L'occupation a engendré une situation chaotique à l'hôpital de Tombouctou. Si rien n'est fait en termes de dotation en médicaments et de retour du personnel, le pire se produirait. Situé dans le quartier Djingareïber, l'hôpital de Tombouctou au lendemain de l'occupation des trois régions du Nord-Mali par les bandits armés a été sérieusement touché. Non pas par des balles ou autres roquettes, mais par une pénurie de médicaments, un départ important du personnel, l'arrêt des appareils de radio, le manque d'entretien des blocs.
Qu'à cela ne tienne ! Le personnel resté sur place a accepté d'honorer le serment d'Hippocrate (il a pour but de rappeler aux nouveaux médecins dans un cadre solennel qu'ils sont liés à des obligations légales, morales et éthiques) s'emploie bien que mal à faire tourner le service ne serait-ce que partiellement. Malgré le départ de bon nombre de personnes de la ville, le nombre de patients n'a pas diminué. La plus grande structure de santé de la région consulte plusieurs dizaines de personnes par jour.
Dimanche 17 juin 2012. Il est 8 h. une vingtaine de patients sont devant le bureau du médecin chef Ibrahim Maïga.
Parmi eux des combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), reconnaissables à leur accoutrement (tenue militaire, turban, rangers). A côté d'eux, plusieurs femmes et hommes allongés à même le sol, souffrent de maux de dents, de paludisme et d'autres pathologies. "Nous attendons le médecin chef pour des consultations", râlent-ils. Plus loin des enfants pleurent. Apparemment, ils souffrent de maux de ventre. Mohamed Ould Aziz, une ordonnance en main, se plaint. "Je ne sais pas comment je vais trouver des médicaments prescrits par le médecin pour ma femme. J'ai fait le tour de la ville, hélas !"
M. Mohamed doit téléphoner à une connaissance depuis Sévaré pour qu'il lui achemine le produit ! Devant la salle de soins, une aide-soignante Mlle Cissé assise sur un banc reconnaît qu'ils sont "confrontés à plusieurs problèmes. Il revient aux médecins de vous les détailler". Dans son bureau partiellement éclairé, Ibrahim Maïga, l'éventail en main (à cause de la chaleur due à l'absence d'électricité) nous reçoit. Il explique les difficultés auxquelles la plus grande structure de santé de la région est confrontée. "Depuis l'arrivée des groupes armés nous sommes confrontés à toutes sortes de difficultés".
Les problèmes, aux dires du médecin, sont liés, entre autres, à l'insuffisance de personnel, "la majorité des médecins, infirmiers, sages-femmes sont partis. Ceux qui sont restés sont de la région", ajoute Dr. Maïga. Le manque de médicaments, insiste-t-il, reste le problème majeur de l'hôpital. "Nous recevons des dons de médicaments de la part des organisations nationales, internationales : Cri de cœur, Coren, MSF, médecins du monde, l'ONG Alima..."
Pour Ibrahim Maïga, le geste reste très insuffisant, voire insignifiant. C'est pourquoi il lance l'appel aux donateurs de multiplier les dons de médicaments "sinon ce sera le pire surtout à l'approche de la saison pluvieuse où toutes sortes de maladies font leur apparition ".