Avant d’entamer un « retrait partiel » des troupes françaises du Sahel, toujours annoncé et toujours remis, le président français cherche à frapper un grand coup contre le terrorisme au Sahel, en mettant hors d’état de nuire l’omniprésent et insaisissable chef Iyad ag Ghali.
Des tracts représentant en photo le djihadiste malien Iyad AG Agaly, chef du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont été parachutés en masse à Tessalit et à Tombouctou dans le Nord du Mali. Iyad ag Ghali, qui marque chaque jour de points au Mali, y compris comme interlocuteur valable de la junte militaire au pouvoir, ne serait, peut-on lire, qu’un « employé d’Al-Qaida » dont le seul but est « la destruction de l’Azawad, la fin des traditions, la destruction de l’honneur ».
Des numéros de téléphone apparaissent sur ces tracts, sans doute pour encourager d’éventuels délateurs à indiquer la localisation de celui qui reste l’ennemi public numéro un des Français dans la Région. Souvenons nous que si François Hollande a déclenché l’opération Serval au Mali en 2013, c’est sur la foi de rapports de l’armée sur la colonne de terroristes marchant sur Bamako et menée par un certain Iyad ag Ghali. La France a voulu croire un peu rapidement que ce chef touareg, qui était pourtant sous contrôle des services algériens, allait s’emparer du pouvoir au Mali avec quelques centaines de partisans ! L’intervention militaire française débutait !
Iyad ag Ghali, leader d’Ansar Dine, le 7 août 2012 à Kidal, lors d’une rencontre avec le ministre burkinabè des Affaires étrangères.
D’après le site « l’appel pour le Mali », beaucoup sur place pensent que les tracts lancés au Nord du pays l’ont été à l’initiative des militaires de l’opération Barkhane. Ce qui semble fort possible compte tenu du du contetieux entre Ag Ghali et la France et en raison du calendrier du président français, Emmanuel Macron. Lequel cherche à opérer un grand nettoyage de printemps contre les forces terroristes au Sahel afin d’opérer, la tète haute, « un retrait partiel » des troupes tricolores.
Un grand « nettoyage » hypothétique
On voit bien quel avantage le Président français retirerait d’un grand coup de pied dans la fourmilière terroriste. Les chefs militaires qui renâclent devant la perspective d’un retrait n’auraient pas le sentiment de déserter le théâtre d’opérations sur un échec. À un an de la Présidentielle, Emmanuel Macron pourrait faire face aux procès pour abandon qui seraient immanquablement tenus par ses adversaires de droite et d’extrême droite.
Au Mali hélas, la situation sécuritaire est plus grave que jamais et l’armée française accumule surtout des revers. La force Barkhane est même accusée par un rapport de l’ONU d’une très grave bavure pour avoir confondu un rassemblement festif à l’occasion d’une noce avec un déploiement d’un groupe armé terroriste. Ce que la ministre, Florence Parly, et le chef d’état major persistent à nier avec un aplomb qui pourrait se retourner contre les autorités françaises et compromettre le retrait dans l’honneur auquel aspire Emmanuel Macron.
On peut craindre que le Président français confonde ce qui est du ressort de l’obstination dans la lutte anti terroriste avec l’entêtement à croire en une victoire qui lui a définitivement échappé.
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