Ousmane Sonko est un homme politique sénégalais. Il est le président du parti Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) et est député depuis juillet 2017.
Naissance et cursus universitaire
Ousmane Sonko naît le 15 juillet 1974 à Thiès, de parents fonctionnaires. Il grandit principalement en Casamance puis effectue ses études supérieures à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, où il obtient une maîtrise en droit public en 1999. Il entre ensuite comme major à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal. En 2001, il sort diplômé de l’ENA, section « Impôts et Domaines » et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine. En 2003, il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en finances publiques et fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il est aussi titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances Publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF) et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III.
Carrière professionnelle
Ousmane Sonko a débuté sa carrière comme Inspecteur principal des Impôts et des Domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il était auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la DGID.
Trois ans après son entrée dans l’administration, il crée le Syndicat Autonome des Agents des Impôts et Domaines (SAID) dont il est le premier secrétaire général d’avril 2005 à juin 2012, avant de devenir Secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2016. À cette période, il commence à critiquer le gouvernement et accuse l’Etat d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause le président Macky Sall. Suite à cela, il est radié par le décret N°2016-1239 de l’Inspection générale des impôts et domaines en août 2016 pour manquement au devoir de réserve. Cet épisode largement relayé par la presse sénégalaise a permis de révéler Ousmane Sonko au grand public. En novembre 2017, il crée son cabinet Atlas.
Carrière politique
Président du parti politique Pastef créé en janvier 2014, il est élu député à l’Assemblée nationale du Sénégal aux élections législatives de 2017.
En janvier 2018, il sort le livre Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation où il accuse le président et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du pays.
Candidature à l’élection présidentielle de 2019
Le 16 septembre 2018, il publie un livre programmatique, Solutions, dans lequel il livre un diagnostic des problèmes sociaux et économiques du Sénégal, déclinant ses propositions. Sa candidature à l’élection présidentielle est validée en janvier 2019.
La montée du leader du Pastef s’est internationalisée avec sa tournée dans la diaspora. Les Sénégalais répondent présents en investissant pleinement les salles. Dans son discours, il étaye les maux qui gangrènent le Sénégal et le système politique qui paupérise la population.
Il termine à la troisième place de l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec plus de 687 000 voix soit 15,67 %, derrière le président sortant Macky Sall et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.
Affaire judiciaire
Dépôt de plainte
Dans la nuit du 2 au 3 février 2021, Adji S., une femme de 20 ans employée d’un salon de beauté, dépose plainte contre Ousmane Sonko pour « viols et menaces de mort » devant le commandant de la brigade de recherches de la gendarmerie de Colobane, à Dakar. Elle l’accuse notamment de l’avoir violée à quatre reprises, la dernière datant de la nuit de son dépôt de plainte
Celui-ci répond en niant ces accusations sur son compte Twitter et en dénonçant un « complot » et une « tentative de liquidation politique » de la part du président Macky Sall, destinée, selon lui, à porter atteinte à son éventuelle candidature aux élections présidentielles de 2024. Il confirme cependant avoir été client du salon de beauté où travaille la plaignante pour des massages du dos, tout en affirmant s’être assuré deux personnes étaient toujours présentes durant les massages.
Levée de l’immunité parlementaire
Au Sénégal, les députés ont voté, à une large majorité le 26 février 2021, la levée de l’immunité parlementaire de leur collègue, l’opposant Ousmane Sonko. Celui-ci est visé par une plainte pour viol et menaces de mort déposée par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser. La levée de son immunité ouvre la voie à la tenue d’un procès.
Une accusation qui va être appréhendée par l’opinion comme étant crapuleuse, dans laquelle, on a envie de mouiller Ousmane Sonko. Parce qu’on enclenche donc une procédure judiciaire qui va maintenir un opposant sérieux dans une sorte de saga politico-judiciaire.”
