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Mamadou Tieni Konaté : Un ex-PDG aux abois
Publié le mardi 6 avril 2021  |  le Temoin
48ème
© aBamako.com par mouhamar
48ème session du conseil d’administration de la BDM-SA
Bamako, le 07 juin 2014 dans les locaux de la BDM-SA. Le conseil d`administration de la BDM SA s`est réuni en sa 48ème session ordinaire sous la présidence de monsieur Abdoulaye DAFFE, Président Directeur Général.
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Après un limogeage déshonorant par les autorités de Transition, on le croyait effacé de son plein gré pour donner une chance à l’ACI de se remettre du coup de massue qu’il lui avait asséné. Mais le fantôme de Mamadou Tiéni Konaté n’arrête pas de hanter son ancienne boite, en rappelant à ses anciens collaborateurs ce hideux épisode de son passage qu’ils n’aimeraient revivre même en rêve.
A la faveur d’un passage assimilable au chant du cygne sur les antennes de Radio Kledu – sans doute une tentative de rebondir des flétrissures cumulées durant trois années de gestion chaotique -, l’ancien Président par défaut de la Chambre de Commerce du Mali reconnaissait lui-même avoir transformé l’Agence de cessions immobilières en cimetière. Ce parallèle, qui n’est pas si loin de la réalité, est probablement sa seule assertion incontestable durant les deux heures d’entretien avec le confrère Kassim Traoré, ponctuées d’échange avec un auditoire manipulé et subjugué par le tissu de contrevérités véhiculées pour la circonstance. Et pour cause, à défaut d’un cimetière, l’héritage de Mamadou Tiéni Konaté est un véritable champ de ruines tant l’ACI est transfigurée par ses dérives administratives. L’avènement d’un administrateur provisoire comme successeur en dit long du reste sur le sort peu enviable du joyau transformé, en l’espace de trois ans, en écurie d’Augeas – dont les proportions de puanteur apparaissaient déjà dans les conclusions d’un certain Conseil d’administration qui aura été un tournant. C’est là, en effet, que l’abcès fut crevé, mettant à nu l’incapacité notoire de M. Konaté à combler les attentes. Les administrateurs ont relevé, en clair, un endettement de plus de 21 milliards en rapport certes avec plusieurs exercices successifs, mais auquel s’ajoute un déficit abyssal et jamais égalé de 3 milliards de nos francs. De quoi inspirer aux commissaires aux comptes une sonnette d’alarme sur les signes avant-coureurs d’une liquidation, conformément aux prescriptions de l’OHADA en vertu desquelles la baisse des capitaux propres d’une société, de plus de moitié de son capital social, entraîne de facto sa dissolution par une assemblée générale extraordinaire convoquée à cet effet.

Face à cette tragédie d’insolvabilité, la solution résidait, comme on le voit, dans une ingéniosité managériale qui dépasse largement les maigres compétences d’un PDG sans relief, hissé à cette fonction par favoritisme, complaisance ou simple mansuétude du prince du jour (IBK) et pour qui la gestion se résume à un rétropédalage sur les sentiers battus. En atteste pour le moins la mesurette qu’il avait proposée en son temps à la tutelle, lorsque celle-ci lui avait réclamé un plan de redressement. Pour toute recette il avait suggéré la reconversion des sommes dues à l’Etat en actions, soit une bagatelle de 8 milliards de nos francs qui tiraient les recettes domaniales vers le bas. Ce n’est pas tout. Pensant peut-être tirer profit de la condition dramatique de sa société pour grappiller des prébendes, il aurait aussi proposé à la tutelle une thérapie consistant à vendre des restants de bâtiments publics de l’Etat. Toutes choses que le ministre des Domaines a balayées d’un revers de main en leur préférant la mise en place d’une administration provisoire, condition sine qua non pour éviter au cadavre d’atteindre un stade de putréfaction plus avancée dans les mains de M. Konaté. C’est pourquoi les autorités de la Transition n’ont pas hésité à suivre le schéma dessiné par leurs prédécesseurs, en dépit des jérémiades d’un PDG finalement renvoyé de la boîte et réduit à squatter les espaces médiatiques pour fanfaronner sur sa gestion chaotique. Son plaidoyer pro domo à l’adresse des auditeurs de Radio Kledu fait ainsi apparaître la grossièreté selon laquelle la dette de l’Agence est passée de 23 à 9 milliards sous sa gouvernance alors que récemment encore les retards de reversements dus au service des domaines rendait l’ACI inéligible à la dotation d’imprimés pour la délivrance de ses titres et que, dans la même veine, le Conseil d’administration relevait une irrégularité criante des échéances dues aux institutions bancaires ainsi qu’une montagne d’autres impayés.



Ce n’est pas fortuit, toutefois, si un PDG limogé préfère la fanfaronnade au profil bas que lui commande la circonstance. Sa posture d’hyperactif lui est probablement dictée par la crainte ou le pressentiment d’être rattrapé par les bruyantes casseroles qu’il traine comme un boulet et qui crèvent l’écran au point d’être passible d’ennuis judiciaires. On y dénombre, entre autres, la flagrante indélicatesse ayant consisté à céder une ruelle d’ACI 2000 à une banque de la place contre l’avis des services techniques du District, puis l’usage de son pouvoir discrétionnaire pour engager l’ACI, à l’insu de ses services juridiques, dans des transactions coûteuses et vraisemblablement peu désintéressées, à en juger par les circonstances scabreuses qui les entourent. Il s’agit d’un contentieux judiciaire tranché en dernier et ultime ressort au profit de l’ACI contre un adversaire l’ayant poursuivie pour préjudice à ses réalisions immobilières à Sotuba. Il s’agit du sieur Badiany Doudou Théra qui, en vertu d’une décision judiciaire de première instance confirmée en appel, a obtenu aux dépens de l’Agence une compensation jusqu’à hauteur de 111 millions pour les dommages subis. Sauf que l’avocat de l’ACI ne l’entendait pas de cette oreille et s’est pourvu en cassation jusqu’à la Cour suprême où il a pu obtenir à son tour l’annulation de toutes les décisions antérieures au profit de son client. Mais c’était sans compter avec les plans machiavélique du PDG, qui a choisi de court-circuiter un verdict dans lequel il a visiblement moins d’intérêt que de conclure un protocole d’accord avec son adversaire. C’est donc nuitamment, à l’insu de son de son avocat étonné de voir son nom au bas dudit protocole, que Mamadou Tieni Konaté a concédé le paiement d’une somme astronomique à Badiany Doudou Thera. Et quand bien même la décision de justice pouvait anéantir le protocole passé avec l’intéressé, une tranche de 24 millions dudit montant a atterri dans ses comptes 17 jours après la notification du jugement qui le déboute de toutes ses prétentions. Le rapport d’inspection commandité sur le même dossier scandaleux fait état par ailleurs de manigances autour d’un montant de 10 millions afférents aux frais d’huissier ainsi que la disparition de 10 autres millions consignées pour obtenir la mainlevée sur les comptes de l’ACI. De combien de millions en définitive les caisses de l’Agence ont dû injustement subir la saignée au profit de l’adversaire débouté par la Cour Supreme ? On l’ignore. On sait en revanche que la banque attributaire de la ruelle vendue par M Konaté a fini par rentrer en possession des acomptes avancés pour l’espace convoité, après le refus catégorique des autorités de cautionner le deal.

Quid par ailleurs de cette autre manne gracieusement accordée à la société immobilière SIFMA pour un domaine public non-cessible, au seul motif que les résidents d’ACI Samakèbougou profitent d’une voie d’accès réalisée pour les habitants de cette cité voisine. Autant de pratiques qui ont pu grever le déficit jusqu’à concurrence de 2 milliards pour la seule année 2018, sans compter l’acquisition aussi suspecte qu’inopportune d’un patrimoine foncier auprès de FAYA Immobilier pour 900 millions de francs CFA, selon nos sources.

La liste des malices et malversations des trois dernières années est loin d’être exhaustive. Le sulfureux parcours de Mamadou Tieni Konaté est surtout jalonné de spoliations en règles parmi lesquelles de nombreuses extorsions et ré-attributions de parcelles – dont l’Agence porte encore les stigmates en termes de contentieux judiciaires assez onéreux pour aggraver sa santé financière. Par-delà le cas d’une malienne d’Italie délestée d’une propriété légitime revendue à SOMAYAF, on note les retraits massifs opérés sur «la bande des 140 mètres de Sabalibougou» où la boulimie foncière du PDG lui a inspiré la remise en cause des attributions effectuées par le Gouvernorat du District au titre des purges. Motif pris d’une acquisition en deçà de leurs valeurs ou d’une moralité douteuse des opérations, Mamadou Tieni Konaté s’en est brûlé les ailes à force d’ardeurs contestataires plus porteuses d’ennuis judiciaires que de profits pour sa société. Mais, pour limiter la casse d’astreintes judiciaires susceptibles de plomber la société pour de bon, la tutelle a dû se résoudre à suspendre toutes les opérations de vente que le PDG s’entêtait d’effectuer au mépris des décisions de justice, tout en lui infligeant une vicieuse inspection domaniale pour tirer au clair la «Bande des 140 mètres de Sabalibougou».

Tout aussi vicieux le séjour d’une mission d’inspection similaire pour clarifier les relents de grabuge que dégage l’attribution de quatre parcelles sises à ACI 2000 le même jour à un seul et même acquéreur. Une opération d’autant plus suspecte que ledit acquéreur se présente comme un étudiant d’une intrigante opulence, pour s’être procuré rubis sur ongles une surface cumulée de 2 100 m2 environ pour un montant total de 286 millions francs CFA. Papa Oumar Samaké, il s’agit de lui, est également l’acquéreur de l’unique bâtiment public que Mamadou Tieni Konaté reconnaît finalement avoir vendu dans le cadre du mandat détenu par l’ACI pour ce faire. Il s’agit de l’immeuble des «Recettes Générales du District» d’une superficie de 1 500 m2 que l’énigmatique étudiant, devenu entre temps opérateur économique, s’est adjugé pour la bagatelle de 1,237 milliards, dans les mêmes conditions d’irrégularité que celles relevées dans le rapport d’inspection domaniale sur les quatre parcelles précédemment acquises. Lequel rapport insiste sur une malicieuse déviance vis-à-vis des règles de transparence en vigueur, auxquelles les attributions arbitraires sont préférées probablement pour des collusions d’intérêts du PDG et des heureux bénéficiaires de parcelles retirées. Car, si les observateurs et inspecteurs domaniaux n’ont aucun indice sur la nature des liens entre Mamadou Tiéni et le richissime étudiant Papa Oumar Samaké, il est clairement établi que son propre neveu est un autre bénéficiaire de faveurs similaires. Il s’agit du promoteur de Soum Motors, Mohamed Moussa Soumaré alias Papi au nom de qui l’ACI a été engluée dans un interminable et coûteux procès intenté par la famille Karaganara pour une prestigieuse parcelle de terrain retiré et re-attribué au fils de la sœur aînée du PDG. Le favoritisme a finalement tourné court puisque la justice en dernier ressort a annulé l’opération commando patrimonialiste de Monsieur Konaté, l’intimant de restituer la parcelle au premier acquéreur ainsi que l’argent du parent acquéreur. Il se susurre qu’en s’exécutant par dépit le PDG s’est lui même chargé d’enlever le chèque du promoteur de Soum Motors comme pour afficher la solidité du lien de sang qui les unit.

Il semble, selon nos sources, que les autorités de transition ne soient pas indifférentes au pillage impitoyable qui a mis à genoux un fleuron aussi précieux de l’immobilier au Mali. Ainsi, par-delà l’annulation des attributions suspectes qui ne sont utiles qu’à satisfaire des intérêts familiaux ou personnels, les différents rapports accablants seraient tous en train d’être exploités aux fins de faire rendre gorge aux responsables. Il y a visiblement de quoi les mettre aux abois.



A KEÏTA

Ces documents en fac-similé constituent des preuves matérielles parmi tant d’autres des malversations ayant jalonné le passage de Mamadou Tiéni Konaté à la tête de l’ACI. Il s’agit de quatre 4 parcelles d’une superficie cumulée de 2 100 m2 et la somme totale de 286 millions F CFA frauduleusement attribuées à un Étudiant et sur lesquelles une inspection domaniale a mis les projecteurs. L’énigmatique étudiant, du nom de Papa Oumar Samaké, est également acquéreur d’un bâtiment public que le PDG lui a vendu à 1,2 milliards dans les mêmes conditions nébuleuses.





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