Les Etats-Unis ont réclamé mardi aux autorités du Mali "un calendrier définitif confirmant les dates du processus électoral" tandis que l'ONU affichait son pessimisme sur une amélioration à court terme de la situation sécuritaire dans ce pays. "Nous devons nous assurer que des élections libres et équitables se déroulent à temps", a souligné l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une visioconférence du Conseil de sécurité consacrée au dossier malien."La priorité absolue doit être l'organisation et la tenue d'élections libres et équitables d'ici la fin de la période de transition", "administrées par des autorités électorales compétentes et impartiales afin de publier un calendrier définitif confirmant les dates du processus électoral", a insisté la diplomate américaine.Des élections sont en principe prévues début 2022 au terme d'une période de transition de 18 mois ayant suivi le coup d'État militaire d'août 2020. Mais aucune date précise n'a encore été annoncée.Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a aussi souligné l'importance d'un processus électoral mené dans les temps."J'encourage les acteurs politiques maliens à travailler dans un esprit de compromis et à promulguer des réformes visant à créer un environnement propice à des élections pacifiques, inclusives, transparentes et crédibles", a-t-il déclaré. "Ces élections représentent le test décisif de la transition actuelle et une étape nécessaire vers le retour du Mali à la règle constitutionnelle", a-t-il fait valoir."Nous encourageons les autorités de transition à accélérer les préparatifs en vue des élections de mars 2022", a aussi dit l'ambassadrice française adjointe à l'ONU, Nathalie Broadhurst. "Il est essentiel que le processus soit accompagné d'un dialogue ouvert et approfondi avec l'ensemble de la classe politique et des représentants de la société civile", a-t-elle fait valoir.- Feuille de route -Lors de la réunion où les accusations de l'ONU à l'égard de la France - qui dément - d'avoir tué des civils lors d'une frappe en janvier n'ont pas été abordées, Jean-Pierre Lacroix a évoqué "la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du Mali"."Depuis le début de l'année, les troupes de la Minusma ainsi que les Forces de défense et de sécurité maliennes ont subi des attaques répétées et d'importantes pertes, tandis que plusieurs grandes agglomérations vivent sous la menace permanente de groupes armés", a-t-il précisé.La Minusma, qui a encore subi vendredi une attaque meurtrière - 4 morts, 34 blessés parmi les Casques bleus selon un dernier bilan, 40 assaillants abattus -, comptait en mars environ 13.000 militaires et quelque 1.700 policiers.Devant le Conseil de sécurité, le Niger a notamment estimé que "la Minusma devait être plus forte et plus robuste".Dans une lettre récente envoyée au Conseil de sécurité et obtenue par l'AFP, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres trace une feuille de route pour le Mali avec des objectifs à atteindre en termes de réformes politiques, constitutionnelles et sécuritaires. Il s'oppose aussi clairement à toute réduction ou retrait de la force de l'ONU comme envisagé par les Etats-Unis sous la précédente administration de Donald Trump."Les conditions d'une transition progressive, coordonnée et délibérée des responsabilités de sécurité de la Mission sans mettre en péril la stabilité du Mali et de la région ne seront pas en place à la fin de la transition politique", affirme-t-il. "Il serait donc prématuré d'envisager un retrait ou une transition des responsabilités en matière de sécurité de la Minusma aux forces de défense et de sécurité nationales dans la période suivant immédiatement les élections", ajoute le chef de l'ONU.Déployée au Mali depuis 2013, la Minusma est la mission de paix des Nations unies qui a subi le plus de pertes au monde, avec plus de 140 tués dans des actes hostiles, selon l'ONU.