Au moins 20 morts suite à trois attaques successives dans des situations presque similaires… Au-delà du constat d’une insécurité désormais sans limite ni frontière, l’on retiendra une défaillance regrettable et combien déplorable de notre système sécuritaire et surtout un manque total de réalisme de la part des autorités politiques et militaires de la Transition.
D’abord cette certitude : ce n’est pas en vain que nos soldats tombent en ce moment sous les balles ennemies. C’est justement parce qu’ils se battent, qu’ils résistent et qu’ils meurent tous les jours que le pays existe encore là, débout. Nous leur devons donc une fière chandelle. Il est faux, voire insultant et démoralisant de dire que nous avions perdu la guerre d’où la nécessité de négocier le couteau sous la gorge.
Si guerre nous avions effectivement perdue, les vainqueurs auraient, à l’heure actuelle, imposé leurs lois comme ils l’ont déjà fait dans les régions tombées sous leur giron en 2012. Il est cependant évident que le pays subit une forte pression à l’heure actuelle. L’ennemi aussi d’ailleurs. Mais à la guerre comme à la guerre ! Tant pis pour le premier à craquer.
Alors, que les Morts reposent en paix, prompt rétablissement aux blessés et courage aux Vivants !
Pour autant, trois attaques visiblement planifiées dans trois régions dans un intervalle régulier de trois jours ayant fait chacune plus d’une trentaine de victimes et de nombreux dégâts matériels, laissent perplexes et suscitent de nombreuses interrogations.
Nous avions, dans ces mêmes colonnes, longuement critiqué la hiérarchie lors de la chute de OGOSSAGOU (1 et 2), DIOURA et SOBADANI… Mais ce qui se passe aujourd’hui n’a rien à envier à ces localités sur le plan purement militaire. Il s’agirait d’un véritable scandalemilitaire.
La Transition, majoritairement composée de militaires et avec la militarisation à outrance de l’administration en l’occurrence, doit s’expliquer. Il a fallu moins que cela (Bandiagara, Hèrèmakono et San) sous IBK pour susciter la grogne populaire et une instabilité politique qui aura finalement raison du régime politique en place…
Tout se passe aujourd’hui comme si personne à Heremakono et San, n’a appris la moindre leçon de la première attaque (Bandiagara). Pour un pays en état de guerre… Hum ! L’on constate que l’assaillant, dans les trois cas, est arrivé pendant le même intervalle de temps (entre 19h – 00h). Il a tué, saccagé et s’en est allé.
Aussi, Bandiagara ou pas, au regard de la situation d’urgence imposée de fait au pays, toute unité, brigade, commissariat, entre autres, doit être en tout temps et en tout lieu, être en position de combat. Mais il est tout simplement regrettable que les nôtres se fassent régulièrement surprendre. Pourquoi donc ? La hiérarchie seule n’est pas interpellée. Les hommes et femmes sur le terrain doivent également s’interroger.
L’on en saurait éternellement attribuer les défaillances à la hiérarchie, au manque de matériels, au non-paiement de primes, entre autres motivations. La guerre est d’abord et avant tout une question de survie personnelle avant d’être celle de défense du territoire et de la Nation. La troupe au sol et sur le terrain doit donc se sentir interpellée.
On a ouï dire par le Premier Ministre de la Transition dans son fameux Plan d’Action du Gouvernement, qu’il faille dialoguer. Négocier ? Oui, mais avec qui ? Ces auteurs des attaques de Bandiagara, Hèrèmakono et et San ?
Il est évident que les ces assaillants ne donnent aucune chance à la paix en procédant de manière répétitive aux attaques sanglantes. Un message se cache visiblement dans ces offensives meurtrières. Il ressemble à ceci : «pas de répit, pas de paix. Seulement la reddition et rien d’autre !».
Et le choix de leurs cibles est très parlant : Tous les symboles attaqués représentent l’Etat du Mali. Aucun objectif civil ! Le clin d’œil à l’endroit des populations civiles est donc évident. Elles constituent (les populations) manifestement l’enjeu.
Il est dommage que rien ne soit entrepris à l’heure actuelle par Bamako, pour réduire le fossé existant désormais entre l’Armée malienne et la population de manière générale. Tenez par exemple : les fêtes du 20 Janvier et 22 Septembre sont devenues purement et exclusivement militaires, les populations civiles étant de facto exclues, ne se sentent plus concernées et ont tendance à se replier sur elles-mêmes; le coup d’Etat militaire du 18 Août 2020 a engendré le règne des Colonels et amoindri la représentativité et le rôle des politiques assimilés dans certains cas, à des apatrides; la militarisation de l’administration publique a accentué la méfiance… Bref, le fossé entre populations civiles et militaires est en train de s’élargir. Et ceci, loin d’une bonne nouvelle, arrangerait plutôt les affaires des assaillants qui perçoivent là un potentiel allié.
Aussi, l’on constate d’ores et déjà que les attaques pourtant meurtrières et systématiques sont accueillies dans l’indifférence presque totale des populations civiles de façon générale. Elles semblent avoir perdu foi en certains militaires qui ont visiblement dilapidé le capitale de confiance que les Maliens, dans une écrasante majorité, vouaient au Soldat et au «Porteur d’uniforme» malien en général. Hélas !
Force est de reconnaître que les autorités politico-militaires de la Transition pèchent en ce moment en maints endroits et ne donnent nullement l’impression d’être conscients du péril qui se dessine. Les attaques à Bandiagara, Hèrèmakono et San semblent en être des signes annonciateurs.