La double représentation du Mali auprès des nations amies devient un syndrome propre à la diplomatie malienne, jamais vu ailleurs. Voyant la fin d’une époque venir avec l’entrée en fonction du président élu, les autorités de la transition ont procédé à des vagues de nomination à l'étranger en demandant aux promus de « rallier vite les postes d'affectation pour éviter une remise en cause par le nouveau Président » qui prête serment ce mercredi 4 septembre. Pendant que le feuilleton à Ouaga n’a pas connu son épilogue, c’est le syndrome atteint la diplomatie malienne à New-York.
Robert Sékou Kassé, c’est le nom du nouvel Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à la Mission résidente du Mali auprès des Nations-Unies à New York. Sans rien attendre, après sa nomination, il a rejoint illico son poste à New-York alors que l’ancien Ambassadeur n’est pas prêt à plier bagages. La nomination de ce dernier à l’Ambassade du Mali à Rome pour l’Italie et le Vatican n’a pas permis de trouver une solution au problème provoqué par le président Dioncounda Traoré en prenant des décrets de nominations en vrac et dans la précipitation. L’ambassadeur sortant ne veut pas non plus rejoindre Rome. Alors deux Ambassadeurs, le rentrant et le sortant sont tous à New-York, au détriment de l’image de notre pays à l’extérieur. Le scandale s’est étendu à Washington où le nouveau a marché sur le pied de l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire sortant du Mali auprès des Etats-Unis d’Amérique, El Mahmoune Daba Lamine Kéita. Dans ces Etats amis du Mali, on se pose la question, quelle mouche a piqué le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, au crépuscule de son règne de transition ? Pourquoi un tel cafouillage?
Au même moment, les victimes du Décret n° 552/ P-RM du 4 Juillet 2013 rappelant 12 à 16 Ambassadeurs et Consuls Généraux, crient à l'injustice, accusant le Président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, de vouloir opposer les diplomates et ternir l'image du Mali à l'extérieur. C'est pourquoi un appel au calme circule entre les missions concernées invitant les diplomates rappelés à éviter tout scandale du genre survenu à la représentation diplomatique du Mali à Ouaga. A travers cet appel, ils sont invités « à rentrer au bercail dès réception de leurs billets » ou, à défaut, « préfinancer le voyage »; car des chefs de mission rappelés depuis plus d'un an attendent encore leurs titres de voyage. Leurs remplaçants piaffent d'impatience et certains se disent même prêts à « préfinancer » leurs voyages.
Au même moment le département demande aux diplomates en congé administratif après 3 ans de service, de préfinancer leur déplacement sur le Mali, faute de liquidité (Message Fax n° 667/ Mae-ci du 16 Août 2013). Et paradoxalement, on procède à des vagues de nomination à l'étranger en demandant aux promus de « rallier vite les postes d'affectation pour éviter une remise en cause par le nouveau Président », confient des sources proches du département. Face à ce cafouillage diplomatique, marqué par l'indignation manifestée par des pays d'accréditation, certaines autorités étrangères sortent de leur devoir de réserve. « On se demande quel héritage veut laisser le Président de la Transition à la Diplomatie malienne » ?