La question de l’utilité de l’or pour le développement du Mali est de plus en plus posée depuis quelques années. Avec plus de 11 mines modernes disposant de leurs usines de traitement du minerai, le Mali peine à décoller sur le plan économique. La question est d’ailleurs évoquée par Bah N’Daw, le président de la transition, qui a promis que l’or du Mali appartiendra désormais aux Maliens. Cela sous-entend que des étrangers tirent plus de profits du métal jaune l’or que les Maliens, à cause de la corruption.
Le président de la Transition parlait de transparence en promettant de destiner l’or malien au seul bénéfice du peuple. Le problème est que l’or du Mali est pillé, avec la complicité des Maliens employés dans les mines, mais aussi dans la haute de l’administration publique, notamment dans les services relevant de ministères impliqués dans le processus de commercialisation de l’or.
Il faudra donc que le président de la Transition se batte contre des loups déguisés en agneaux au sein des services publics concernés. En tout cas, les rapports officiels de vérifications et d’autres audits sont disponibles.Il ne reste plus que pour le chef de l’Etat de les transmette au jugecensé traquer les coupables. Mais Bah N’Daw devra aussi mettre un peu plus d’effort personnel dans le suivi des dossiers de corruption concernant l’or malien. Les autorités judiciaires ont besoin de la volonté politique pour faire avancer la justice sur les sujets délicats comme l’or.
On a appris des cas de détournement graves comme celui des quoteparts de l’Etat entre 2018 et 2019. Selon des sources bien renseignées, la part de l’Etat n’a jamais été versée dans les caisses de l’Etat, et personne n’a levé le petit doigt pour dénoncer au sommet de l’Etat cette pratique. Les auteurs de cette forfaiture ont bénéficié de la couverture de hauts cadres de l’Etat. Jamais un tel vol n’avait été organisé au Mali sans suite judiciaire.
Alors, le président de la Transition doit s’intéresser à cette affaire dont les responsables sont encore parmi nous au Mali. Mais il n’y a pas que les cadres de l’administration qui sont impliqués dans le vol de l’or. Les autorités locales, notamment dans les mairies, sont pointées du doigt. Rares sont les maires qui utilisent pour le bien des populations les fonds débloqués par les mines dans le but de booster l’économie locale, entretenir les services locaux.
Dans plusieurs localités, il manque d’électricité, d’eau potable, d’écoles et d’enseignants. Pourtant, des milliards sont débloqués chaque année par les grandes firmes qui interviennent au Mali. Cet argent est mis à la disposition des maires dont la responsabilité est de construire des écoles, des routes communales et d’autres investissements locaux. Le vérificateur général doit regarder plus près dans la gestion de ces fonds que l’Etat et les mines attribuent aux collectivités locales. Ce qui est clair, l’or ne brille pas encore pour les Maliens qui vivent dans les zones minières.