Après six mois d’exercice de pouvoir, les enjeux demeurent grands pour la Transition. La situation du pays reste quasiment le même depuis le départ du président IBK. Selon Adam Dicko, directrice exécutive de l’AJCAD, pour l’heure le bilan est difficile.
Mal-Tribune : Quels sont les acquis de la transition après six mois ?
Adam Dicko : En six mois, il est très difficile de dresser un bilan. Si on doit se prêter à l’exercice, en six mois de la transition, il n’y a pas d’acquis en tant que tel. Du début à maintenant, nous étions toujours dans la mise en place des organes de la transition, la présentation du Plan d’action du gouvernement, qui a pris énormément de retard. Alors que nous n’avons que dix-huit mois. Si on prend six mois pour des mécanismes de base, on se demande quel temps, allons-nous véritablement mettre en œuvre pour conclure ce plan d’action ?
Mali-Tribune : Pourrions-nous organiser des élections libres et transparentes dans ces conditions d’insécurité et de cacophonie politique ?
A.D. : Il faut plutôt se demander si nous pourrons obligatoirement organiser des élections ? Je crois que c’est ça la mission de la transition et c’est bien inscrit dans la Charte de la transition et dans le Plan du gouvernement.
C’est possible et on n’a même pas le choix d’aller vers ça. Aujourd’hui le premier défi qui s’oppose au gouvernement, c’est d’avoir un chronogramme bien détaillé par rapport aux onze mois restants. Nous avons accusé beaucoup de retard. Il faut maintenant rattraper ce retard-là. Mais très intelligemment pour ne pas aussi bâcler les choses.
Il est important aujourd’hui que le gouvernement communique avec la population sur un chronogramme bien détaillé parce que ce n’est pas un gouvernement normal comme les autres. C’est un gouvernement de transition et qui parle de transition, parle d’une gestion exceptionnelle des choses. Cette gestion doit-être participative et inclusive.
Il y a énormément de choses à faire notamment la nécessité de faire des réformes profondes. Nous devrions mettre une architecture qui reflète notre société et le poids démographique avoir des élections saine, libre, transparente, crédible et inclusive.
Mali-Tribune : Issa Kaou Djim appelle à la candidature du vice-président de la transition. Que dit la Charte ?
A.D. : Nous sommes dans un pays où nous tenons beaucoup à la liberté d’expression. Je pense que M. Djim est libre de dire ce qu’il veut et de penser ce qu’il veut. Malheureusement aujourd’hui la possibilité est donnée à tout le monde, des gens intelligent et moins intelligent, à porter la voie, à parler des choses que souvent ils ne maitrisent pas ou qu’ils maitrisent, mais qui font exprès. La liberté d’expression que nous avons est sacrée.
Il incombe à chacun d’entre nous de l’accepter. Souvent il y a des choses qui se font avec cette liberté d’expression qui ne vont pas dans le sens que nous voudrons, mais nous sommes obligés d’accepter. Cela est un acquis.
Maintenant, Issa Kaou Djim, en tant que citoyen, peut se lever et demander à quelqu’un d’être candidat en créant un mouvement. Il a cette liberté, mais en tant que membre du CNT sortir pour demander au vice-président d’être candidat, est incohérent. La Charte qui parle de la mise en place du CNT, la Charte qui parle même de cette transition, interdit formellement le président, le vice-président, le Premier ministre, les membres du gouvernement et du CNT à être candidat à une élection quelconque. Est-ce que c’est quelqu’un qui l’envoi porter ce message où ce message vient de lui-même ? Est-ce qu’il mesure l’ampleur de ce message qu’il porte ? Fait-il exprès ? C’est là où les questions se posent. Je trouve aujourd’hui qu’il est important qu’Assimi sorte pour démentir. Autrement, il doit trouver des moyens pour recadrer M. Djim.
Mali-Tribune : La semaine dernière vous avez organisé un forum national sur les réformes constitutionnelles et électorales. Quel était l’objectif de ce forum ?
A.D. : Le forum avait pour objectif pour nous de faire un document de positionnement de la société civile. Depuis le lendemain du coup d’Etat, avant même le coup d’Etat, la société civile s’est beaucoup activée par rapport à tout ce qui est reforme prioritaire pour le Mali. Nous avons vu que nos documents de base, notamment la Constitution et la Loi électorale, ont atteint un certain niveau de difficulté. Aujourd’hui il est impératif d’apporter des modifications. Pour ne pas que ça soit comme les autres tentatives, il faut impérativement dire en tant qu’acteur de la société civile qu’est-ce qu’il faut modifier dans la Constitution et dans la Loi électorale et pourquoi il faut le faire.
Mali-Tribune : La transition est-t-elle une opportunité pour faire des réformes profondes ?
A.D. : Aujourd’hui, il s’agit de tirer les leçons des tentatives avortées des révisions constitutionnelles et voir cette transition comme une opportunité et d’aller en profondeur. Il faut corriger là où ça ne va pas. La transition ne pourra pas faire toutes les reformes. Il y a des réformes qui sont prioritaires. Pour qu sortir de cette crise politique et institutionnelle il faut des reformes. Si on sort de cette transition sans aller en profondeur, on risque d’avoir les mêmes problèmes. Aucun Malien ne voudrait dans trois ans qu’il y ait une autre crise politique ou un coup d’Etat.