Dans une interview à France Culture, le général François Lecointre conteste le rapport de l'ONU qui évoquait la mort de civils lors d'une frappe française début janvier, assurant disposer d'éléments "parfaitement documentés".
Droit dans ses bottes. Dans une interview accordée à France Culture, le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, conteste farouchement toute bavure française lors de la frappe de Bounti (Mali). la France avait été accusée par un rapport de l'ONU, publié mardi 30 mars, d'avoir tué 19 civils lors d'une frappe aérienne au Mali, début janvier. L'armée française maintient avoir frappé uniquement des dizaines de djihadistes, lors d'une frappe près du village de Bounti, dans le centre du pays, le 3 janvier. "Je conteste absolument les conclusions du rapport de l'ONU", indique le général Lecointre, soulignant que la frappe a été basée sur des "images de drone et l'étude du comportement de ce groupe armé terroriste" et que "l'ensemble des documents sont parfaitement documentés" sur la "distance par rapport aux lieux habités".
Dans son rapport, la division des droits de l'homme de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) expliquait être "en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma". La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda. Selon la Minusma, le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire". Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma. Dix-neuf sont mortes sur le coup, trois autres au cours de leur évacuation, affirme le document.
"Méthodologie contestable"
Le ministère des armées avait immédiatement réagi au rapport, dénonçant notamment une méthodologie contestable. L'hôtel de Brienne, dans un communiqué, "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti. Dans son interview à France Culture, le général Lecointre met également en cause la faço dont a menée l'enquête. "La méthodologie est pour moi extrêmement contestable. Parce qu'il y a un certain nombre de témoignages qui sont la base des conclusions de ce rapport qui en réalité ne sont pas retranscrits, dont on ne connait pas l'identité des témoins. Par ailleurs, il n'y a aucune exhumation de corps, aucun travail de police scientifique, donc oui je conteste absolument ce rapport", indique-t-il.
Le général Lecointre relativise également les tensions entre la France et la Turquie en Méditerranée. "Nous sommes dans un exercice de confrontation, bras de fer, escalade, qui répond à une grammaire très particulière et très singulière et qui est maitrisée des deux côtés, turcs et français. Donc, je ne craints pas de dérapage brutal", assure-t-il.