Depuis quelques mois une histoire de caution de garantie bancaire oppose l’entreprise Mady Keita (EMK-SARL), maitre d’œuvre du chantier de la construction des locaux de l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite à Bamako sis à Hamdallaye ACI 2000 et le bénéficiaire des travaux l’ambassadeur Khaled MabrukAlkhaled. Avant, la fin des travaux, selon nos informations, ce dernier exige la restitution des garanties bancaires mises à la disposition de l’EMK-Sarl dans le cadre de l’exécution du contrat qui lie les deux parties. Suite au refus du PDG de l’entreprise EMK-Sarl, Mady Keita de s’exécuter avant la réédition de compte, le payement intégral de ses factures en souffrances en Arabie Saoudite et la preuve que son contrat a été résilié officiellement. Suite à ce litige intervenu dans le cadre de l’exécution desdits travaux, l’affaire a été portée devant le tribunal de commerce de Bamako. L’audience des référés qui devrait se tenir le lundi 22 février 2021 a été renvoyée au lundi prochain. De quoi s’agit-il ?
Le lundi dans l’après-midi, Mady Keita, PDG de l’entreprise EMK-Sarl a rencontré les journalistes dans les locaux de son entreprise sis à Hamdallaye ACI 2000. L’objectif de cette rencontre avec les hommes de médias était d’attirer l’attention de nos autorités sur les agissements de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite au Mali, Khaled MabrukAlkhaled qui cherche à les infantiliser dans le cadre d’un contrat de construction liant l’entreprise EMK-Sarl et l’ambassade. Selon Mady Keita le chancelier Saoudien fait croire aux autorités de notre pays d’un risque d’incident diplomatique entre les deux pays frères. A l’en croire, le conférencier, il n’en est rien. Car, c’est un litige entre une entreprise de droit malien (dont l’Etat malien n’a rien avoir) et les autorités saoudiennes.
Les faits
Dans le cadre de la construction des locaux de l’Ambassade d’Arabie Saoudite dans 15 pays en Afrique, EMK – Sarl a été l’unique entreprise africaine retenue à la suite d’un appel d’offre international, pour la réalisation de la chancellerie et la résidence de l’ambassadeur saoudien à Bamako. Cela suite aux références de l’entreprise EMK qui évolue dans le monde du BTP depuis plus d’une génération et a travaillé avec les grandes puissances comme les Etats Unis, la Grande Bretagne pour ne citer que ceux-ci.
C’est dans ce cadre que le Ministère des Affaires étrangères du Royaume d’Arabie Saoudite a attribué à l’entreprise Mady Keita ce contrat de construction de ses locaux à Bamako. C’est ainsi, que le contrat a été officiellement conclu entre les deux parties en Arabie Saoudite, le 21 novembre 2014 pour une durée de deux ans. Sur fonds propres des autorités saoudiennes d’un montant de plus de 19 millions de dollars américains, soit plus de 11 milliards de F CFA. Une ligne budgétaire est ouverte à cet effet dans une banque en Arabie Saoudite et la caution de garantie ou avance a été versée dans un compte bancaire de l’EMK-Sarl à Bamako de plus de 4 milliards de F CFA. Le payement se passait par rapport à l’évolution du chantier sur la base des factures fournies par l’entrepreneur et validées par le bureau de contrôle saoudien (AICS), désigné à cet effet. L’ingénieur contrôle est venu sur le chantier avec un retard de sept mois selon les dires de M. Keita.
Selon le conférencier, au début des travaux tout se passait bien. Avec l’arrivée du bureau du contrôle et le renvoi par l’entreprise EMK-Sarl de son chef de chantier le libanais, IliasHadan pour faute grave. Toute chose, qui n’a pas été du goût du premier responsable du bureau de contrôle saoudien. Ce qui dénote que le responsable du bureau du contrôle saoudien et IliasHadan était de connivence contre son employeur qui n’est autre qu’EMK-Sarl.
Dès lors, les problèmes ont commencé sur le chantier. Avant, si les factures étaient payées en une semaine après le dépôt par l’entreprise, juste après l’incident susmentionné, les retards de payement ont commencé et le sabotage des travaux par l’ingénieur saoudiens pour faire mal à l’équipe EMK-Sarl afin de les décourager en vue du retrait du marché des mains de l’entreprise malienne.
C’est dans ce contexte, que la 4éme facture va prendre 7 mois avant d’être réglée et la 5éme facture 9 mois. Malgré, ces retards le chantier continuait à la charge de l’entreprise avec toutes les difficultés liées à l’exécution correcte des travaux. Entre temps deux ambassadeurs se sont succédés à la tête de la chancellerie saoudienne entre 2014 et 2020. C’est avec l’arrivée de son excellence, Khaled MabrukAlkhaled que les choses se corsent. Il convoqua deux fois de suite en juillet 2019, l’entreprise EMK et sessous-traitants, leur demanda de résilier le contrat à l’amiable, puis leur ordonna de continuer les travaux tout en refusant de payer les factures selon notre interlocuteur. C’est après avoir commandé et acheté les matériaux de finition (portes et vitres blindées, les carreaux marbre, les faux plafonds, les outils informatiques et robotiques pour la sécurité et les câbles), le tout dans une trentaine de conteneurs venus d’Europe et d’Asie pour la finition des travaux du chantier.
L’ambassadeur fait arrêter le travail à travers un constat d’huissier sans résilier le contrat qui les lie. Il prend tous les conteneurs contenant des matériaux de finition pour les déposer dans la cour de la chancellerie après l’inventaire en présence de l’huissier. Au lieu d’éponger les factures de l’entreprise en souffrance depuis des années et les dépenses allouées au 30 conteneurs, l’ambassadeur KhaledMabrukAlkhaled passe à la vitesse supérieure sommant l’Orabank de restituer la caution de garantie au titre de payement d’avance et la garantie de 5% représentant la valeur du contrat d’un montant de plus de 3 millions de dollars américains. Une injustice qui ne dit pas son nom. Très remonté, par ce manque de considération assimilable à une conspiration, le PDG de l’entreprise EMK-Sarl a saisi le tribunal pour s’opposer tout en demandant une réédition de compte et l’expertise du chantier avant la restitution des cautions bancaires. Selon l’ambassadeur, son pays le Royaume d’Arabie Saoudite est à 70% de payement des montants, alors que le chantier est à 53% d’exécution des travaux. Faux rétorque l’entrepreneur, qui estime être payé à hauteur de 56% alors que 80% des travaux ont été réalisés y compris les matériaux de finition des 30 conteneurs.
Pour l’heure l’affaire est pendante devant la justice les autorités des deux pays sont interpelées face cette situation qui n’honore ni le royaume d’Arabie saoudite, ni la République du Mali.
Vu la bonne relation diplomatique entre les deux pays, les autorités de la transition malienne doivent se saisir de ce dossier pour une issue favorable.