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Ingérence politique dans la crise du patronat : Pourquoi les militaires sont coupables…
Publié le lundi 19 avril 2021  |  la preuve
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie d’Ouverture de la 50è session du conseil des Ministres de l’OHADA
Bamako, le 24 Mars 2021, l`hôtel sheraton a abrité la cérémonie d’Ouverture de la 50è session du conseil des Ministres de l’OHADA sous la haute présidence du Président de la Transition SEM Bah N’DAW.
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La crise couve au patronat, au Mali, depuis la prise du pouvoir par la junte militaire. Avec ce feuilleton judiciaire interminable qui paralyse ce haut lieu des affaires, c’est toute l’économie du pays qui s’effrite inexorablement. Une destruction du tissu économique qui se passe sous un silence assourdissant des autorités militaires de la transition, soupçonnées, dans cette procédure judiciaire par bon nombre de professionnels du secteur comme ayant ouvertement entravé la marche normale de la justice.
Le Conseil national du patronat malien (Cnpm) n’est le plus même organisme, dans le dynamisme qu’on lui connait, sur la scène publique, pour le rôle d’interface virevoltant vis-à-vis des pouvoirs publics, depuis qu’il est plongé dans une crise judiciaire aux relents politiques aigus. Conséquence prévisible : lastagnation économique a gagné du terrain dans un pays, complètement miné par des difficultés de toutes sortes.

Il n’en pas fallu autant de chocs économiques, durement ressentis par les secteurs névralgiques, pour certains du secteur économique, les plus avisés, s’interrogent sur les desseins cachés des nouvelles autorités militaires sur cette question centrale, touchant les intérêts économiques vitaux de notre pays.

En termes plus clairs, les autorités de la Transition sont ouvertement taxées par plusieurs opérateurs privés d’ingérence politique inexplicable dans le feuilleton judiciaire qui a éclaté au sein du Patronat. La raison en est toute simple ; en ce sens que beaucoup d’acteurs économiques ne comprennent pas que l’intrusion d’un président autoproclamé à la tête de l’institution, à l’issue d’une élection bâclée et organisée en pleine rue, ne pouvait pas être validée, au plan de la procédure normale, si l’interférence politique n’avait pas pris pied dans cette affaire judiciaire.

Il en est ainsi, depuis l’avènement des militaires sur la scène publique, dans le but, dit-on, de stopper tout net un Conseil national du patronat malien, dynamique et pris, à juste raison, comme une institution soucieuse de la défense du secteur privé, et qui, de ce fait, le démontre bien dans chacune de ses actions avec les pouvoirs publics. Raison pour laquelle elle estconsidéré, pour la même raison, comme un empêcheur de tourner en rond, pour les autorités militaires, outrées qu’elles sont de se voir en face d’un contrepouvoir crédible, à l’image du Patronat qui n’hésiterait pas, chaque fois que cela est nécessaire, d’intervenir pour défendre les intérêts du secteur privé.

En tout cas, c’était le cas, depuis belle lurette, avec l’équipe du président du Patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, qui a su galvaniser à la fois les énergies internes et les canaux de la diplomatie économique, à travers les partenaires étrangers, pour renforcer la vitalité économique des entreprises. Une notoriété publique acquise par le Patronat qui ne va pas sans quelques éraillures avec les décideurs nationaux, surtout lorsque le secteur privé est menacé par certaines des mesures politiques contraignantes.

Cependant, à contrario, ce que le pays, notamment les ménages et les contribuables, gagnait à travers le dynamisme du Patronat, c’est que ce dernier, par la qualité de ses actions menées auprès des acteurs économiques, jouait également bien le rôle de médiateur assidu et compétent avec les différents segments de la vie productive, dès lors que la fronde des milieux économiques menaçait de rompre le climat social et économique.

Tous ces acquis engrangés par le patronat, les autorités de la transition n’en ont cure, puisqu’il s’agit de fragiliser un empêcheur de tourner en rond. Voilà pourquoi la crise du Patronat est devenue, mine de rien, un enjeu politico-judiciaire qui n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Même si le Patronat ne doit être que l’ombre de lui-même, maintenu et affaibli dans un feuilleton politico-judiciaire à plusieurs rebondissements, avec comme conséquence fâcheuse de plonger le pays dans une morosité économique, il faut le faire absolument. Pourvu qu’il ne soit pas ce contrepouvoir gênant, capable de donner du fil à retordre à des autorités militaires, insensibles à la contestation.

C’est justement la raison pour laquelle de nombreux professionnels du secteur n’hésitent plus à dénoncer la grave interférence des autorités du pays dans la crise du Patronat. Ils en donnent la parfaite illustration par l’attitude de celles-ci às’opposer carrément, et à plusieurs reprises, à l’exécution d’une décision de justice (la seule décision qui existe à ce jour dans cette affaire rocambolesque et qui bénéficie, comme l’atteste la grosse de justice, l’autorité de la chose jugée), au profit du président duCnpm. Une volonté manifeste d’entretenir et d’envenimer une crise qui n’a que trop duré.

Si récemment, dans la presse, le président du Patronat a dénoncé l’absence de perspectives économiques dans le PAG, présenté par le Premier ministre, Moctar Ouane, devant le CNT, l’organe législatif de la transition, qu’il a jugé comme une grande déception, il était bien dans son bon droit, selon plusieurs observateurs avisés.Le président du Cnpm, Mamadou Sinsy Coulibaly, dont on dit de lui qu’il est intraitable quand le secteur privé n’est pas jugé dans ses justes proportions, avait estimé, en son temps, que c’est décevant pour un PM qui présente son PAG au peuple, et qui ne fait ni « référence au secteur privé créateur de richesse », ni un clin d’œil à « l’endroit des hommes et des femmes qui risquent les jours pour financer le développement économique du Mali ».

Peut-être qu’il paye aujourd’hui pour son courage face à des autorités du pays qui n’hésitent plus à lui rabattre le caquet, en optant pour une si dangereuse et périlleuse interférence politique dans ce dossier judiciaire, aujourd’hui plus fortement décriée, loin, au-delà des frontières closes de notre pays, et dont les échos négatifs dégradent autrement plus lourdement le climat des affaires dans le pays.

Oumar KONATE
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