Un intermédiaire crucial dans la libération de quatre otages en octobre au Mali a déclaré sur RFI que les autorités maliennes avaient versé deux millions d'euros aux jihadistes pour l'un des prisonniers, le politicien malien Soumaïla Cissé. Dans cet entretien diffusé lundi par Radio France Internationale, le Touareg Ahmada Ag Bibi, lui-même ancien membre d'un groupe armé jihadiste, mais aussi député à plusieurs reprises, dit aussi que les autorités maliennes n'ont pas payé de rançon pour les trois autres otages, la Française Sophie Pétronin et deux Italiens. Il est peu clair sur le versement éventuel d'argent par une partie autre que malienne.Aucune réaction n'a été obtenue des autorités de transition dominées par les militaires.Malgré des conjectures persistantes, le gouvernement malien n'a jamais confirmé le paiement d'une rançon en plus de la libération de 200 prisonniers, dont un certain nombre de jihadistes, contre la liberté de Sophie Pétronin, des Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli et de Soumaïla Cissé, personnalité politique nationale, décédée depuis.Ahmada Ag Bibi, qui avait déjà officié comme intermédiaire dans de telles opérations, passe pour avoir joué un rôle prééminent en octobre. Il a combattu par le passé au côté d'Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, alliance affiliée à Al-Qaïda. C'est Iyad Ag Ghaly qui avait accueilli triomphalement les prisonniers libérés par l'Etat malien.Ahmada Ag Bibi apparaissait sur des photos de l'échange.Il réfute le chiffre de 10 ou 30 millions d'euros de rançon évoqué notamment par Mustapha Derrar, présenté par les autorités algériennes comme un des jihadistes relâchés puis repris."Ce n'est pas vrai. Il n'y a pas ces chiffres là. Je sais que l'Etat malien, les autorités de transition ont payé deux millions d'euros pour libérer Soumaïla", dit-il.Pour les autres otages, il est moins clair. Il dit ne pas avoir vu circuler d'autres billets que ceux réunis par les autorités maliennes."Pour les Français, je ne suis au courant de rien du tout. Moi, c'est les Maliens qui m'ont mandaté", dit-il. Il dit aussi que "c'est l'État malien qui a fait tout".La France a toujours démenti avoir été impliquée dans les négociations, et avoir payé une rançon pour Mme Pétronin.Ahmada Ag Bibi précise que ce sont 190 prisonniers que l'Etat malien a remis en liberté, alors que ceux qui détenaient les otages réclamaient initialement le double. L'Etat malien a refusé de relâcher certaines figures jihadistes, assure-t-il.Les autorités de transition se sont dites favorables au dialogue avec certains jihadistes pour tenter de sortir le pays de la tourmente. Ahmada Ag Bibi dit ne pas avoir été approché par Bamako depuis octobre pour jouer les intermédiaires. Mais il se déclare "prêt à rendre le service" si l'État malien le lui demande de nouveau.