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Un après-midi sur le fleuve Niger avec la Protection civile : Un dispositif conséquent contre la noyade en saison sèche
Publié le lundi 22 mars 2021  |  le sursaut
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© aBamako.com par A S
Journée Internationale de la Protection Civile
Le Mali a célébré, le 1er Mars, journée Internationale de la Protection Civile.
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Chaque année durant la saison sèche, on note une affluence importante des jeunes sur les berges du fleuve Niger pour prendre de l’air et pour se baigner. Cela, avec souvent un bilan macabre important en termes du nombre des cas de noyade. Le phénomène est tellement inquiétant que l’on est amené à se poser souvent la question de savoir le vrai rôle de la protection civile. Cette année, sous l’autorisation du Directeur général de la Protection civile, le Colonel major Seydou Doumbia, notre équipe de reportage a passé un après-midi de dimanche avec une équipe de la brigade fluviale de la protection civile sur le fleuve Niger. Une descente qui nous a permis de constater le dispositif mis en place pour la protection des jeunes. A noter qu’en cette période de chaleur le centre fluvial de Bamako a enregistré 9 cas de noyade dont 3 décès.
La noyade est une insuffisance respiratoire produite par le débordement ou de la baignade en milieu de l’eau. Une personne peut en être victime dès qu’il y a présence de liquide à l’entrée de ses voies respiratoires, l’empêchant ainsi de respirer de l’air. Elle n’entraine pas nécessairement la mort. Cependant, elle peut être mortelle et non mortelle avec séquelle et non séquelle. C’est bien la fréquence des cas de noyade sur le fleuve Niger qui a suscité des interrogations chez un grand nombre de citoyens.

En effet, dès l’apparition de la saison sèche, le fleuve Niger en certains de ses endroits devient l’endroit prisé et fréquenté par des jeunes, en quête de lieux de repos pour échapper à la canicule. Le constat laisse apparaître que la plupart de ces jeunes ne savent pas nager. De ce fait, ils peuvent être victimes de noyade. A cet effet, le seul ressort à la disposition des citoyens, reste la protection civile.Pour savoir les dispositives prises par la Direction de la Protection civile en cette période particulière de grande affluence sur le fleuve Niger, nous nous sommes rendus sur le terrain avec des agents de la protection civile sous l’autorisation du Directeur General de la protection Civile, le Colonel major Seydou Doumbia.

Le centre fluvial doté des moyens adéquats pour sauver à tout moment

Il est 14h30, ce dimanche 21 mars. Le Lieutenant Modibo Diallo chef du centre fluvial et le Commandant Nouhoum Coulibaly avec leurs agents tous habillés en gilet de sauvetage couleur orange sur le fleuve Niger, ont tout d’abord bien voulu nous faire une simulation des cas de noyade.

Ils étaient dotés d’un dispositif, digne d’une unité de combat contre la mort : les gilets varient selon le poids de la personne de 90 à 121 kg, un masque relié à un tuba qui permet de voir et respirer sous l’eau, une partie du tuba doit rester sur la surface de l’eau pour que la personne puisse bien respirer, les palmes ce sont les chaussures portées par les sauveteurs pour être rapide en nageant, des réservoirs ou nourrices dans lesquels ils mettent de l’essence.

Toujours dans le souci d’intervenir pour la protection de la population, le centre fluvial utilise les motos scooter nautiques, communément appelées les jets pour être rapide en sauvant la victime ou les victimes de noyade. Le filet est un fil flottant qu’on attache au sauveteur et la frite constitue un matériel important de sauvetage à travers laquelle le sauveteur porte et accroche la victime. Ils ont d’autres outils qu’ils utilisent quand la victime est sur la surface de l’eau. Les zodiacs sont des pirogues qui permettent de sauver en même tant plusieurs victimes.

A noter que le centre fluvial peut intervenir sur tous les cas de noyade quel qu’en soit la distance du lieu ou la profondeur de l’eau (marigot, puits, piscine, fleuve).

Une patrouille quotidienne sur le fleuve Niger

Il est 16h 56 une équipe mixte du centre fluvial avec à sa tête le Lieutenant Diallo et le commandant Coulibaly se rend à la plage de Kalanba-coro pour observer les jeunes. Avant de commencer le travail, comme toujours, l’équipe s’est rendue chez les maîtres des lieux, plutôt de la berge, les sauveteurs traditionnels, les Bozo pour s’échanger des informations. Les bozos sont des collaborateurs de la protection civile pour intervenir en cas de noyade dans le fleuve.

