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Les Femmes engagées dans le Maintien de la Paix au Mali par le Royaume-Uni
Publié le lundi 15 mars 2021  |  MINUSMA
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© Autre presse par DR
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les femmes officiers déployées par le Royaume-Uni au sein de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), méditent sur l’éloignement consécutif à leur engagement au service de leur pays.

« Lorsque j’ai annoncé mon déploiement au Mali dans le cadre d’une mission de maintien de la paix de l’ONU, beaucoup de mes amies ont réagi en avouant qu’à ma place et étant épouses ou mères, elles ne pourraient pas partir. Sur le coup, j’ai pris leur réaction comme une critique, puis je me suis vite rendu compte qu’en fait, elles me faisaient un compliment », explique le Commandant Amelia Morissey, membre du contingent britannique des LEGAD (conseillère juridique opérationnelle), et LEGAD temporaire dans le secteur Est.
Ces réactions au sein de son cercle social n’ont rien d’inhabituel. L’armée est encore et peut-être plus que n’importe quel autre, un secteur largement considéré comme étant majoritairement masculin. Divers stéréotypes inspirés par certaines valeurs culturelles et religieuses, n’en ont historiquement fait un environnement particulièrement propice à l’intégration des femmes. Cependant, le vent semble vouloir tourner, lentement mais sûrement, comme en témoignent l’augmentation du nombre de femmes dans les forces armées, ou la volonté délibérée dont font preuve des gouvernements comme celui du Royaume-Uni, pour signifier leur soutien manifeste en la matière.
Certes l’armée est une voie difficile. Elle l’est encore plus quand il s’agit de partir en mission à plusieurs milliers de kilomètres du foyer familial. Le Commandant Morissey n’en exprime pas moins sa reconnaissance. « Le déploiement est à la fois un défi et un privilège. Bien évidemment, je souffre de devoir quitter mon mari et mon petit bonhomme de trois ans, mais nous avons beaucoup de chance de pouvoir vivre cet éloignement à une époque où nous pouvons nous parler et échanger, par la poste ou par l’Internet, avec nos proches restés chez nous. C’est vrai, nous manquons inévitablement des jalons importants comme Noël, les anniversaires et autres dates commémoratives pour n’en citer que quelques-uns. Mais cette situation nous apprend également à être reconnaissantes et à vraiment apprécier les moments passés avec nos êtres chers » ajoute-t-elle.
Pour le Capitaine Elizabeth Mather, fonctionnaire de l’information du contingent et conseillère en sécurité humaine, bien qu’il soit difficile d’être loin de chez soi, cet éloignement peut être un avantage en termes de concentration. « Servir en qualité de casque bleu de l’ONU, en contribuant à la sécurité pour faciliter la transition vers un avenir plus pacifique et plus prospère, est un honneur. Mais cette responsabilité ne manque pas de défis. Ils peuvent parfois être très accaparants, quand les impératifs changent ou quand un imprévu exige une intervention immédiate. Dans ces moments-là, être loin de chez soi est utile. Nous évitons le sentiment de culpabilité souvent associé à la nécessité de se concentrer exclusivement sur la tâche à accomplir, d’avoir à prendre pour acquis nos êtres chers. Et pourtant en même temps, être loin de sa famille, de ses amis, du système de soutien qu’ils représentent, a tendance à rendre ces périodes plus difficiles. »
Au début de décembre dernier, la contribution initiale du Royaume-Uni à l’opération de maintien de la paix MINUSMA dirigée par les Nations Unies, soit 300 soldats, est arrivée au Mali. La force opérationnelle britannique apporte une capacité de reconnaissance hautement spécialisée, effectuant des patrouilles de collecte de renseignements et échangeant avec la population locale pour aider l’ONU à réagir aux menaces de l’extrémisme violent.
Sur le plan personnel, être en déploiement loin de sa famille peut être une épreuve difficile. « C’est là où des proches compréhensifs et des collaborateurs partageant le même esprit pour atteindre le même objectif commun, rendent les moments difficiles plus faciles à gérer. Pouvoir compter sur une communauté qui vous soutient et vous rappelle que vous faites un travail utile, aide à tout mettre en perspective », explique le Capitaine Mather.
Le Commandant Morissey avoue également qu’elle n’aurait pas pu le faire sans le soutien de son mari. « J’ai la chance de pouvoir participer au déploiement dans le cadre d’une mission intéressante pour un avocat, tout en étant soutenue par ma famille qui me donne la possibilité de le faire. Mon mari étant aussi soldat, il comprend mieux que quiconque l’émotion et les rencontres qu’engendre un tel déploiement. Curieusement, il a trouvé mon déploiement instructif dans la mesure où tout le monde lui demandait comment il allait gérer son rôle de parent et un travail très prenant pendant mon absence. Il pense qu’il est rare qu’une femme ait à répondre à ce genre de questions quand son mari part en mission. Tout le monde s’attend à ce qu’elle se débrouille, point final. Et c’est précisément ce qu’il a fait. Je n’enlève rien à ses efforts. Je ne pourrais pas faire mon travail et lui consacrer le temps nécessaire sans son soutien. »
Dans le cadre du thème #ChooseToChallenge de cette année, ces deux femmes avouent qu’être expertes dans leurs domaines est un excellent moyen de développer l’assurance nécessaire pour le faire. Mais qu’en pense le Commandant Morrissey ? : « C’est une affaire d’application et de crédibilité. Quand votre réputation est construite sur ces bases, contester ne pose plus de difficulté. Dans mon rôle d’avocate, je suis supposée contester les hypothèses, les déductions, les décisions. Je peux être amenée à demander aux chefs de revoir leurs plans ou leurs décisions. Je dois être prête à leur dire qu’une ligne de conduite particulière est à déconseiller. Ce n’est pas toujours facile, surtout si le conseil donné est impopulaire et va à l’encontre de ce qui pourrait être facile ou souhaitable. J’en reviens cependant à la nécessité d’être appliquée et crédible. Rester fidèle à ces bases permet de pouvoir contester de manière juste. À votre interlocuteur ensuite de réagir comme il se doit. »

