Samedi 27 février 2021, les étudiants de Licence3 Journalisme et Communication de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO-UUBA) se sont rendus au Centre de recherche pour la sauvegarde et la promotion de la culture senoufo de Sikasso et sur la colline du Mamelon pour des visites pleines d’enseignements. Il ressort de ce voyage d’étude dans la cité verte du Kénédougou que le centre Sénoufo de Sikasso souffre d’un manque criard de financement de l’Etat malien.
Les étudiants ont pris part à une présentation du Centre par le responsable du musée, Yaya Elie Bamba, et le coordinateur, P. Bruno Ssennyondo. Le centre a été créé en 2004 par Emilio ESCUDERO, prêtre père blanc, décédé le 02 novembre 2012 à l’âge de 77ans. Il a pour objectif la sauvegarde et la promotion des cultures locales. Il est actuellement piloté par trois entités : Association « Wu niré » qui signifie nos racines, le Diocèse de Sikasso et les Missionnaires d’Afrique. Il aide le monde Senoufo à s’ouvrir davantage à d’autres perspectives socioculturelles susceptibles de contribuer à son rayonnement. Il œuvre pour des rencontres et le dialogue entre différentes expressions culturelles et confessionnelles.
Les objectifs du centre se réalisent à travers plusieurs domaines d’activités avec les sources orales, les sources écrites et de nombreuses visites de terrain. Ils produisent des livres dont les sujets sont divers : le royaume du Kénédougou et sa capitale Sikasso, les Korèdugaw, devinettes et les contes Senoufo etc. Le musée est une des composantes du centre. On y trouve des statuettes de diverses aires culturelles (dogon, bambara, mianka, bwa, etc.), des fétiches, des chaises royales, des escabeaux, une case réservée uniquement aux hommes, des pagnes, des instruments de musique traditionnels et même des lits mortuaires. Tous ceux-ci révèlent l’importance de nos coutumes et traditions.
Selon Yaya Elie Bamba, le centre est confronté à plusieurs difficultés telles que le manque de financement de l’Etat malien, les moyens inadéquats de conservation des collections, le manque de moyen de déplacement et bien d’autres. Bien qu’il soit appuyé par des partenaires pour des projets précis, les besoins sont encore grands.
Après cette découverte du centre Senoufo, les étudiants se sont dirigés vers la colline du Mamelon située en plein cœur de la ville et qui marque l’histoire de Tièba Traoré, ancien roi de Sikasso. La colline du Mamelon a été choisie par Tièba Traoré à son temps parce que c’était un endroit stratégique qui était au départ un monticule qu’il fallait renforcer. La colline du Mamelon à une hauteur estimée à 30m, elle a une circonférence de 461m. Tièba avait initié un travail forcé pour la construction qui a coûté la vie à de nombreux prisonniers de guerre et des paysans senoufo. Sur cette colline, se trouvait un puits ou ils déposaient les munitions en temps de guerre et des objets précieux. La construction fut détruite lors de la prise de Sikasso par les français et c’est là que le premier drapeau français a flotté pour la première fois. La colline a été conçue pour permettre au roi de voir l’étendue de son royaume et d’observer de loin les ennemis tels que la colline de Almami Samory Touré qui était venu en envahisseur pour prendre Sikasso.
Comme il n’avait pas d’alternative pour pénétrer Sikasso, puisque les cinq portes du Tata étaient fermées et il n’y avait pas de solution d’escalader, Samory fit un siège sur une colline derrière la ville de Sikasso. Au départ, il était tout seul, c’est la raison pour laquelle il fut appel à un chef de guerre du nom de Nakanfale Kamara du Mandé qui s’installa aussi sur une autre colline derrière Sikasso. Juste après cet appel, ce dernier est venu s’ajouter à Samory pour la prise de Sikasso. Il prend les devants avec sa troupe.
Les deux passèrent 16 mois de siège sans pouvoir pénétrer la ville de Sikasso, et pendant tout ce temps, il fallait chercher à manger et trouver des voies et moyens pour pénétrer Sikasso, mais ils n’ont pas pu. C’est grâce à Mômô, la grande sœur de Tièba qui a trouvé une stratégie afin de chasser ces deux individus et l’idée a été acceptée par Tièba. Le plan était de cuisiner des plats avec du somnifère pour Nakanfalé et ses guerriers, tout en les sensibilisant que Sikasso était une ville d’hospitalité. Ce qui fut fait. Et une fois endormi, Mômô a amputé la tête de Nakanfalé Kamara et celle de l’un des fils de Almami Samory ainsi qu’un chef de guerre du nom de Kèmè Bourama qu’elle a apportées à Tiéba. Celui-ci les a envoyées à Samory qui comprit aussitôt le message. Il s’affaiblit et arrêta de chercher des solutions pour pénétrer Sikasso. Samory prit la tangente dans une nuit sombre vers Heremakono qui se trouve vers la frontière burkinabé, à 45 km de Sikasso.