Longtemps opposé au dialogue avec les djihadistes, le gouvernement malien a mis de l’eau dans son vin. Ce à quoi les djihadistes semblent répondre positivement. D’où le lieu pour les jihadistes et les chasseurs ‘’dozos’’ de signé un accord de cessez-le-feu avec l’aval des autorités maliennes dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali.
Depuis plus de six mois, le cercle est au centre de l’attention, notamment le village de HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1072106/politique/mali-que-se-passe-t-il-a-farabougou/”Farabougou, assiégé par des « jihadistes », défendu par des dozos, et théâtre d’attaques meurtrières. En juillet 2019, un accord entre les deux parties couvrant notamment la zone où se situe le village avait pourtant été négocié par l’association Faso Dambe Ton. Et en novembre 2020, quelques mois après leur installation, les autorités maliennes de transition ont à leur tour organisé un forum à Niono sur la réconciliation intercommunautaire. Mais aucune de ces initiatives n’a porté ses fruits.
Avec la bénédiction des autorités, une mission de bons offices et de réconciliation du Haut conseil islamique du Mali (HCI) a finalement trouvé le 14 mars un accord de cessez-le-feu d’une durée d’un mois entre les jihadistes – affiliés à la katiba Macina, groupe lui-même lié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) – , et les chasseurs traditionnels dozos. Environ 95 d’entre eux ont participé à la rencontre, selon des sources locales.
La signature même de cet accord avec des jihadistes fait polémique à Bamako. D’autant que les autorités acceptent de fait de céder de large partie de leurs prérogatives en échange du cessez-le-feu.
Pour M. Modibo Galy Cissé, anthropologue spécialiste des questions sécuritaires dans les régions du centre du Mali et doctorant à l’université de Leiden (Pays-Bas), cela est un premier pas.
Dans son analyse sur les perspectives offertes par cet accord, les populations de Farabougou avaient besoin de cette accalmie pour retrouver leur liberté de mouvement, pour pouvoir travailler et vaquer de nouveau à leurs occupations. Il explique : « Nous sommes dans la zone de l’Office du Niger, où les populations sont agro-éleveuses. La contre-saison a été mauvaise et l’année dernière, elles n’ont pas pu moissonner les champs labourés, qui ont été abandonnés, quand ils n’ont pas été incendiés. Elles ne peuvent pas se permettre de rater la grande saison qui se profile ». Avant de poursuivre : « Aussi, les pêcheurs ne pouvaient plus travailler dans cette zone et les foires étaient fermées ».
Face à cette situation, le HCIM a pu trouver une solution ; du moins, pour l’instant. Et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, s’est dit prêt à accepter de négocier avec le gouvernement transitoire du Mali, à la suite de la récente rencontre avec le Haut Conseil Islamique. Mais à une condition : que la France et l’ONU retirent leurs forces du Mali.
Une conditionnalité en guise de premier pas
« Nous sommes prêts à engager des négociations avec le gouvernement malien, qui a annoncé son souhait de négocier avec (le GSIM) afin de discuter des moyens de mettre fin au conflit sanglant entré dans sa neuvième année à cause de l’invasion des croisés français », a dit le groupe dans un communiqué publié par sa plateforme al-Zallaqa et authentifié par le Centre américain de surveillance des sites djihadistes SITE.
Et le groupe djihadiste d’ajouter : « Nous n’avons pas d’autre condition préalable pour prendre part à ces négociations que ce que le GSIM HYPERLINK “https://www.lepoint.fr/afrique/lutte-antiterroriste-au-sahel-de-la-friture-sur-la-ligne-23-11-2019-2349164_3826.php”présente comme la demande des Maliens, à savoir la fin de l’occupation raciste et arrogante des croisés français ». Avant de poursuivre : « Il ne saurait être question de négociations à l’ombre de l’occupation avant le départ du Mali de toutes les forces françaises et de ceux qui les suivent ».
En bloc, le GSIM décrit sa prise de position comme une réponse à la demande exprimée par les Maliens lors de récentes manifestations contre la présence française. Le gouvernement malien « devrait retirer l’invitation formelle » faite aux Français et « déclarer ouvertement la fin de la présence de Barkhane et des troupes de la Minusma sur son territoire ».
En attendant, les deux principaux chefs jihadistes, Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa ont fait savoir qu’ils ne seraient pas opposés à un dialogue avec les autorités maliennes.