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L’Essor N° 17509 du 3/9/2013

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Forces armées et de sécurité : la grande mue de la “grande muette”
Publié le mercredi 4 septembre 2013  |  L’Essor


© aBamako.com par A.S
Cérémonie de décoration des militaires tombés aux champs d`honneur
Bamako, le 25 avril 2013 à la base militaire. Le chef de l`Etat par intérim Dioncounda Traoré a décoré à titre posthume les militaires maliens tombés sur les champs de bataille


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Humiliées et handicapées par les errements du commandement, une formation de faible niveau et une absence de discipline, les forces armées et de sécurité qui ont commencé à remonter la pente, espèrent être dotées d’équipements nécessaires pour retrouver les vertus qui ont jadis fait leur réputation. En plébiscitant Ibrahim Boubacar Keïta comme président de la République, nos compatriotes ont envoyé un signal facile à décoder : ils lui font entièrement confiance pour faire face aux défis colossaux que le pays doit relever après avoir traversé la crise la plus grave de son histoire récente.

Étant entendu qu’il n’y a pas de développement sans paix et sécurité et inversement, la refonte de l’outil de défense s’impose au cœur des priorités du nouveau chef de l’État comme il l’a promis lors de la campagne électorale et confirmé dans sa première déclaration après la proclamation des résultats définitifs du second tour de l’élection. Tout comme les autres gros dossiers qui l’attendent, la reforme des forces armées et de sécurité s’avère un chantier de taille.

Ces forces armées attendent une rupture totale avec les pratiques de la période récente. Autant sur le plan de la gestion, de l’organisation qu’au niveau de la dotation en moyens adéquats. Les FAMAS ont aussi besoin d’un réarmement moral pour être à la hauteur des besoins d’une Nation qui a failli disparaitre.

L’une des toutes premières priorités à être inscrite sur l’agenda de la refondation de l’outil de défense sera la restauration de la discipline et de la cohésion au sein des FAMAS. Ces deux vertus qui font la force principale des armées ont été sérieusement bafouées ces dernières années. Et cela pour plusieurs raisons. La moindre d’entre elles n’est pas la rupture de la confiance entre la hiérarchie et les éléments de la troupe. Sans compter les défaillances de la chaîne de commandement.

Le nécessaire rétablissement de la discipline et de la cohésion commence sans doute par la moralisation des opérations de recrutement. Nombre de responsables de la Défense et de la Sécurité conviennent qu’il faut mettre en place de centres de formation commune de base unifiés. En clair, que les recrues de l’armée, de la garde, de la gendarmerie, et de la police subissent ensemble une formation de base de 6 à 8 mois. Chacun rejoint ensuite son corps pour la spécialisation. L’élaboration et l’adoption d’un statut général rigoureux, assorti de statuts particuliers et de plans de carrière spécifiques pour chaque arme ou service sont aussi essentielles. Cette approche devrait permettre d’éviter que les officiers supérieurs et généraux se retrouvent au « garage » une fois relevés de leur fonction. Aujourd’hui, cette situation est source d’amertume et de déception.

Mais si une armée digne de ce nom suppose la discipline et la cohésion en son sein, il lui faut aussi être équipée. Ce processus d’équipement des Forces armées et de sécurité enclenché à la faveur des opérations de reconquête de l’intégrité du territoire national doit donc être poursuivi et soutenu.

Comment comprendre dans cet ordre d’idées que l’aviation militaire malienne, jadis enviée et jalousée dans la sous-région et indispensable pour contrôler notre vaste territoire, soit pratiquement inexistante aujourd’hui ? Elle n’est pas opérationnelle car sa flotte a fondu et son personnel navigant a besoin de formation. Le même constat vaut pour les autres corps notamment les blindés, l’artillerie, le Génie et, dans une moindre mesure, l’infanterie.

Aujourd’hui, les vrais spécialistes se compteraient presque sur les doigts d’une main dans ces différents corps d’armes. Pour une raison simple : ceux qui étaient bien formés et avaient de l’expérience sont presque tous à la retraite. Or, les jeunes cadres n’ont pu bénéficier des mêmes opportunités de formation que leurs aînés.

Par ailleurs l’armée malienne, pionnière dans la participation aux opérations de maintien de la paix en Afrique et dans le monde depuis le Congo belge dans les années 60, n’a plus envoyé de contingent en mission de maintien de la paix depuis 1999. C’était en Sierra Leone, dans le cadre de l’Ecomog. Certes des observateurs militaires maliens sont actuellement présents dans différents foyers de tension en Afrique et dans le monde. Mais l’envoi de véritables contingents a comme premier avantage l’accroissement du professionnalisme des militaires et leur familiarisation avec les principes des missions de paix des Nations unies.

Le peuple malien jadis si fier de son armée attend beaucoup de ses nouveaux dirigeants pour reconstruire des forces de défense qui assurent sa sécurité et l’intégrité territoriale du pays pour effacer pour toujours l’image piteuse que la « Grande muette » a renvoyée au monde entier au moment de la crise du Nord et les divisions internes dont le point culminant a été les affrontements interarmes à Bamako pendant que les deux tiers du pays étaient occupés par des aventuriers de tous calibres. Pour la refondation de l’outil de défense nationale, les nouveaux dirigeants ont du pain sur la planche. Mais comme le dit l’adage, à cœur vaillant, rien d’impossible.

M. N. TRAORE

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