Pour restaurer une image de plus en plus écornée par l’urbanisation galopante, les autorités communales de la Cité des 333 Saints exigent un démantèlement sans délai des kiosques et hangars qui encombrent les espaces publics.
Face à la menace de retrait de la ville sainte de la liste du Patrimoine Mondial, la mairie de Tombouctou est déterminée à prendre la bête par les cornes. Il faut mettre de l’ordre dans l’occupation des lieux publics, corollaire de l’urbanisation anarchique et de l’entreprenariat tous azimuts devenu le créneau le plus prisé d’une jeunesse en proie au désœuvrement et à l’oisiveté. Le moindre espace vide, de la servitude des écoles aux artères de voies publiques en passant par cette des cimetières et le bord, est en effet colonisé au profit d’une quelconque activité économique. Le phénomène s’amplifie et prend des proportions assez inquiétantes pour que la mairie, de concert avec les notabilités (chefs de quartier, imams et autres acteurs culturels), tire la sonnette d’alarme sur le risque d’écorner l’image de la ville au point de lui faire perdre son prestigieux statut touristique. Injonction est ainsi faite aux exploitants anarchiques de retirer purement et simplement leurs commerces qui contribuent au décor chaotique de la ville historique. La mesure n’est dirigée contre personne et vise tout simplement à préserver l’image de la ville, a indiqué le maire, dans un communiqué diffusé sur les radios locales, tout en affichant de la fermeté sur le délai butoir pour libérer les espaces, une échéance qui ayant expiré depuis le Mercredi 24 février 2021. Toutefois, l’option coup de poing n’étant pas la mieux indiquée, la municipalité a choisi de jouer jusqu’au bout la carte de l’apaisement. C’est dans cette optique que les différentes parties concernées ont été conviées à des pourparlers sur la problématique à l’effet d’explorer ensemble les modalités du démantèlement «des kiosques et hangars installés tout autour des écoles et cimetières ainsi que les dispositions à prendre pour régulariser la situation de leurs différents détenteurs.
Par-delà les échanges, cette rencontre a donné lieu à une véritable foire d’empoignes où certains administrés ne n’ont pu se passer de relever des incohérences dans les motivations brandies par la municipalité pour justifier leur déguerpissement. «Il est bien de lutter pour maintenir Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial, mais les donneurs de leçon doivent montrer l’exemple. Ce sont les mêmes personnes qui piétinent les valeurs culturelles», a ainsi martelé un des occupants, Bagna Souley Wangara, allusion faite à la réhabilitation du monument «Alfarouk» en fer alors que ce matériau n’a rien à voir avec le patrimoine matériel ou immatériel de la ville.
Les exploitants dans leur grande majorité se disent néanmoins disposés à s’exécuter si les solutions envisagées permettent la reprise de leurs activités génératrices de revenu. Cela passe naturellement par un recensement que nombre participants à la rencontre perçoivent comme la solution la plus satisfaisante.
Albakaye B Cissé