Si l’Interprofession de la filière maïs (Iprofim) est une organisation qui vise à protéger les intérêts des producteurs de maïs, force est de constater qu’elle sert aussi de vache laitière à son président, Bakary Doumbia. Ce dernier, décrié pour la mauvaise gestion de l’Iprofim, lorgne pourtant la présidence de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam).
La filière maïs occupe une place de choix dans l’économie malienne. Elle joue aussi un rôle essentiel dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cette situation se traduit par un potentiel de production assez élevé, l’existence d’un marché dû à une forte demande du produit à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et l’existence de partenaires techniques et financiers prêts à accompagner la filière. Ainsi, pour valoriser cette filière et permettre aux producteurs de mieux profiter du fruit de leur labeur, l’Office des produits agricoles du Mali (Opam) a engagé un vaste programme d’achat institutionnel de 5 000 tonnes de maïs sur toute l’étendue du territoire national, à travers l’Interprofession de la filière maïs. Il s’agissait, pour l’Interprofession, de mobiliser les producteurs de maïs pour fournir cette quantité à l’Opam. Si cette initiative a été saluée par les acteurs du monde de l’agriculture, particulièrement les producteurs de maïs, force est de reconnaître que la gestion de cette opération a été un véritable festival de brigands. L’une des victimes de Bakary Doumbia, président de l’Iprofim, est Sidiki Badian Doumbia, un grand céréalier de son Etat, responsable de la société « Doumbia et fils Sarl ». Il ressort de nos enquêtes qu’après avoir fourni 2 500 tonnes de maïs à Mopti, comme convenu dans le contrat qui le lie à l’Interprofession maïs, le sieur Sidiki Doumbia découvre au moment du payement un impayé de plus de 100 millions de FCFA. Pourtant, l’Opam avait bel et bien réglé la facture de l’Iprofim. Selon une correspondance de l’Opam, adressée au Directeur général de la Banque de développement du Mali (BDM), un ordre de virement de 660 millions a été fait au profit de l’Iprofim pour le règlement de la facture d’achat de 3 000 tonnes de maïs à Mopti. En clair, Sidiki Badian Doumbia n’a reçu que 434 250 000 FCFA au lieu de 545 000 000 FCFA, soit un impayé de 110 750 000 de F CFA.
En outre, le sport favori du président de l’Iprofim reste l’émission de chèques sans provision. Pour le paiement de sa prestation, Sidiki Badian Doumbia en a reçu deux de la part de l’Iprofim. Le premier (Banque atlantique), d’un montant de 466 750 000 de F CFA, a été remis le 21 juillet 2020 ; le second (Banque malienne de solidarité), d’un montant de 32 500 000 de F CFA, fut remis le 7 août 2020.
Au regard de ce comportement, certains observateurs en sont aujourd’hui à se demander si les autorités de tutelle sont informées des manœuvres de Bakary Doumbia qui prétend être aujourd’hui à la présidence de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam).
Il importe de souligner au passage que les comptes de l’Interprofession sont au rouge depuis des années. Pire, les frais de location du siège de l’organisation ne sont pas payés depuis 3 ans, en raison de la mauvaise gestion de Bakary Doumbia. En tout cas, les plus hautes autorités du Mali et les partenaires doivent faire preuve de diligence et tirer au clair cette affaire. Ce, au grand bonheur des acteurs de la filière maïs. IMG