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Pourquoi la Belgique et les Pays-Bas entrent dans Takuba si timidement ?
Publié le vendredi 23 avril 2021  |  Nouvelle Libération
Serval
© AFP par Byline
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Trois officiers belges

La Belgique a, discrètement, décidé de dépêcher trois officiers d’état-major au sein de la Task Force Takuba. C’est ce qu’a appris notre collègue de Belga, juste avant Pâques. Déploiement prévu : à partir du 19 avril.

Le précédent gouvernement dirigé par Sophie Wilmès avait décidé, en novembre 2019, sur le principe affecter trois officiers de liaison à ce qui était alors appelée une CJSOTF (Combined Joint Special Operations Task Force). Mais ce déploiement ne s’était jamais concrétisé. Le gouvernement a fini par donner vendredi (2 avril) son feu vert à l’engagement de ces trois officiers d’état-major. Deux d’entre eux seront déployés au Mali et le troisième le sera au Tchad.

Deux officiers néerlandais

Du côté néerlandais, la décision avait été prise peu avant. Le 16 mars, lors d’une rencontre à Paris avec son homologue française Florence Parly, la ministre néerlandaise Ank Bijleveld avait acté le départ de deux officiers néerlandais dans les états-majors de la task-force Takuba.

Un officier de liaison au quartier général de l’opération Barkhane au Tchad et un officier de renseignement au quartier général de Takuba à Ménaka, au Mali. Peu auparavant, l’ambassadeur néerlandais en France, Pieter de Gooijer, avait signé (le 9 mars) avec son homologue malien, à Paris, un accord sur le statut (SOFA) des militaires néerlandais participant à la task-force.

Le déploiement sur le terrain : pas tout de suite

Un déploiement plus important de forces spéciales sur le terrain n’est pas encore prévu. Du côté belge, on ne l’exclut pas. Mais le projet d’envoi d’une compagnie aux côtés de Barkhane se heurte pour l’instant à des difficultés d’ordre politique, comme de disponibilités. La faisabilité d’une participation belge à l’opération Barkhane est «toujours à l’étude» indique laconiquement la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder devant la commission défense de la Chambre le 10 février.

Le retrait des militaires des patrouilles mobiles dans les rues et les lieux publics, comme les gardes statiques de certains bâtiments sensibles, dans le cadre de l’opération anti-terroriste Vigilant Guardian, au profit des policiers devrait permettre de récupérer un certain nombre de disponibilités. Et l’arrivée du premier A400M, suivi d’un autre dans les mois qui suivent, devrait permettre de récupérer une capacité de transport perdue aujourd’hui (faute de disponibilité de C-130).

Idem côté Pays-Bas

Les élections suivies de la mise en place d’une nouvelle coalition gouvernementale (délicate) obligent aussi à attendre un peu que la situation politique s’éclaircisse. Tout envoi de troupes nécessite en effet un projet de loi, approuvé par la Seconde Chambre (le parlement élu).

Et il y a, là aussi, des considérations opérationnelles. Les capacités requises des forces d’opérations spéciales (SOF) «ne sont pas disponibles» affirme-t-on à La Haye. Elles sont actuellement occupées «en Irak et en Afghanistan jusqu’au début 2022». D’autres capacités nécessaires —transports ou évacuations médicales— ne sont pas «non plus disponibles».

Une utilité limitée au niveau opérationnel, très importante en matière d’acculturation

Ce déploiement, plutôt limité, a plusieurs intérêts. Tout d’abord, «s’informer», comme l’explique un officiel néerlandais. Cela va permettre, en effet, à ces deux pays d’enrichir leurs connaissances sur le terrain, dans une zone —le Sahel— ou Belges comme Néerlandais ont été déployés, mais pas dans des missions de combat rapproché, de voir comment évolue l’opération. Cela permet aussi de cultiver l’interopérabilité des forces, de travailler en multinational avec les Français, comme avec les Maliens. Bref, cela favorise une acculturation.

C’est aussi un préalable nécessaire avant un déploiement ultérieur, surtout pour des pays plus enclins à intervenir dans un cadre multinational ‘formaté’ (type OTAN, ONU ou UE). C’est une sorte d’exercice pratique à ce qui s’est fait ‘sur table’, au niveau politico-militaire, au sein de l’initiative européenne d’intervention (IEI).

Enfin, cela permet de compléter quelques postes bien spécifiques dans un état-major (ce qui n’est pas toujours évident).

Source/Nouvelle Libération par Nicolas Gros-Verheyde
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