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Seydou Mamadou Coulibaly : Où est l’ombre de Patrice Talon ?
Publié le vendredi 16 avril 2021  |  L'Observatoire
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Alors qu’il se prend pour un Patrice talon malien, Seydou Coulibaly brille par son retard pris sur la politique. Son incapacité à se doter d’un projet de société viable le livre au ridicule sur tous les plateaux. Retour sur les traces de celui qui prétend incarner Talon, dont le parcours n’a rien de comparable au Président béninois.




Seydou Mamadou Coulibaly, PDG de CIRA Immo et président du mouvement Benkan, peut-il incarner le modèle de Patrice Talon au Mali ? N’y a –t-il pas, dans sa démarche, une manœuvre de gagner la sympathie des populations en voulant se faire passer pour un Patrice Talon ? Rien n’est moins sûr. La différence entre les deux hommes, c’est comme le ciel et la terre.

L’antipode de Patrice Talon

A la tête d’un empire financier important acquis sous les régimes démocratiques, Seydou Mamadou Coulibaly est l’antipode de Patrice Talon qui a embrassé le monde des affaires depuis 1983, soit huit ans avant Seydou qui a fondé avec son associé CIRA SAS en septembre 1991.

Spécialiste dans le domaine de la conception et de la supervision des travaux d’infrastructures hydrauliques, de transport et de projets de développement rural et urbain, Seydou Mamadou Coulibaly, est titulaire d’un diplôme d’Ingénieur en Génie Civil option Hydraulique de l’École Nationale d’Ingénieurs (ÉNI) de Bamako, d’un DESS en Aménagements Hydro-Agricoles de l’École d’Ingénieur Inter-états (ÉIER, Burkina Faso) et d’un Certificat de spécialisation en Hydraulique Agricole de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).

De son coté, Patrice Talon a été un passionné des avions depuis l’enfance. « Après un baccalauréat série C obtenu à Dakar, en deuxième année de maths-physique, il réussit au concours de pilote de ligne d’Air Afrique et est envoyé à la base aérienne de Digne, en France, pour la visite médicale. C’est à ce niveau que malheureusement son rêve d’enfance se brise puisqu’il est recalé pour ‘’inaptitude moteur’’ ». « Il s’installe alors à Paris, où ses aptitudes dans les affaires (qu’il pratiquait depuis le collège avec des petits trafics de pièces détachées au Nigeria) lui ouvrent très rapidement les bonnes portes. Il entre en 1983 dans l’activité de négoce des emballages et des intrants agricoles. Il crée en 1985 la Société de distribution intercontinentale (SDI), qui fournit des intrants agricoles aux producteurs de coton ».

Autorisé à rentrer dans son pays en 2015, après que l’affaire qui l’opposait au président d’alors, Yaye Boni, soit classée, Patrice Talon a décidé de se lancer en politique, avec des idées telles que le mandat présidentiel unique et la consolidation de la république. Il s’est porté comme candidat de la rupture et de la justice indépendante.

Deux Etats d’Afrique de l’Ouest, le Benin et le Mali sont aussi différents que les deux hommes qui n’ont de point commun que, le titre d’homme d’affaires. Du point de vue superficie et de population, le Mali dépasse de loin le Benin. En 2019, le Mali comptait 19,16 millions d’habitants avec une superficie de 1.241.238 km2. Tandis que le Benin s’étend de 114 764 km2 avec 11, 5 millions d’habitants en 2019 aussi.

Quid du projet de société ?

En panne d’inspiration de projet de société, Seydou Mamadou Coulibaly n’a trouvé que la personne de Patrice Talon pour se faire une aura au Mali. Une candidature doit être portée par un projet de société axé sur les besoins des populations. Dans son pays, en 2016, Talon a axé sa candidature sur la rupture et la justice indépendante, lesquelles ont eu l’adhésion de ses populations.

Pour des observateurs de la scène politique, Seydou Mamadou Coulibaly devrait proposer son projet de société dans lequel on pourrait voir son idéal politique. Sa démarche actuellement sur le terrain suscite de commentaires. Selon eux, elle n’est pas de nature à lui faciliter la tâche, elle est loin d’être celle adoptée par Patrice Talon en 2016 dans son pays.

A Mopti, le week-end dernier, Seydou a offert des céréales aux populations. Une démarche assimilable à l’achat des consciences à l’approche des élections présidentielles. Pourquoi cette donation maintenant, surtout à l’approche des élections ? Pourquoi n’avons-nous jamais eu écho de sa bonté, de sa générosité si ce n’est maintenant ? Ce sont là des interrogations d’un internaute qui ajoute. « Arrêtez de vous foutre des Maliens. Nous acceptons notre pauvreté et sommes désormais résignés à crever de faim plutôt que de demeurer de bétails électoraux ». Certes, ces propos sont durs. Mais, il est clair que le citoyen malien veut aujourd’hui dépasser ses anciennes pratiques.

Par cette manière de procéder pour gagner la sympathie des populations, Seydou Mamadou Coulibaly démontre qu’il fait partie de ces hommes et femmes que les Maliens dénoncent d’avoir foutu le pays en ce temps de la démocratie.

« Le peuple c’est le cadet le leurs soucis »

Issaga Traoré, acteur majeur de la lutte pour la démocratie au Mali, est convaincu que les acteurs démocratiques qui ont géré le Mali depuis 1992 sont responsables de sa situation actuelle. « Avec ces mêmes politiciens de 1992 à nos jours, s’ils reprennent le pouvoir, c’est fini, même s’il y’a des bons parmi eux. Il faut voir ailleurs, mais il ne faudrait pas qu’on nous amène des hommes d’affaires. Ça sera la même chose. Le peuple c’est le cadet le leurs soucis », avertissait le doyen dans une interview qu’il avait accordée à notre Rédaction.

Alors que dire du simulacre de Patrice Talon auquel nous assistons ? Les Maliens face à la situation difficile du pays ne préfèreraient-ils pas, au lieu du modèle trompeur de Talon, un homme de poing à la dimension de Winston Churchill qui disait en mai 1940, pour son pays l’Angleterre, « je n’ai à offrir du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » ?

A l’enfant de Markala, le faux sosie de Patrice Talon, nous répondons que le chemin est long.

Ousmane Morba

Source : L’Observatoire
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