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L’Indicateur Renouveau N° 1565 du 30/8/2013

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Dioncounda et l’après transition : La hantise des conséquences d’une gestion calamiteuse.
Publié le vendredi 30 aout 2013  |  L’Indicateur Renouveau


© aBamako.com
Conseil des Ministres du 1er aout 2012
1 er aout 2012. Koulouba. Premier Conseil des Ministres présidé par le Président de la Transition Dioncounda Traore


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Le Mali s’apprête à changer de gouvernant. La prestation de serment du président de la République élu, Ibrahim Boubacar Keita, est prévue ce 4 septembre 2013. Elle est synonyme de passage de témoins entre une équipe légitime et une autre qui était là par accident. Il s’agit là naturellement d’un moment plein d’émotions pour les uns et d’amertumes pour les autres dans l’histoire d’un pays meurtri par une crise sécuritaire et institutionnelle sans précédent.
Dans sa parution d’hier, le confrère l’Essor (quotidien national public) relate le climat lourd qui prévalait dans les allées du Palais de Koulouba le mercredi passé à l’occasion du conseil des ministres présenté comme le dernier d’une équipe qui a dirigé le pays depuis 18 mois.
Selon le confrère, le président par intérim a serré la main à ses proches collaborateurs, aux membres du gouvernement et même aux gardes de corps présents à l’occasion. Quoi de plus normal à première vue ? Mais, la curiosité est que le Chef de l’Etat, qui se projetait déjà dans le court terme, a répété ce geste aussi bien à l’entrée qu’à la sortie de la salle de conseil. Comme le dit bien l’adage « le diable est dans les détails ».
Ainsi, la série de questions que les confrères avaient préparée à cette occasion dans l’optique d’un bref échange avec le président par intérim, s’est avérée caduque. Car, au finish, l’intéressé n’était plus disponible à répondre aux questions de journalistes, sur conseils de ses collaborateurs, apprend-on. On pourrait trouver d’autres explications à cette esquive (drible) présidentielle. Car, il n’est jamais prudent de « s’exposer dans la presse » surtout lorsqu’on est à la sortie d’une fonction que l’on a obtenue uniquement par des concours de circonstances malheureuses et chaotiques.
Ceci explique certainement cela. L’atmosphère ne devrait pas être bon enfant à ce conseil des ministres précédant la remise d’un pouvoir illégitimement acquis à une autorité proprement élue dans quelques jours. En plus de son illégitimité, quel bilan pourrait-on raisonnablement faire de cette transition ? C’est vrai qu’elle a réussi tant bien que mal à exécuter les deux principales missions qui lui avaient été confiées aussi bien dans l’Accord Cadre du 6 avril 2012 que dans la Feuille de route du gouvernement de transition adoptée par l’Assemblée nationale le 29 janvier 2013.
S’il est établi que le Nord du pays a été libéré ( ?) grâce à l’intervention de l’armée française, quelle fierté peut-on aujourd’hui avoir d’être citoyen d’un pays entièrement sous tutelle de la communauté internationale ? Excepter le fait d’avoir appelé la France au secours du Mali le 10 janvier 2013 après que le dernier verrou stratégique de Konna ait sauté sous le pilonnage intensif de la horde de terroristes, quel autre acte significatif peut-on mettre à l’actif de Dioncounda et de son gouvernement ? Pas grand-chose ! D’aucuns seront tentés de brandir l’organisation réussie ( ?) de l’élection présidentielle à deux tours. Mais ce serait faire preuve de mauvaise foi que de taire les conditions chaotiques dans lesquelles ces scrutins se sont tenus.
En effet, comment ignorer toutes ces lacunes, ces tares et insuffisances inimaginables dans une vraie démocratie qui ont émaillé l’organisation de la présidentielle de 2013 ? Ne pas le reconnaitre équivaudrait à ne pas rendre service au Mali et sa démocratie en construction. A l’analyse de ce qui s’est passé et aux résultats définitifs proclamés à l’issue de ce scrutin, l’on est en droit de se demander si tout cela n’était pas prémédité, donc fait à dessein pour rendre la tache encore plus compliquée aux nouvelles autorités qui devraient par la suite prendre les rênes de l’Etat.