La réponse du Capitaine Mather semble partir d’un sentiment similaire : « étant experte en la matière dans mon rôle au sein du contingent britannique de la MINUSMA, je n’éprouve aucune difficulté particulière à contester les suppositions pendant la planification des opérations et à suggérer des lignes de conduite différentes. En tant que conseillère de la sécurité humaine du groupe opérationnel, un de mes rôles consiste à veiller à ce que nos patrouilles et notre présence protègent la population locale, sans conséquences ou préjudices accidentels. Il m’arrive donc parfois d’avoir à expliquer pourquoi une idée qui paraît devoir soutenir les communautés locales, risque en fait d’avoir l’effet contraire. C’est ainsi que, par exemple, approvisionner une clinique en fournitures médicales pourrait indirectement soumettre son personnel à une campagne d’intimidation, sous prétexte de rapports présumés avec les casques bleus. »
Elle avoue également qu’il lui a fallu s’habituer à cette situation : « remettre en question les personnes et perspectives en milieu professionnel ne me vient pas naturellement. Étant souvent conditionnées dès la naissance pour être conciliantes et non conflictuelles, les femmes sont obligées d’apprendre à contester. Avec le temps, j’ai pu me rendre compte qu’une personne qui maîtrise son sujet et sait justifier ses arguments, trouve toujours des personnes prêtes à écouter ses suggestions. Et même si elles ne mettent pas toujours en pratique votre conseil, il est important de ne pas le prendre mal en se rappelant que peut-être, vous n’étiez pas au courant de la situation ou de ses conséquences plus générales. Restez positive, réfléchissez aux arguments ou perspectives d’autrui et défendez vos convictions. C’est difficile et cela demande de l’entraînement, mais c’est primordial. »
Ci-dessous : le Capitaine Elizabeth Mather ; fonctionnaire de l’information 7 Sécurité humaine





Photo ci-dessous : Lieutenant-Colonel De Maria, chef de l’équipe de traumatologie.



Photo ci-dessous : Sergent-chef Turnbull
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