que la solution serait que l’armée communique davantage, mette plus en avant ses actions.

Un mariage bombardé ?

Le dimanche 3 janvier, la France a lancé un bombardement à Bounti, un village du centre du Mali. Alors que l’armée française affirme qu’il s’agissait de djihadistes, plusieurs sources expliquent que des civils feraient partie des 19 morts. Le ministère des Armées exclu « la possibilité d’un dommage collatéral », rapporte FranceInfo. Une enquête a été lancée par les Nations Unies pour extraire la vérité de cette affaire, pour savoir s’il s’agit là d’une bavure de l’armée française.

Source: actu
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