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L’Essor N° 17507 du 30/8/2013

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Bassekou Kouyaté : « JAMA KO », un nouvel album sur la crise Malienne
Publié le lundi 2 septembre 2013  |  L’Essor


© Autre presse
Bassekou Kouyate, Artiste Chanteur malien


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Après deux albums solo remarqués et sa participation à d’autres albums de concert avec des musiciens maliens, Bassekou Kouyaté revient avec « Jama Ko ». Ce CD produit par Howard Bilerman, est sorti au mois de mai dernier. Les Ngonis de Bassékou et ses fils, la voix de sa femme Amy Sacko et de nombreux invités prestigieux, tels que Zoumana Téréta, Kasse Mady Diabaté ou le bluesman américain Taj Mahal, font résonner l’âme de la musique malienne. A l’occasion de cette sortie, il a reçu chez lui au Banconi les journalistes maliens et leurs confrères étrangers de passage à Bamako. Les circonstances difficiles de l’enregistrement font de « Jama Ko » un album rare.

Premier jour de studio. L’armée renverse le Président. Entre les coupures de courant, le manque d’essence et les horaires incertains des couvre-feux quotidiens, une réponse musicale à la situation prend forme dans l’intimité du studio. Elle donne vie à « Ne me Fatigue Pas », adressé aux bourreaux du nord. « Sinaly » rend hommage à un roi Bamana qui a résisté à l’islamisation forcée au XIXe siècle. « Kele Magni » appelle à faire la paix au Mali. En écoutant « Jama Ko », l’évidence de ce que dit Bassékou Kouyaté devient manifeste : « Si les islamistes empêchent les gens de faire de la musique, c’est comme s’ils arrachaient le cœur du Mali. » Bassekou Kouyaté et Ngoni Ba, son stupéfiant collectif familial, dont sa femme – puissante chanteuse – et ses deux fils, ont réussi un travail d’orfèvre. Comptant désormais parmi les stars de la musique malienne, Kouyaté fait preuve d’ingéniosité. Utilisant avec une gourmandise insistante les effets d’une pédale, il insuffle à son luth n’goni une énergie inouïe et lui prête des velléités de guitare électrique.

A partir de cette simple caisse en bois de manguier sur laquelle sont tendues une peau de vache et quatre cordes, il invente un langage aux multiples accents : rock, funky ou latino. Présent dans les orchestres de la cour royale malienne au XIIIe siècle, l’instrument a traversé les âges. Il a accompagné les récits épiques, les déclamations des griots pendant des siècles, avant de tenir un rôle d’importance dans la musique moderne du Mali. Cette musique est particulièrement mise en valeur lors des festivals d’été auquel il participe cette année. Le griot Bassekou Kouyaté puise dans sa mémoire. Il renouvelle, sans oublier le lyrisme, la profondeur, l’élégance qui lui sont propres. Dirigeant en maestro son orchestre de quatre n’gonis enjoués, Bassekou Kouyaté se hisse au niveau des plus grands « libérateurs » de la musique malienne. « Jama ko » signifie «ce qui préoccupe beaucoup de monde » en bambra, comme la paix au Mali aujourd’hui. Le pays traverse un moment difficile. « Jama ko » souligne l’entente raciale entre nous les Maliens Touarèg, Bamanan ou Sarakolé.

C’est la grande fête et tout le monde a le droit de faire la fête. Tout le monde doit être présent à la fête. Selon Bassekou Kouyaté « Jama kô » invite à la fête entre Maliens mais c’est aussi un sujet d’actualité au regard de ce qui se passe présentement dans notre pays. Il souligne que « certains écervelés veulent créer des problèmes ethniques dans ce pays. Ce n’est pas bon. Les oppositions raciales pourraient entraîner des conséquences très nuisibles, d’autant plus que certains touarègues veulent diviser le pays. Ce n’est pas la solution : le Mali est un et indivisible. Si quelqu’un veut être au pouvoir, il doit se présenter aux élections. Nous sommes dans un pays de démocratie. Si les gens votent pour toi et que tu remportes les élections, c’est une bonne chose.

L’idée centrale de « Jamakô » est d’inviter tout le monde à vivre ensemble. » Le maître du N’goni conclut : « actuellement, les Maliens ne pensent plus qu’à l’éradication des bandits armés qui ont plongé le pays dans le KO. Ils veulent nous recoloniser et nous imposer la charia dont nous ne voulons pas. Nous prions tous pour que ces extrémistes soient dégagés de notre territoire. Les artistes maliens dénoncent le fait que des maliens prennent des armes contre d’autres maliens. Au lieu de nous entretuer, nous devons dialoguer. Nous sommes des personnes civilisées. Le dialogue doit prévaloir sur les armes. » Le Mali est connu à travers sa musique. Bassekou flétrit les islamistes qui ne veulent pas le bonheur commun. Ils travaillent à plonger le Mali dans l’obscurantisme en privant les populations de la musique et de la télévision. Ces fanatiques oublient que la musique est l’âme du peuple malien.

Y. D.

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