Il faut se promener au bord du Niger à Bamako pour prendre conscience de l’empoisonnement de ce fleuve que nous utilisons pour nos besoins quotidiens. La présence de métaux lourds (cyanure, arsenic, plomb) empoisonne hommes et animaux dans le silence total face à ce drame. C’est l’orpaillage qui est de loin la cause principale des inquiétudes. Cette activité désormais interdite sur les cours d’eau au Mali est toujours pratiquée en dépit des actions musclées du gouvernement.
L’exploitation aurifère par dragues est une opération qui consiste à extraire l’or contenu dans les sables, les graviers et les sols des cours d’eau. Elle est pratiquée aussi bien dans le lit du cours principal que sur les grands affluents: Sankarani, Wassoulou Balé, Baoulé. Cette activité avec l’utilisation du mercure et du cyanure dans le processus de traitement et de récupération de l’or, la technique même de dragage, constitue une grave menace pour les écosystèmes fluviaux.
En 2017, les mesures faites par le Laboratoire national des eaux pour certains produits utilisés dans l’activité minière sont connues. Les mesures ont été effectuées à Kangaba, Kénioroba, Sanakoro, Gouala, Fièda, Yanfolila, Fourou et Machoko. Les valeurs pour certains paramètres (couleur par exemple) dépassent largement les normes requises et, on remarque la présence de métaux lourds (cyanure, arsenic, plomb) avec des valeurs non conformes. A Fourou et Misseni, la valeur de cyanure dépasse 18 fois la norme requise.
Selon des experts, depuis une vingtaine d’années, plusieurs études ont été menées pour mesurer la qualité de l’eau du fleuve Niger au Mali. L’ensemble de ces études ont mis en évidence une pollution des eaux, même si cette pollution est assez relative. Mais personne ne saurait garder son sang-froid après avoir constaté de vue tous les déchets toxiques déversés dans le fleuve.
De façon générale, la pollution est toute contamination ou modification directe ou indirecte de l’environnement, provoquée par un acte susceptible d’influer négativement sur le milieu, de provoquer une situation préjudiciable pour la santé, la sécurité, le bien-être de l’homme, de la faune, de la flore ou des biens collectifs et individuels (loi 01-020 du 30 mai 2001 relative aux pollutions et nuisances). Plus spécifique, la pollution des eaux fluviales est toute modification nocive dans la composition, le contenu ou les qualités naturelles des eaux d’un bassin hydrographique, due à une activité humaine.
Cette pollution de l’eau obéit à des causes multiples, toutes intimement liées à l’environnement physique et humain du cours d’eau. Les sources de pollution sont autant diversifiées que disproportionnées. Les principales sources sont l’exploitation aurifère (principalement l’orpaillage par dragage dans le lit des cours d’eau), les unités industrielles et artisanales, les ménages, l’agriculture et l’élevage.
Les pressions agricoles sur la qualité de l’eau proviennent des systèmes de culture, d’élevage et d’aquaculture, qui se sont étendus et intensifiés pour répondre à la demande alimentaire croissante liés à la croissance démographique et aux changements dans les habitudes alimentaires. Cette pollution provient tant des pesticides et des engrais utilisés dans les cultures, que des résidus de l’élevage de bétail. La pollution de l’eau par le biais de l’agriculture a des effets négatifs directs sur la santé humaine. Elle impacte également les écosystèmes aquatiques.
Les mesures effectuées en 2017 par le Laboratoire national des eaux pour certains produits utilisés dans l’activité agricole ont été faites. Les mesures ont été effectuées à Pankourou, Sélingué Aval, Molodofalla bief III, Kolongo, Retenue de Kokri Aval, Ké-macina, Youwarou. Au niveau de tous les points, les concentrations en phosphore et en azote, la couleur et autres indicateurs sont non conformes. La concentration en phosphore dépasse plus de 180 fois la norme requise.