Cher grand-père
Maintenant faisons nos valises et quittons ce pays. Le Mali n’en finit pas. Tout le monde est devenu expert. La Constitution se veut être révisée par des ONG. Des sociologues avares de compétence se prononcent sur des vaccins. Les médecins prennent les patients pour des marchandises. Des stratégies militaires sont divulguées sur Facebook. C’est sur les réseaux sociaux qu’on juge toutes les compétences et on habille le médiocre pour le meilleur. Maintenant, on n’a fini tout cela. Il parait que les politiques ont échoué, les militaires idem et il faut confier le pays aux religieux. Comme un ballon, le Mali doit faire le tour entre les différents clubs de la nation. Faisons nos valises et quittons ce pays.
Ah oui ! Cher grand-père ! Les juges ont mal tranché les différends. Les enseignants ont mal enseigné. Les médecins ont mal soigné. Les dirigeants ont mal dirigé. Les conseillers ont mal conseillé. Les électeurs ont mal élu. Les législateurs ont mal légiféré. Les partenaires ont mal collaboré. La société a mal réagi. Les militaires ont mal défendu. Les policiers et les gendarmes ont mal sécurisé. Et tout cela depuis plus de 50 ans. Tout ce que l’on a toujours fait, c’est de changer de pilote sans jamais changer de direction. Les gens ont appris à se plaire dans le médiocre et se complaire avec le nul. Rien ne bouge et rien n’avance. Aujourd’hui, la dictature est applaudie sur la démocratie. Démence ou foutaise ? Je ne sais point. Mais ça se dit ! Qu’il faut la dictature pour diriger les Maliens. C’est-à-dire en français facile, un chef de l’Etat qui va jouer même les rôles de papa. Car eux aussi ont très mal éduqué leurs enfants.
Oui ! Cher grand-père ! Qu’il faut maintenant confier le pays aux religieux pour qu’on les essaie eux aussi. Mdr ! Ça me rappelle cette petite pyramide qui conduit la destinée de l’Afrique depuis un certain temps. Comment l’école gouverne en Afrique ? A déjà expliqué un internaute. Il dit ceci : « Les meilleurs dans les classes finissent leur université et deviennent des ingénieurs et des hauts cadres pour faire fonctionner l’administration. Tout silencieusement. Les passables, finissent la leur, se mettent à crier et à accuser le système. Ils deviennent des politiques leaders d’opinions et occupent les postes clés pour diriger les meilleurs. Ensuite, les recalés. Eux, ils abandonnent et se lancent dans le commerce pour devenir des opérateurs économiques. Ce sont eux qui financent les politiques. Qui financent, dictent. Eux, ils viennent coiffer alors les passables. Au dernier niveau, se trouvent, ceux qui n’ont pas été à l’école ou ont abandonné très tôt. A leur tour deviennent des guides religieux à qui les opérateurs économiques et les politiques sont soumis ». Et pour clore, ce sont eux qui orientent le tout. Grand-père, un dessin vaut mieux que mille mots.
Maintenant ce qui est gâté est gâté. On veut confier le pays aux religieux pour qu’eux aussi voient ce qu’ils peuvent faire au Mali, pardon pour le Mali. Je m’imagine déjà quelle forme de l’Etat, faudrait-il créer pour ce Mali. Pas un Etat islamique, je sais. Trop de nos FAMa sont partis dans cette lutte. Et je sais que nos très très religieux sont allergiques à la Charia. Pas une dictature non plus. Une démocratie à part, j’en suis sûr. La laïcité aussi ? Le Mali s’en va pour un véritable Etat chauve-souris. Le mieux, c’est de prendre nos valises et de quitter ce pays. En deçà, nous sommes allergiques au changement. On fait semblant mais on demeure. A mardi prochain pour ma 94e lettre ! Inch’Allah !