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Lettre à grand-père
Publié le mercredi 17 mars 2021  |  Mali Tribune
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Cher grand-père…
Entends-tu ces cris ? Ces cris en sanglots qui ne cessent de résonner. Les cris de ces femmes au Nord, au Centre et au Sud du Mali. Ces cris de l’occupation des jihadistes et de la rébellion en 2012. Ces cris à Kidal, Gao et Tombouctou. Ces cris sous le voile et l’abus. Les cris de ces pauvres femmes d’Ogossago et pauvres de Sobanada. Que de villages détruits ! Que des vies calcinées ! Que de cris femmes ! Que des pleures !

N’as-tu pas entendu les cris de Ramata ? L’albinos. Cette petite fille décapitée pour la couleur de sa peau. Aussi, les cris de sa pauvre maman ? Ces cris de résignation et de désolation. Sans oublier les cris de ces braves femmes de Kayes. Celles réduites en esclaves et objets de désir obscènes. Ces femmes et filles ont tort d’être nées.

Oui cher grand-père ! Les cris aussi de la pauvre Aminata Soumaré ! Les cris du viol et de la violence ! N’as-tu pas entendu son cri à la Justice et non à l’arrangement ? Son cri de Droit d’être humain sacré et inviolable tel que dit dans la loi fondamentale. Ses cris devant une Justice prise en charge par le contribuable malien, nos taxes, nos impôts et nos ressources économiques. Les cris d’une dame faible face à des bourreaux puissants. Serions-nous, Cité ou jungle ? Cher grand-père ?

Non grand-père ! Il est temps que l’on s’arrête et que l’on réponde à ces cris. Disons présent et non à l’indifférence et à l’impunité. Écoutons les cris de ces femmes et songeons à les apaiser. Elles ne crient qu’à la vie, à la liberté et au Droit. Elles ne crient qu’au pilier de la vie. Elles ne crient que le danger de l’anarchie et du désordre. Elles crient la Cité en places et lieux de la jungle. Elles crient la Justice, le bouclier du faible contre le puissant. Il est grand temps que l’on dise stop à ces cris de détresse !

Oui ! Cher grand-père, les cris ont longtemps résonné. Les pleurs ont longtemps retenti dans nos cours et tribunaux lors des successions et héritages, lors des divorces et procès. Elle est femme ! Aussi dans nos familles. S’il faut mettre l’accent sur une épouse soumise, mais jamais un mari responsable et respectueux. Sur une femme éduquée mais jamais un homme digne. Une fille vertueuse mais guère un garçon pieux. Une femme instruite, épanouie et battante mais jamais un homme désintéressé, honnête et chaste. Une fille vierge mais jamais un garçon puceau. Je m’en excuse ! On se leurre. On n’ira nulle part.

Oui ! Nous n’irons nulle part en faisant la sourde à ses interpellations. Les cris et les soupirs se transformeront en nuages et pleuvront sur nous un jour. Peu de gens survivront à ces tempêtes. Cher grand-père ! L’indifférence des hommes face aux cris des femmes est un déni de l’humanité. Le devoir fait l’Homme mais l’instinct fait l’animal. A mardi prochain pour ma 90e lettre! Inch’Allah !

Lettre de Koureich
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