La Coalition populaire pour le Sahel a été formée l’année dernière et est soutenue par des organisations telles qu’Oxfam et Human Rights Watch (HRW).
Bamako/Niamey/Ouagadougou, 13 avril (TASR) – Des dizaines d’organisations non gouvernementales ont appelé mardi à une nouvelle approche de la lutte contre le djihadisme dans la région du Sahel en Afrique. Outre le dialogue avec les rebelles, ils ont déclaré qu’il était également important de protéger les civils contre les forces de sécurité de l’État. C’est ce qu’a rapporté l’agence de presse AFP.
La Coalition populaire pour le Sahel a été formée l’année dernière et est soutenue par des organisations telles qu’Oxfam et Human Rights Watch (HRW). Elle comprend également des organisations et des groupes de défense des droits des femmes, dont la plupart proviennent du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
« Les soldats, qui sont censés protéger la population locale, ont tué plus de civils dans le centre du Sahel que les groupes armés non étatiques. Pourtant, pas un seul soldat ou commandant de milice malien, nigérian ou burkinabé impliqué dans des violations des droits de l’homme n’a encore été traduit en justice », indique le rapport de la coalition.
L’association a également demandé des procès équitables et impartiaux pour les cas de meurtres, de viols et de tortures commis par les deux parties et une « politique de tolérance zéro pour les crimes commis par les forces de sécurité ».
« L’approche actuelle a clairement échoué à réduire le nombre d’attaques menées par des groupes dits djihadistes, qui a presque doublé chaque année depuis 2016 », indique le communiqué.
La coalition appelle également à « une redéfinition radicale des priorités afin que le succès de la répression ne se mesure pas seulement au nombre de « terroristes neutralisés », mais aussi au nombre de civils protégés, au nombre de personnes déplacées qui sont volontairement rentrées chez elles, au nombre d’écoles rouvertes et à la superficie des terres agricoles qui ont été remises en culture ».
Selon le rapport, les différents pays dépensent environ deux milliards d’euros chaque année pour la lutte contre le terrorisme au Sahel, soit quatre fois plus que ce qui a été dépensé en aide humanitaire sur la même période.
Les dépenses de sécurité au Mali, au Niger et au Burkina Faso représentent jusqu’à un cinquième de leurs budgets nationaux, rappelle l’AFP. Cet argent est principalement alloué au détriment de projets sociaux de base, et des sommes importantes sont également volées. Au Niger, par exemple, 116 millions d’euros ont été détournés entre 2014 et 19, selon un audit réalisé par un inspecteur militaire.
Au total, deux millions de personnes ont déjà fui les violences dans les trois États mentionnés, et 14,4 millions d’autres ont besoin d’une aide humanitaire, rappelle la Coalition populaire.
Le Sahel est le territoire d’Afrique du Nord situé au sud du Sahara, qu’il sépare des forêts tropicales. Elle comprend une bande de steppes et de savanes qui s’étend d’ouest en est sur le continent – en Mauritanie, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, au Soudan et en Éthiopie.
Des groupes extrémistes liés aux organisations terroristes Al-Qaïda et l’État islamique (EI) continuent de lancer des attaques dans la région et ont réussi à prendre le contrôle de certaines parties du Mali, du Niger et du Burkina Faso.