Dans le cadre de la journée internationale des enfants soldats, le comité de Pilotage de la Campagne SWOC « Stop à la guerre contre les Enfants » a animé un point de presse, le samedi 27 février 2021 à la Cité des Enfants de Bamako pour attirer l’attention des décideurs et des parties prenantes au conflit sur la question de recrutements et d’enrôlements forcés/association des enfants dans les conflits armés au Mali. Au cours de ce point de presse, les conférenciers ont souhaité la cessation de cette pratique qui est une violation des droits des enfants.
Dans ses mots de bienvenue, Awa Cissé, ancienne présidente régionale du parlement des enfants de Mopti a fait savoir que ce point de presse rentre dans le cadre de la journée internationale des enfants soldats. Avant d’ajouter que l’objectif de ce point de presse est d’attirer l’attention des décideurs et des parties prenantes au conflit sur la question de recrutements et d’enrôlements forcés/association des enfants dans les conflits armés au Mali. Selon elle, les enfants ont besoin de protection. A sa suite, la secrétaire générale du comité de pilotage, Sira Tounkara, a indiqué qu’en 2002, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant la participation des enfants aux conflits armés est entré en vigueur. Il interdit la participation d’enfants de moins de 18 ans aux hostilités. « Malgré l’existence de ce dispositif juridique, selon le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le sort des enfants en temps de conflit armé, le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats est toujours d’actualité dans une vingtaine de pays, particulièrement sur le continent africain.
La République centrafricaine, République démocratique du Congo, Libye, Mali, Somalie, Soudan, Soudan du Sud ou encore Nigeria, sont des pays où l’on compte de nombreux enfants soldats. Les données fournies par les Nations Unies sur le Mali font état de 150 enfants tués et 75 blessés lors des attaques en 2019, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) est passé de 207 751 personnes en décembre 2019 à 250 998 en avril 2020, soit une augmentation de 43 247 personnes selon les données de la matrice de suivi des déplacements (DTM). Les enfants représentent 58% des Personnes Déplacées Internes et les filles et les femmes 54 % », a-t-elle dit.
Selon elle, les cas d’attaques contre les écoles se multiplient, soit 165 cas, 1344 écoles fermées au nord et au centre, excluant ainsi plus de 400.000 enfants du système éducatif, 8.000 enseignants victimes de l’insécurité. Il est estimé que plus de 377.000 enfants ont actuellement besoin d’une assistance en matière de protection au Mali. « Rien qu’au premier trimestre 2019, 102 enfants, dont 79 garçons et 23 filles, âgés de 12 à 17 ans ont été recrutés dans les rangs des acteurs en conflit au Mali. Parmi ces enfants, 47 ont été tués ou mutilés dans les régions de Mopti, de Gao, de Tombouctou, de Kidal, de Ségou et à Bamako », a-t-elle souligné.
A ses dires, l’une des raisons de ce recrutement d’enfants soldats est la non scolarisation des enfants. « En mai 2020, à un moment où près de 12 millions d’enfants étaient privés d’éducation en raison de la fermeture des écoles pour limiter la propagation du coronavirus, en plus de la crise sanitaire et son corollaire de rupture éducative, la pauvreté, l’aggravation de la crise sécuritaire ayant forcé plus de 137 000 enfants au Mali à fuir leur localité en 2019, sont parmi tant d’autres facteurs qui poussent les enfants dans les mains de leurs bourreaux qui les utilisent, non seulement comme combattants, mais aussi et surtout comme espions, messagers, porteurs, cuisiniers ou chargés de nettoyage », a indiqué SiraTounkara.
Le coordinateur de la Campagne SWOC, Cheick Ahmed Tidiane Diarra, membre de Save the children, a mis l’accent sur les activités effectuées dans le cadre de cette campagne tendant à faire respecter les droits des enfants au Mali. Il a lancé un cri de cœur aux groupes armés, aux forces armées d’épargner les enfants lors des conflits armés. « On ne veut plus entendre d’enfant soldat au Mali, leur place, c’est à l’école », a-t-il conclu.