La séance plénière, qui s’est déroulée à huis clos en raison de la pandémie de coronavirus, a été émaillée de joutes tendues entre la majorité et l’opposition. Quatre-vingt-dix-huit députés ont voté en faveur de la levée de l’immunité d’Ousmane Sonko, un a voté contre et deux se sont abstenus. Les députés de l’opposition ont quitté la salle avant le vote.
Arrestation
Ousmane Sonko est convoqué par un juge d’instruction le 3 mars. Après avoir initialement annoncé qu’il ne se rendrait pas à cette convocation, il s’y résout finalement tout en affirmant ne « pas faire confiance à la justice » et en appelant ses soutiens à rester mobilisés.
Suite à cette convocation, il est placé en garde à vue pour troubles à l’ordre public après s’être rendu en cortège au tribunal — en dépit de l’interdiction des rassemblements édictée à cause du Covid-19 — et avoir refusé de suivre l’itinéraire fixé par les autorités. Il doit être convoqué à nouveau devant la justice le 5 mars.
Manifestations
Cette arrestation provoque des heurts le jour-même, notamment des échanges de jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes entre des groupes de jeunes et la police. Des pillages de magasins sont également rapportés.
Des manifestions ont lieu le lendemain, entrainant de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Un homme de 20 ans, Cheikh Coly, meurt pendant une de ces manifestations à Bignona. Le directeur d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, exige « une enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances [de ce] décès » tandis que le gouvernement « condamne fermement les actes de violence, les pillages et destructions ».
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel annonce suspendre pour 72 heures, à partir du 4 mars à 17 h, le signal de deux télévisions privées, Sen TV et Walf TV, après les avoir précédemment mis en garde contre la diffusion de contenus faisant « explicitement ou implicitement l’apologie de la violence ».
Ousmane Sonko accuse le président Macky Sall d’avoir monté une affaire de mœurs pour ruiner ses projets pour la présidentielle de 2024. “Si Macky Sall veut me liquider, il devra, pour une fois, accepter de se salir les mains”, a-t-il déclaré le 25 février 2021 lors d’une conférence de presse à Dakar, en précisant qu’il ne répondrait pas aux convocations du juge malgré la levée de son immunité parlementaire.
D’autres acteurs politiques, notamment de l’opposition, ont déjà été impliqués dans des Diémres politico-judiciaires, ajoute , qui cite Karim Wade, le fil de l’ancien président Abdoulaye Wade, ou l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, ainsi qu’Idrissa Seck.
Pape Ibrahima Kane, chercheur en charge des questions régionales à l’Osiwa (Open society initiative for West Africa), basé à Dakar, relève quelques indices accréditant la thèse d’une politisation de l’affaire Sonko.
“La gendarmerie, qui avait reçu la plainte, avait décidé de convoquer M. Sonko, malgré son statut de député de la République, qui exige que son immunité soit levée pour qu’il puisse répondre à la convocation de la gendarmerie. Finalement, la gendarmerie a renoncé à sa requête et une demande formelle du ministre de la Justice a été adressée au Parlement qui, finalement, vendredi dernier, a levé l’immunité parlementaire de M. Sonko”, soutient le chercheur.
Répercussions en Casamance
Une éventuelle condamnation pourrait également d’avoir des répercussions dans sa région : la Casamance, indique Ahmed Diémé. À l’en croire, “cela relancerait forcement les origines ethniques et régionales d’Ousmane Sonko. Ça va relancer certainement le nationalisme casamançais et puis le sentiment de ne pas appartenir à une même nation, chez bien de Casamançais qui avaient commencé d’une certaine manière à espérer voir, enfin, un de leur enfant appartenir à l’élite qui puisse assumer des fonctions régaliennes dans ce pays.”
La plaignante a déjà été entendue par le juge d’instruction. Désormais, le président du parti Pastef pourrait être convoqué à son tour.
Le viol ayant été criminalisé en 2020 au Sénégal, une condamnation d’Ousmane Sonko le priverait de ses droits civils et politiques et le rendrait donc inéligible à toute fonction élective, notamment à l’élection présidentielle de 2024, pour laquelle, il compte parmi les favoris, surtout si le président Macky Sall ne brigue pas de troisième mandat.