A onze mois de la fin programmée de la transition politique au Mali, les Nations Unies ont appelé, mardi, à accélérer les réformes alors que le pays est toujours confronté à une insécurité importante.
Quatre Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) ont été tués vendredi dernier dans l’attaque de leur camp à Aguelhok, dans le nord du pays.
« Cette attaque a eu lieu dans un contexte de détérioration de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du Mali », a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la situation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Depuis le début de l'année, les troupes de la MINUSMA ainsi que les forces de défense et de sécurité maliennes et la population civile ont subi des attaques répétées et d'importantes pertes, tandis que plusieurs régions et agglomérations du pays vivent sous la menace permanente de groupes armés.
En janvier, cinq Casques bleus ont été tués dans deux attaques distinctes dans les régions de Tombouctou (nord-ouest) et de Tessalit (nord-est). En février, une vingtaine de soldats de la paix ont été blessés dans l’attaque de leur base près de Douentza dans le centre du pays.
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Devant les membres du Conseil de sécurité, M. Lacroix a réitéré l'appel du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, aux parties prenantes concernées pour qu’elles intensifient et renforcent la réponse de la communauté internationale face aux problèmes du terrorisme et de l'extrémisme violent dans la région du Sahel. Une réponse internationale qui passe notamment par la mise en œuvre rapide des recommandations faites des sommets du G5 Sahel tenus à Pau, en France, en 2020 et à N'Djamena, au Tchad en 2021, a souligné le Secrétaire général adjoint.
Mais la menace sécuritaire au Mali n’est pas uniquement d’ordre terroriste. M. Lacroix a partagé avec le Conseil ses vives préoccupations concernant « les activités de déstabilisation en cours des milices » qui accentuent les lignes de fractures ethniques dans le centre du pays. « Malgré les améliorations encourageantes de la situation sécuritaire dans certaines zones de la région grâce aux accords de paix locaux soutenus par la MINUSMA, nous appelons le gouvernement de transition du Mali à concevoir une approche globale pour améliorer la situation en matière de sécurité parallèlement aux efforts de protection des civils et de restauration de l’autorité de l’État et des services sociaux de base », a-t-il dit.
Selon le chef des opérations de paix de l’ONU, une telle approche doit comprendre des solutions durables pour garantir que les milices et les groupes armés déposent les armes et rejoignent le processus de dialogue. Cette approche devrait également inclure un effort vigoureux pour lutter contre l'impunité des acteurs accusés d'avoir commis des violations du droit international relatif aux droits de l'homme et au droit humanitaire et garantir leur responsabilité, a-t-il dit.
Accélérer les réformes et assurer un processus inclusif
Devant le Conseil de sécurité, M. Lacroix a souligné que « toute amélioration durable de la situation sécuritaire au Mali repose en grande partie sur le succès de la transition politique actuelle ».
S’il reconnaît que cette transition demeure fragile, le Secrétaire général adjoint a toutefois signalé des signes encourageants ont été enregistrés dans la mise en œuvre du programme de réformes. Les autorités maliennes ont relancé le fonctionnement des principales institutions de la transition. En février, le gouvernement a publié son ordre du jour pour la période à venir et le parlement de transition a rapidement voté en faveur de son approbation lors de sa première session.
Le Secrétaire général adjoint a insisté sur la nécessité d’accélérer de toute urgence ces réformes tout en garantissant que le plus grand nombre d'acteurs se joignent au processus. « Dans les semaines et les mois à venir, le succès de la transition dépendra de l'engagement des parties prenantes maliennes à faire en sorte que la transition et les principaux processus de réformes qui la sous-tendent restent inclusifs, transparents et crédibles », a dit le chef des opérations de paix.
Concernant la préparation des élections qui doivent être organisées à la fin de la période de transition, les Maliens ne se sont pas encore mis d’accord sur les réformes à mettre en œuvre, notamment sur la question de la gestion des scrutins. « En conséquence, un calendrier électoral officiel n'a pas encore été publié », a indiqué M. Lacroix.
À ce stade critique, l’ONU encourage les acteurs politiques maliens à travailler dans un esprit de compromis et à promulguer des réformes visant à créer un environnement propice à des élections pacifiques, inclusives, transparentes et crédibles.
« Ces élections représentent le test décisif de la transition actuelle et une étape nécessaire vers le retour du Mali à l’ordre constitutionnelle », a souligné le Secrétaire général adjoint. Selon lui, une plus grande participation des Maliens aux élections, notamment, des femmes et des jeunes, et le renforcement de la crédibilité des élections seront essentiels « pour éviter que ce jalon du processus démocratique ne devienne à nouveau le déclencheur d'une nouvelle instabilité politique au Mali ».