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Mise en oeuvre de l’accord d’Alger, insécurité dans le Sahel: Bazoum plus royaliste que le roi
Publié le mardi 13 avril 2021  |  La lettre du Peuple
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© Autre presse par Rick Bajornas
le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum
Mohamed Bazoum, ministre nigérien des Affaires étrangères, s`adresse à la réunion de haut niveau sur le Sahel
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Depuis le 2 avril 2021, le Niger a un nouveau Président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. C’est la première fois qu’une alternance politique entre civiles au pouvoir intervient dans ce pays depuis l’avènement de la démocratie. L’événement était donc une fête pour la démocratie. Seulement voilà : depuis son investiture, les gens s’interrogent : le président du Niger veut-il diriger son pays en même temps que le Mali ?

Cette interrogation vaut son pesant d’or au regard du discours tenu par le nouveau président nigérien. Le ton et les mots qu’il a utilisés sortent du cadre du lexique diplomatique. En effet, à la limite, Mohamed Bazoum a donné l’impression de se substituer aux autorités de Bamako concernant la lutte contre le terrorisme et la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger. Une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de notre pays qui se bat contre une crise sécuritaire qui le malmène depuis près de dix ans. Un tel discours n’est pas acceptable concernant un pays comme le nôtre, fût-il affaibli par une crise.
Mohamed Bazoum, dans son discours et en véritable maître des lieux, a prôné, quel que soit le prix à payer par le Mali, la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger. « La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays. C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali dans le cadre d’une coordination étroite avec les pays du G5 Sahel, l’Algérie, la France, les États-Unis et les autres membres permanents du Conseil de sécurité notamment. Nous devons aider nos frères maliens à s’entendre, à mettre en œuvre l’Accord d’Alger, à le dépasser même, à reconstituer pleinement leur État en vue de lutter efficacement contre le terrorisme », a annoncé le président nigérien lors de son investiture.
Il fait ainsi de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger l’une des priorités de son mandat. Celui-là même qui a échappé à une tentative de coup d’Etat avant d’être investi fait comme si c’était lui le nouveau Président malien. En termes clairs, pour ce faire, il se rendra à Paris, en Algérie, dans les 5 pays du G5 et même aux Etats-Unis en vue de la mise en place d’une ligue de pression contre l’Etat malien dans le but de le forcer à appliquer l’Accord d’Alger. C’est tout ce qui importe pour Bazoum. Il veut seulement avoir la paix chez lui en chassant les terroristes, et tant pis si le Mali s’explose et s’effrite après.
Pire, il va jusqu’à vouloir partir au-delà de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger (jusqu’à où). Tout un agenda diplomatique y sera dédié, selon Mohamed Bazoum. Alors question : après Blaise Compaoré du Burkina Faso, Bazoum serait-il le nouveau homme de main de la France pour diviser le Mali ? Question légitime. Quand on sait que la finalité de la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, c’est l’effritement de notre Etat. Dans cet agenda caché, des voix s’élèvent depuis longtemps pour accuser la France.
Par moment, il a même donné l’impression à ses interlocuteurs que Niamey est plus fort et courageux que Bamako, en faisant passé le Mali le maillon faible de la lutte contre le terrorisme dans la sous-région. « S’agissant de l’EIGS, ce groupe criminel dirigé par des ressortissants des pays du Maghreb a ses principales bases en territoire malien, dans les régions de Ménaka et de Gao. Le combat contre lui sera très difficile aussi longtemps que l’Etat malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions », a dit Bazoum.
Le hic c’est qu’après ce discours à la tonalité provocatrice, il n’y a eu aucune réaction à Bamako. La réaction de notre Président de transition qui a la réputation d’homme qui ne se laisse pas intimider était vivement attendue. Mais pour l’instant, c’est le silence de carpe. Nous sommes vraiment tombés bas ? Plus aucun doute.
Moussa Diarra
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