Un aspect dans lequel cependant le gouvernement de transition a excellé de façon ostentatoire, ce sont les bruits de casseroles relatifs à des affaires de marchés pour les moins obscures et suspects. Ça, au moins, les observateurs sont unanimes là-dessus, il y en a eu à la pelle pendant ces 18 mois de transition.
Ce tableau déjà suffisamment sombre a été davantage noirci par des décisions illégales, illégitimes et forcément impopulaires qui ont jalonné cette période de triste mémoire pour le peuple malien. Il s’agit entre autres, des distributions de grades de façon indue à certains officiers parmi lesquels on retrouve les principaux auteurs du coup d’état du 22 mars ou des policiers présumés proches de l’ex- junte ; la décision de radiation de l’armée d’éléments des Bérets rouges pour des raisons ( ?) d’indiscipline ( ?) ; la nomination à titre exceptionnel de la fille du Premier Ministre, Django Sissoko, dans un Consulat du Mali à l’étranger ; la décision de radiation (heureusement annulée par la Cour Suprême) de plus de 250 agents de la fonction publique ; les multiples entraves faites à la justice dans des affaires d’enlèvements, de séquestration et de torture à l’encontre de journalistes, d’hommes politiques et de militaires notamment de Bérets rouges ; l’humiliation de l’ex Premier Ministre Cheick Modibo Diarra débarqué de ses fonctions entre 2 heures et 4 heures du matin, sont autant d’actes qui affectent sérieusement la crédibilité du régime de la transition.
La liste est longue et assurément pas honorable, à fortiori être rassurante quant à une retraite paisible et méritée pour Dioncounda et certains acteurs de la transition.
Pour assombrir davantage l’avenir du président par intérim, ses « amis » du FDR viennent de lui rappeler, de façon on ne peut plus claire, leur état d’âme, fait de colère et d’amertume. En effet, dans une lettre ouverte récemment diffusée par voie de presse, les responsables du front anti-putsch lui reprochent « son ingratitude » et « son irresponsabilité » par rapport aux actes illégaux et illégitimes qu’il a posés depuis son investiture à la tête de l’Etat le 12 avril 2012 grâce aux efforts conjugués des défenseurs de l’ordre constitutionnel et de la communauté internationale. Pour ne rien arranger, beaucoup de compatriotes le soupçonnent d’être derrière la liquidation de ce qui restait encore du parti, l’Adema PASJ, dont il demeure toujours le président.
Au moment donc où il s’apprête à céder le pouvoir à celui qui l’a conquis de haute lutte et de façon démocratique, Dioncounda ressemble beaucoup plus à un homme esseulé malgré le forcing fait récemment auprès de certains Chefs d’Etat de la sous-région sous prétexte de les décorer « pour services rendus à la nation malienne ».
A l’analyse des images diffusées de ces cérémonies de décoration, à part le Président Yayi Boni du Bénin, ni Goodluck Jonathan du Nigéria, ni Blaise Compaoré du Burkina Faso, n’ont exprimé outre-mesure une fierté particulière à recevoir une telle distinction d’un « homologue » qui, visiblement avait déçu plus d’un dans l’accomplissement de la mission que la communauté internationale lui avait confiée sur l’insistance de ses pairs de la sous-région.
Voulant probablement plaire à tout le monde, Dioncounda a finalement pactisé avec le diable. Ainsi, en plus d’avoir perdu ses « amis » d’hier, il ne s’en est pas fait de nouveaux. Dans ces conditions, il n’est pas certain que beaucoup regrettent son départ, si on ne s’en réjouit pas d’ailleurs.
Malheureusement, en plus d’avoir désormais son nom inscrit en lettres d’or au palmarès des « Records Guinness » pour avoir été le seul président de la République à être extirper de son bureau au Palais présidentiel et copieusement passé à tabac par une bande de badauds en furie, voilà que notre homme à l’écharpe blanche doit se préoccuper d’un avenir assombris par des nuages épais annonçant un temps plus ou moins orageux.
« Qui sème le vent doit s’attendre à récolter la tempête » dit l’adage !

Bréhima Sidibé

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