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Politique : Ces guignols maliens
Publié le mercredi 17 mars 2021  |  Mali Tribune
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse du ministre des Maliens de l`extérieur
Bamako, le 4 février 2019 le ministre des Maliens de l`extérieur Yaya Sangaré a tenu une Conférence de presse
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Il y a des comportements qui suscitent des interrogations sur la nature exacte des hommes qui se retrouvent malencontreusement à des niveaux de responsabilité insoupçonnée du pays, à un moment donné de l’histoire. De plus en plus, des individus envahissent notre espace politique en y semant, par ignorance ou à dessein, la confusion et la division qui ne font honneur à personne dans notre pays. Qui sont-ils donc pour faire autant de bruits et ébranler ainsi les démocrates et les républicains sincères ? Ils croient tout savoir, alors qu’ils croupissent dans la médiocrité; ils sont suffisamment habiles pour cacher leur faiblesse dans l’ostentation. Leur parcours est plein d’inconstance et de complexité inqualifiables. Ces guignols se recrutent un peu partout dans le pays (politique, religieux, société dite civile et… que sais-je encore). De véritables pollueurs de la vie nationale.


La vie socio-politique au Mali se serait-elle résumée à la lutte entre le vice et la vertu, (du reste, une vertu partagée, de nos jours, par une infime minorité silencieuse, les sans-voix) contre la décadence, la compromission d’une certaine caste « politique » ou, du moins, par ceux qui se sont autoproclamés porte-paroles du peuple sans en être mandatés, pour avoir eu l’indécence d’écraser toutes nos valeurs positives ? Tout laisse à le croire, tant les déviances sont courantes chez certains énergumènes par rapport à nos valeurs de dignité, d’intégrité morale et de respect de soi.

Comme l’a dit Charles Dubois, ” L’ingratitude est la fille d’une âme basse, égoïste et méchante.”

Au Mali, l’espace politique n’est plus aujourd’hui qu’un spectacle pour divertir le peuple. Car l’essentiel est ailleurs : c’est le “Pouvoir du Jour” qui fait la promotion de qui il veut et définit ce qui lui paraît être le “ bien commun “ et le “bien privé”. Tous les moyens sont utilisés pour parvenir à ses fins, pour garder le pouvoir, malgré et contre les gens qui le subissent. Avec le spectacle donné aux Maliens, ces derniers temps, on est en droit de s’interroger en ces termes : que signifie, aujourd’hui, faire de la politique ? Est-ce vraiment ce que font certains de nos hommes et femmes publics, à savoir gesticuler à tout va, en cherchant à flairer dans quel sens souffle le vent de la prétendue opinion publique ? Occuper l’espace politique se résumerait-il à savoir bien vociférer et à lire, dans l’esprit du prince du jour, certains sondages d’opinion souvent téléguidés ?

La plupart des hommes qui se sont invités sur la scène politique ont un problème de crédibilité « politique » qui résulte d’une panne de loyauté et de dignité, d’arguments cohérents, structurés. C’est le message, en tout cas, que ne cesse d’envoyer aux électeurs, certains de ces apprentis politiques, de fora en fora. Quoi qu’il arrive, nombreux d’entre eux n’ont plus de conviction et rien de solide ni de durable ne peut se construire avec eux. Car ils ne croient en rien… même pas en leurs propres étoiles qu’ils voient filer comme des étincelles pétillantes…

La roublardise prend une telle importance dans notre société qu’elle a tendance à devenir le seul ascenseur social. Selon Aristote, l’Homme est un animal politique. Au Mali, ceux qui s’y sont invités avec malice, voulant manipuler les populations crédules, sont devenus des bêtes sauvages féroces. Ils ont failli, en ce sens qu’ils ne sont pas des modèles identificatoires. Au contraire, ils sont portés sur l’argent, les plaisirs éphémères, l’intérêt personnel, le pouvoir éphémère. Leur corps est constitué d’une langue mielleuse et d’un cœur en roc. Ils sont impitoyables malgré leur apparence inoffensive.

Voilà des hommes qui ont bénéficié et qui bénéficient toujours des largesses de leurs mouvements ou associations mais qui, sans état d’âme, trahissent lesdites organisations dès que le vent tourne. Tout cela, au mépris de l’effort déployé par les nombreux et fidèles partisans à qui ils doivent leur ascension. Et ceux qui veulent gouverner le Mali, actuellement en perte de repères, seront bien inspirés de craindre et de prévenir la colère du peuple.



L’ingratitude n’est pas une valeur

La plupart des gens sont de plus en plus attirés par le pouvoir. Le pouvoir social, le pouvoir de l’argent, le pouvoir au sein d’un parti, d’une organisation sont les formes les plus popularisées de pouvoir dans nos sociétés modernes. Et, également, l’histoire, entrecoupée de guerres horribles et sanglantes, nous rappelle que cette forme dévoyée de faire la politique est responsable des pires atrocités que l’humanité ait connues. Ainsi, les guerres résultent presque directement et principalement de la division des territoires en entités particulières, en groupes communautaires, en groupes de pensée qui ne se rencontrent jamais que dans les conflits d’intérêts limités et fragmentés.

