L’étau se resserre autour de la junte militaire qui s’est emparée du pouvoir à Bamako à l’aube du 22 mars 2012. Déjà, sous la pression de la communauté internationale, unie et mobilisée derrière la CEDEAO, elle avait rétabli la Constitution du 25 février 1992 et y restauré les institutions. Ce qui avait conduit à la réactivation de l’Assemblée nationale, suivie de la désignation d’un président de la République intérimaire en la personne du Pr Dioncounda Traoré, d’un premier ministre intérimaire consensuel, Dr Cheick Modibo Diarra et d’un gouvernement intérimaire de vingt quatre membres, pour l’essentiel des technocrates, chargé de deux missions principales : la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali et l’organisation d’élections libres et transparentes pour ramener le pays sous une gouvernance démocratique.
Comme pour prouver au Mali et au monde entier que la restauration de ces institutions républicaines ne remettait nullement en cause leur emprise sur le pouvoir et qu’ils restaient maîtres du jeu, les putschistes procédaient, presque concomitamment, à l’arrestation de vingt deux personnalités civiles et militaires. Avant de lâcher prise sous la réaction vigoureuse de la communauté internationale qui a ressorti les menaces de sanctions à l’origine du rétablissement desdites institutions.
Le sommet de la CEDEAO, qui vient de se tenir Abidjan le 26 avril (c’est le troisième du genre sur la crise malienne à se dérouler dans la capitale ivoirienne) avait pour objet d’adresser un message clair à la junte militaire : elle n’a plus aucun rôle à jouer dans la gestion des affaires publiques au Mali dès lors que les institutions fonctionnent de nouveau normalement.
A cet égard, les dix chefs d’Etats présents sur les quinze que compte l’organisation sous- régionale (un record de participation depuis l’éclatement de la crise malienne) ont tenu à lever toute ambigüité sur les organes et la durée de la transition. Contrairement à l’idée que les putschistes et ’’leurs associés ‘’ (le vocable figure tel dans l’accord cadre signé avec la CEDEAO) s’évertuent à faire passer dans l’opinion, ce sont bien le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement intérimaires qui conduisent la transition et non le CNRDRE et son président, le capitaine Amadou H. Sanogo, qui s’attribue parfois le titre de ‘’ président de la transition’’ dans les communiqués diffusés sur l’ORTM.
Pour qu’il ne subsiste le moindre doute à ce sujet, les chefs d’Etats ont fixé la durée de la transition à douze mois. Mettant ainsi un terme au débat sur l’intérim des ‘’40 jours constitutionnels’’ dans lequel les militaires et leurs partisans voulaient enfermer le Pr Dioncounda Traoré, avec l’arrière – pensée de permettre au capitaine Sanogo de prendre la relève en vue de mettre en place, au sortir d’élections étroitement surveillées par la junte, un dispositif institutionnel composé d’ hommes et de femmes ayant leur préférence.
Pour être sûrs que les organes de la transition travailleront en toute sérénité, les chefs d’Etats ont décidé de l’envoi immédiat à Bamako d’un contingent militaire qui veillera sur leur sécurité.
A moins de vouloir plonger leur pays dans un nouveau cycle de violence aux conséquences incalculables et de s’exposer eux- mêmes à des sanctions (dont la nature et la gravité dépendront de la situation qu’ils auront créée) les putschistes devraient faire preuve de raison et de bon sens. En se retirant de la scène politique où ils n’ont rien à faire et en dissolvant le CNRDRE, un corps étranger, illégal et sans utilité dans le champ institutionnel du Mali.
C’est à cela que l’ONU, une fois de plus, les a appelés en terme sans équivoque qui a valeur d’avertissement.