«Le terrorisme est un vrai malheur pour notre pays, cela d’autant plus que ses bases sont hors de notre territoire. Ceux qui en sont les chefs relèvent d’autres pays. Jamais aucun chef terroriste n’a fait cas de griefs contre notre État, encore moins formulé de revendication en sa direction».
Ces propos du nouveau Chef d’Etat nigérien, lors de son investiture, manquent autant de courtoisie que de bonne foi. Mohamed Bazoum est aussi dans la pure dénégation lorsqu’il estime que la situation terroriste de son pays (le Niger) est différente de celle qui prévaut chez le voisin malien. Son pays (le Niger), le Burkina Faso et le Mali ne constituent-ils pas des continuités territoriales ? Le Niger et le Mali tout comme le Burkina Faso sont habités par des populations transfrontalières. Qui considèrent très peu leur appartenance territoriale. En tant qu’ancien ministre de l’Intérieur de son pays naguère respecté au Mali pour le langage de vérité qu’il tenait, le désormais président de la République sœur du Niger ne peut dénier cette réalité. Autrement dit, ce que le Mali subit, du fait des puissances néocoloniales, peut toucher son pays. Qu’il cesse donc de le stigmatiser !
A l’origine des mouvements «djihadistes» au Mali, aucun émir n’était de nationalité malienne. Mais lorsqu’ils ont obtenu des sanctuaires territoriaux (comme notamment à Kidal grâce à la France, garant de l’accession ou du maintien au pouvoir de plein de potentats locaux) c’est en ce moment précis qu’Iyad et Kouffa ont pris du service. Ainsi, si rien n’est vite fait pour en finir à jamais avec l’hydre terroriste au Mali, le Niger vivra infailliblement le même drame sécuritaire. Il n’y a pas de doute que des Nigériens sont enrôlés par des groupes terroristes – djihadistes – comme l’Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS).
Les frontières sahéliennes sont très poreuses et les différents pays sont comme des vases communicants. Le Niger ne saurait être différent d’aucun de ses voisins sahéliens sur le plan sécuritaire, la menace terroriste étant la même dans l’ensemble de cet espace.
Il est aussi une réalité que les mouvements terroristes arrivent à se sanctuariser grâce à l’appui des communautés locales. Et leur antagonisme engendre très souvent des conflits intercommunautaires. N’est-ce pas ces genres de conflits que l’on rencontre actuellement au Mali, Burkina Faso et aussi au Niger ? Point de doute ! Selon un récent rapport de l’ONG International Crisis Group estime, les attaques des 15 et 21 mars 2021 ne sont que des vengeances intercommunautaires.
Ce qui prouve que le Niger, à l’instar de ses voisins maliens et burkinabè, est bien entré dans le cycle de violences inter-communautaires. Ce que le nouveau président nigérien ne pouvait que reconnaître, notamment dans l’entretien exclusif qu’il a accordé récemment à Rfi et France 24. Que Mohamed Bazoum sorte de la démagogie pour revenir à une bonne lecture du désastre sécuritaire au Sahel ! Il y va du bon déroulement de son mandat !