II y a quelques décennies, lorsqu’on adhérait à une organisation de son choix, on s’engageait pleinement en faisant abstraction des considérations personnelles et, en retour, on bénéficiait de la fraternité militante. On peut affirmer que le dévouement des adhérents était acquis, à chaque épreuve décisive. Malheureusement, c’est devenu la règle dans les organisations maliennes, on se retourne toujours contre ses anciens amis/alliés.

Toutefois, chacun de nous doit savoir que le peuple a toujours le dernier mot. Comme on le dit, la souveraineté appartient au peuple. Les Maliens regardent et scrutent le comportement de tous ceux qui parlent et agissent en leur nom. Ils finiront par retirer leurs faveurs aux traîtres et aux ingrats car ils sont de plus en plus convaincus que l’ingratitude à l’égard des organisations qui les ont propulsé sur la scène nationale, sera certainement la récompense de leurs nouveaux alliés. Les Maliens doivent méditer sur cette citation de Hyppolite de Livry « L’ingratitude n’est qu’une bassesse quand elle s’en tient à elle-même, c’est-à-dire, au défaut de reconnaissance ; mais elle acquiert un caractère odieux, atroce, épouvantable, inconcevable, indéfinissable, quand de son état passif elle passe à un état hostile ».

À dire vrai, l’ingratitude ne saurait être une valeur ; au contraire, elle est une véritable anti-valeur, car elle divise les familles et ronge les sociétés. Il est de notoriété publique que certains manifestent leur ingratitude à ceux qui, par le passé, leur ont rendu d’énormes services.

En observant les organisations dans notre pays, notamment socio-politiques, les institutions administratives, les religions… on se rend compte que l’ingratitude est source de bien des divisions. Autrement dit, les divisions peuvent naître du manque de reconnaissance vis-à-vis de ceux-là qui se sont échinés sans compter pour vous.

Nous en sommes témoins chaque jour qui passe, en matière politique. On le sait, nombre de succès politiques proviennent de l’appui des militants sincères et désintéressés. C’est ce manque de reconnaissance qui conduit le plus souvent aux déchirements et qui gangrène les relations entre certains leaders et leur groupe. On le voit de plus en plus avec certains regroupements politico-religieux qui se transforment en des agoras d’invectives et de diffamations contre les anciens alliés ou complices, parce que de nouvelles situations profitables se sont créées. Bizarre ! Ces « ingrats » ont pu malheureusement investir les hautes sphères de l’administration publique, nos institutions, et sont prêts à vendre leur dignité au plus offrant. C’est même l’une des causes essentielles de l’émiettement de nos organisations religieuses, politiques et de l’abstention croissante des électeurs, conduisant à la banalisation de la chose politique et publique. Hier simples animateurs d’une association presqu’insignifiante, aujourd’hui hauts cadres « politiques », certains individus lancent des campagnes de diabolisation contre leurs alliés d’hier ou même contre leurs mentors, ceux-là mêmes qui les ont fabriqués de toutes pièces et leur ont montré la voie. « Nous avons décidé de nous éloigner de ce groupe puisque, là-bas, la parole est tronquée », disent le plus souvent ces dissidents ingrats.



Une fabrique de guignols

L’espace politique malien devient, dans ce cas, de plus en plus une usine de fabrication d’ingrats, de guignols, disent les analystes. Au Mali, l’espace politique est en train d’être accaparé par ces “voyous” qui ne s’encombrent d’aucune morale. Et si on n’y prend garde, ce sera pour longtemps et conduirait directement le pays dans le chaos. La priorité de ces sangsues, on le sait, est de toujours s’accrocher au pouvoir. Ils sont hypocrites, démagogues, versatiles, outranciers, manipulateurs et provocateurs. Mais nous sommes tous coupables en acceptant de subir, passivement, leur supercherie, sans même réaliser combien ils trompent insidieusement notre peuple.

Comme pour nous rappeler l’implosion des foyers lors des divorces. Le plus souvent, l’un des partenaires est payé en monnaie de singe. Il suffit de fréquenter nos tribunaux, d’assister aux procès, pour entendre des propos dégradants de ceux qui, hier, étaient unis et qui, aujourd’hui, ne veulent qu’une chose: se séparer. L’un et l’autre se niant réciproquement et catégoriquement, vont jusqu’à oublier leurs bienfaits réciproques.

Il est inacceptable et impardonnable de passer sous silence les moments de gloire, de bonheur, d’efforts mutuels, de combat souvent titanesque.

Je me considère désormais comme un homme offensé et humilié par ceux qui m’ont séduit hier en se présentant sous le jour d’amis et de frères, mais qui se sont révélés être des racailles de la pire espèce, sans vergogne, sans foi ni loi.

Attention !!! Comme toutes les espèces indésirables, ces « imberbes politiques » sont «Très Féconds », se reproduisent à grande vitesse et corrompent déjà TOUT ! La vigilance doit rester toujours de mise.



Yaya Sangaré

Bamako
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