La visite de deux jours dans la capitale Bamako. L’Italie ouvrira bientôt une ambassade. Les premiers soldats de la Coalition du Sahel pour la lutte contre le terrorisme sont déjà arrivés dans le pays africain.
C’est une Bamako sur le qui-vive, avec des terroristes aux portes, la ville où Luigi Di Maio a atterri hier et où il restera deux jours pour rencontrer le Premier ministre Moctar Ouane et d’autres personnalités politiques locales. Le renforcement de la collaboration en matière de migration et de sécurité au Mali est au centre des entretiens que le ministre des affaires étrangères aura. En effet, depuis le 8 mars, les premiers soldats italiens de la Coalition pour le Sahel sont arrivés dans le pays africain, qui feront partie du déploiement de notre contingent dans la Task Force Takuba pour la lutte contre le terrorisme. En outre, l’Italie ouvrira bientôt une ambassade à Bamako.
La visite de M. Di Maio intervient à un moment très délicat pour la région du Sahel, théâtre d’une résurgence sans précédent du djihadisme qui, notamment dans la zone dite des « trois frontières » entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en a fait le nouvel épicentre du terrorisme international. Dans cette zone aussi vaste que toute l’Europe, la France est engagée depuis 2013 dans l’opération Barkhane, qui mobilise plus de cinq mille hommes. Mais c’est une guerre que l’armée parisienne est en train de perdre, parce que les attentats de plus en plus nombreux des extrémistes islamistes s’ajoutent à la violence extrême des affrontements interethniques, et parce que, comme nous le dit une source diplomatique, « le chaos armé est désormais proche de la capitale ».
Di Maio arrive au Mali une semaine après que la ministre française de la Défense, Florence Parly, a confirmé le début de la « pleine capacité opérationnelle » de la task force Takuba, lancée en janvier 2020 par le président Emmanuel Macron dans le but de former les forces locales et de contrôler le territoire pour contrer les phénomènes de terrorisme, de trafic illégal et d’insurrection, et qui prévoit la présence de 200 de nos militaires. La participation italienne, approuvée par le Parlement en juin dernier, sera basée sur des moyens héliportés pour le transport et l’évacuation médicale et sur des unités de formateurs accompagnant les forces locales qui opéreront de concert avec les contingents d’autres partenaires internationaux et la force conjointe du G5 Sahel – Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso. Notre participation aura également pour but de réaffirmer l’engagement de l’Italie au Sahel et de renforcer davantage le rôle de notre pays dans une zone considérée comme le point d’appui de l’arc d’instabilité qui s’étend de la Libye au Golfe de Guinée.
Or, comme le ministre Di Maio l’a lui-même déclaré la semaine dernière lors de l’audition devant les commissions conjointes des affaires étrangères de la Chambre et du Sénat sur les lignes programmatiques du ministère des affaires étrangères, le Sahel est depuis longtemps devenu une priorité pour l’Italie. Et un dialogue direct avec les gouvernements locaux est donc nécessaire, en vertu de son importance géostratégique à cheval sur l’Afrique subsaharienne et la zone euro-méditerranéenne. « Depuis 2017, nous avons renforcé notre présence diplomatique, avec l’ouverture d’ambassades au Niger et au Burkina Faso, qui seront suivies d’ici la fin de l’année par le Mali et, immédiatement après, le Tchad. Depuis 2018, la mission bilatérale de formation au Niger est active et nous contribuons à toutes les missions de l’UE et de l’ONU dans la région. L’Italie est également un partenaire traditionnel des pays de la région en termes d’aide humanitaire, de développement durable et de gestion du phénomène migratoire. »