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Général Yamoussa Camara auteur du livre “présumé coupable, ma part de vérité” : “Ma seule motivation était de délivrer ma part de vérité dans une affaire qui ne me concerne ni de près ni de loin”
Publié le samedi 24 avril 2021  |  Aujourd`hui
Réconciliation
© aBamako.com par Dia
Réconciliation Nationale: Cérémonie d`Ouverture des Assises Nationales sur le Nord
Bamako, du 1er au 02 Novembre 2013. Dans le cadre de Faire connaître et de partager les préoccupations et les attentes du peuple malien sur la voie de la recherche d`une paix durable, juste et inclusive à travers le pays; SEM. Ibrahima Boubacar Keita, Président de la République du Mali a initié les « Assises Nationales sur le Nord ». Il a présidé leur ouverture ce matin au CICB, sous l`égide du Ministère de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M. Cheick Oumar DIARRAH . Photo:Gal Yamoussa Camara, chef d’Etat-major particulier de la Présidence
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Le général de division à la retraite Yamoussa Camara, auteur du livre “Présumé coupable, ma part de vérité” était l’invité d’Africable Télévision du dimanche 18 avril 2021 pour parler des raisons qui ont motivé l’écriture du livre.
Interrogé sur les motivations du livre “Présumé coupable, ma part de vérité”, le général Yamoussa Camara a d’abord précisé qu’il n’est pas un homme de plume, prédestiné à écrire quoi que ce soit, soulignant qu’il était dans l’obligation d’écrire ce livre, l’alternative pour lui de faire part de sa vérité sur un épisode particulièrement douloureux de l’histoire qu’est “l’affaire” dite des bérets rouges.

“Dans nos pays quand quelqu’un détient le pouvoir, il détient tous les pouvoirs que j’ai appelé la verticale du pouvoir. Je me demande si le législateur malien a été bien inspiré en créant un troisième pouvoir qu’il a appelé pompeusement le pouvoir judiciaire. En réalité, celui qui détient le pouvoir, détient tous les pouvoirs. Et le pouvoir judiciaire est toujours à la traîne du pouvoir exécutif qui se joue de vie comme une sorte de variable d’ajustement politico-judiciaire. Dans l’armée comme en politique d’ailleurs, j’ai appris que l’inattendu est le plus certain. Je ne m’étais jamais imaginé que j’allais me retrouver dans une telle situation parce que toutes les voies étaient fermées. C’est comme si j’étais dans une bulle.

Je criais de toutes mes forces, personne ne m’aurait entendu et personne ne m’aurait cru. Parce que le communiqué du gouvernement avait fait florès et avait réussi à installer dans les esprits la conviction de ma culpabilité. Toute dénégation aurait été inutile. […] J’ai préféré rester dans la dignité. […] J’avoue que j’ai souffert le martyre. Toutes les voies étaient fermées Ce qui me restait à faire, c’était d’utiliser l’écriture. Sinon, je ne suis pas un homme de plume. Je n’en ai ni la vocation, ni la compétence. J’étais obligé d’écrire ce livre avec tout le sérieux pour que les gens puissent comprendre la vérité […]”, a-t-il expliqué.

“L’information que je n’ai eu la chance de donner devant le tribunal”

Comment et quand l’idée d’écrire ce livre a-t-il germé ? Il a répondu que depuis sa mise sous mandat de dépôt, il se disait qu’on ne peut le juger puisqu’il était en activité et tenu par le devoir de réserve pour ne pas exposer certaines choses. