Au Mali nombreuses sont ces familles qui composent certaines ethnies, comme celles Peulh, Soninké, songhaï , Kassonké Tamasheq, Diawambe etc., qui continuent mordicus à entretenir une vision du mariage obsolète et inadaptée à notre époque. Ce qui explique l’échec de bon nombre de ces unions aujourd’hui. En effet, la société malienne a connu beaucoup de mutations qui l’ont obligée à se détacher de certaines réalités et pratiques archaïques et caduques, comme le mariage endogame, même si quelques fractions ethniques demeurent rétives. Le mariage par parenté n’est autre qu’une union à caractère ethnocentrique imposée de façon irrésistible par les parents à leurs enfants en âge de se marier. Ce type de mariage, qui connaissait jadis un taux de réussite très élevé, perd progressivement ses lettres de noblesse. La faute à l’instruction scolaire et l’orientation émancipatrice que prend l’éducation, incitant les enfants à opter pour l’indépendance et à la liberté de choix. En témoigne le cas du jeune Mahamadou Tambadou. À 24 ans, il a été contraint par son père à épouser sa cousine qui en avait 17 et qu’il considérait comme sa propre sœur qu’il a vu grandir au sein de leur grande famille. Le jeune universitaire de la faculté de droit privé (FDPRI) a tenté de raisonner son père par le truchement de ses oncles mais en vain et n’a eu d’autre choix que de quitter la concession familiale.
Mais pour connaître l’ampleur destructrice de ces mariages forcés sur ces jeunes gens nubiles, il faut explorer le Mali profond. Dans la commune de Boudofo une adolescente de 16 ans non consentante pour son mariage avec son cousin s’est vue violée, au su de ses parents, dans la chambre nuptiale par le nouveau marié aidé par ses amis. Après quelques jours elle a dû fuguer pour s’installer chez sa sœur à Bamako où la dure réalité de la capitale l’a malheureusement entraînée dans la prostitution. Et que dire de l’histoire rocambolesque relatée par un professeur en sociologie, qui a requis l’anonymat pour ne paraitre critique vis-à-vis d’aucune tradition ou autres coutumes ? Un jeune alphabétisé et peu imprégné de sa coutume, originaire de la région de Kayes partit en France et de retour dans son village natal et 3 années après sa dernière visite, il découvre que sa femme, sa cousine, avait mis au monde une fillette. Abasourdi il a demandé des comptes à son père, qui ´a eu d’autre explication que la présence des frères de même sang pour le suppléer en cas d’absence de longue durée. Ulcéré par tout ce qu’il a entendu, il a prié le papa de lui en épargner les détails parce qu’il n’acceptera certainement pas. C’est là que son père l’invita à demander à sa mère l’identité de son vrai père. Selon le même professeur, certaines familles vont jusqu’à cautionner l’inceste.
De nos jours, la majorité des mariages à caractère ethnocentrique sont butés à de nombreux problèmes, notamment d’adultère, de violence conjugale, de démêlées entre belles familles, etc. Bref, une vie de couple insipide et insupportable qui conduit généralement au divorce. Confucius ne conseillait il pas aux homme de se souvenir que leur fils n’est pas leur fils, mais le fils de son temps ? Le constat de tant de tares édifiantes devrait amener les inépuisables avant-gardiste de cette tradition, qui a fait les beaux jours d’une époque révolue, à avoir la présence d’esprit de se laisser emporter par la vague de la nouvelle tendance.