La berge du fleuve de Kalanba-coro, est une zone d’intervention de prédilection de la protection civile, avec une équipe présente permanemment, surtout en cette période de grandes affluences des jeunes.

La zone de Kalaban Coro est réputée être l’endroit où on déplore certains excès relatifs aux dépravations des mœurs. Elle conserve en son sein des lieux de loisirs débordants dénommés entre autres, Miami, Misokoroni, où des jeunes garçons se permettent tout avec leurs compagnes sous les sons des sabars avec des boissons alcoolisées, de chicha et autres produits nocifs.

A en croire le chef de cette berge, Sékou Kalapo, l’année dernière durant la période de la saison sèche il a eu à intervenir pour trois cas de noyade dans le fleuve. Selon lui tous ces trois étaient des jeunes garçons âgés de 15, 25 à 30 ans, qui sont tous malheureusement décédés et enterrés au bord du fleuve.

Pourtant, cette berge est devenue une véritable source de revenus pour des organisations locales dudit quartier.

Siriman Coulibaly, président de l’association de la jeunesse de Kalaban-coro, se défend en affirmant que son association organise chaque année durant la saison sèche un lieu de loisir au bord du fleuve Miami. Ce qui permet selon lui de créer des emplois pour les jeunes. Des jeunes qui vendent des tickets d’accès de 1000 f à 2000 f. A l’en croire, les fonds récoltés permettront de créer d’autres projets au profit du quartier.
De son côté, le chef du centre fluvial de Bamako a fait savoir qu’au cours de ses différentes interventions durant l’année dernière, son service a enregistré 50 cas de noyade dont une vingtaine de décès.

Pour cette année, où la saison sèche vient juste de débuter, d’après lui, son centre a intervenu pour 9 cas de noyade dont 3 décès.

Par ailleurs, il a précisé que le gouvernement à travers la Direction Générale de la Protection Civile et la Direction Régionale de Bamako a mis en place des dispositifs adéquats pour la protection de la population. Ainsi, son centre a été doté avec de nouveaux matériels et d’un personnel conséquent d’agents de protection civile. C’est pourquoi, dira-t-il, des dispositions efficientes sont en place au niveau de certains sites utilisés comme plages par des jeunes. Les agents déployés font de la surveillance permanente afin d’intervenir rapidement en cas de noyade.

Qu’est ce qui explique la fréquence des cas de noyade ?

A cette question, la réponse donnée par le Lieutenant Diallo relève du fait que lorsque les jeunes partent à la plage pour le loisir, certains d’entre eux traversent le fleuve pour s’éloigner des autres afin d’aller consommer de la drogue, des boissons alcoolisées, à leur retour on déplore des cas de noyade. Il a lancé un appel à l’endroit des jeunes de faire preuve de prudence en cette période de chaleur.

Pour sa part , le Commandant Nouhoum Coulibaly de la compagnie de Baco-Djicoroni a fait savoir que le centre fluvial relève de sa compagnie. Qu’elle est composée de deux centres de secours, et le poste de secours de l’aéroport. Selon lui, le centre fluvial évolue principalement sur les sauvetages dans l’eau et les représailles de corps. Au regard donc du fait que durant la période de la chaleur la population à tendance à se rendre au bord du fleuve, la protection civile a repéré des points à Bamako Baco-djicoroni, Missabougou, Kalaban-coro pour déployer des agents. En cas d’alerte, ils interviennent pour faire le sauvetage.

Parant de leur collaboration avec les Bozos, il a précisé que conformément à la coutume malienne, les Bozos sont les maitres-nageurs, c’est pourquoi les agents du centre fluvial prennent toujours contact avec eux. « Ce sont des partenaires sûrs avec lesquels nous travaillons en cas de sauvetage » a-t-il affirmé. D’après lui sa compagnie ne peut pas faire une semaine sans avoir un coup de fil relatif à un cas de noyade.

D’ailleurs au moment même où nous étions en train de faire le tour du fleuve Niger à bord du Jet ski du centre fluvial, plus précisément à 15 h 30 mn, le téléphone du Lieutenant Diallo a crépité. Au bout du fil, la nouvelle n’est pas bonne : « A Samè, au niveau du cours d’eau du Lido, un jeune de 15 ans habitant le quartier de Ouolofobougou Bolibana vient de périr des suites de noyade ».

Enquête réalisée par Fatoumata Coulibaly

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