La justice malienne a renvoyé au 2 mars une décision sur une tentative présumée de coup d'Etat impliquant notamment un ancien Premier ministre et un populaire animateur de radio, a-t-on appris mardi auprès de la défense des prévenus. Six personnalités, dont le dernier Premier ministre avant le putsch d'août 2020, Boubou Cissé, sont poursuivies depuis décembre pour "complot contre le gouvernement, association de malfaiteurs, offense à la personne du chef de l'Etat et complicité".La chambre d'accusation de la Cour d'appel de Bamako devait se prononcer mardi à huis clos sur la demande d'abandon des poursuites introduite par la défense.Mais elle a ordonné la réouverture des débats mardi prochain devant une chambre autrement composée, certains des juges actuels étant en passe d'être nommés à d'autres fonctions, a indiqué à l'issue de l'audience l'un des avocats des prévenus, Kassoum Tapo.Cette affaire, révélée en décembre avec une série d'interpellations menées par la Direction générale des services de l'Etat (DGSE, le renseignement malien), demeure entourée de mystère. Elle a suscité une grande perplexité, étant donné la personnalité des mis en cause et le caractère étonnant d'une éventuelle tentative de déstabilisation, alors que les militaires ont la mainmise sur le pouvoir depuis le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta.Le parquet évoque des faits présumés "d'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", des "indices graves et concordants" de l'existence d'une "entreprise criminelle" et des "actions de sabotage" contre des initiatives prises par les autorités de transition mises en place par les militaires après leur putsch.En dehors de Boubou Cissé, qui n'a pas été interpellé et a affirmé être "en lieu sûr" à Bamako, la justice a écroué Mohamed Youssouf Bathily, dit "Ras Bath", militant, polémiste et animateur radio aux nombreux sympathisants ; Vital Robert Diop, directeur général du Pari mutuel urbain (organisation de paris sur les courses de chevaux et de jeux de hasard) ; Aguibou Tall, un responsable d'une agence oeuvrant à l'accès aux télécommunications, demi-frère de Boubou Cissé; et deux hauts cadres du Trésor public (Finances de l'Etat), Mamadou Koné et Souleymane Kansaye.Autre personnage dans le collimateur: Sékou Traoré, secrétaire général de la présidence de la République. Interpellé lui aussi, il avait été relâché, mais il n'est pas tiré d'affaire et son dossier a été transmis au procureur général de la Cour suprême.