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Decouverte de vaccins par l’industrie : Une efficacité aux dépens des maladies moins rentables
Publié le mercredi 24 fevrier 2021  |  Le Matin
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Le groupe pharmaceutique américain a publié ses résultats mardi dernier (2 février 2021) et a dévoilé ses prévisions pour cette année. Il estime que le vaccin contre le coronavirus développé avec l’allemand BioNTech pourrait devenir l’un des plus gros «blocbusters» de l’histoire de la pharmacie. Et surtout que ce groupe a été le premier à mettre sur le marché des doses très efficaces dans le monde occidental.




Grâce à l’innovation de son partenaire allemand BioNtech, Pfizer espère générer pas moins de 15 milliards de dollars en 2021, soit près de 8 115 milliards de francs Cfa. Ils vendent par exemple leur vaccin aux Etats-Unis à 19,5 dollars l’injection alors qu’il en faut deux. Si le prix est presque similaire au vaccin ARN, il coûte «quelques dollars de plus» que d’AstraZeneca qui commercialise son traitement autour de quatre dollars l’injection. Selon les essais cliniques, le vaccin du tandem germano-américain est efficace à 95 %.

Pour nous autres habitants des pays pauvres, le problème n’est pas l’efficacité du vaccin ou des vaccins. Mais ce qui heurte la conscience, c’est la rapidité avec laquelle le vaccin a été conçu et la concurrence féroce que les labos occidentaux se sont livrés pour le concevoir. Plus de 47 vaccins contre le coronavirus étaient en essai clinique dans le monde en début d’année. Ainsi, quand on voit le profit (8 115 milliards de francs Cfa) que le tandem germano-américain (Pfizer et BioNtech) va réaliser seulement cette année, on comprend aisément pourquoi les recherches piétinent pour trouver des vaccins contre le paludisme, le VIH/Sida, ébola…

Les laboratoires gagnent plus avec des traitements plus ou moins efficaces que d’inventer un remède pour éradiquer ces maladies. Peu importe notre santé et notre vie aux côtés des bénéfices faramineux que l’industrie pharmaceutique veut réaliser à nos dépens. Il est vrai que nos décideurs, en 60 ans d’indépendance (pour la plupart des Etats d’Afrique), ont préféré investir dans les réalisations de prestige (avec comme effet collatéral un endettement handicapant pour nos Etats) au lieu d’encourager la recherche. Mais, à la réflexion, on se demande si cela aurait pu changer quelque chose puisque les Occidentaux ont tous les moyens d’influencer les résultats de nos recherches.

Cette discrimination ne gêne pas seulement en Afrique. Même en Occident des voix se sont élevées pour crier au scandale après la publication des résultats de Pfizer et ses perspectives pour cette année. «On finance un vaccin avec de l’argent public et on laisse la licence aux industriels qui font une marge tranquillement de 25 à 30 % pour dégager 15 milliards de profits… C’est la même blague qu’avec l’insuline depuis 100 ans», a déploré un activiste. Quant à l’ONG «Santé Diabète», il a dénoncé «le conflit d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique» qui reste «plus important pour nos dirigeants que les biens publics mondiaux…» ! Et de conclure en ironisant, «la pandémie passe la honte demeure».

Comme quoi, nous sommes tous (citoyens du nord et du sud) floués par l’industrie pharmaceutique pour qui des mots comme justice, équité, responsabilité… sont insignifiants par rapport aux bénéfices, profits… Autant en emporte la santé, pourvu que les épidémies et les pandémies leur permettent de consolider les assises financières de leurs empires !

Moussa Bolly

Source : Le matin
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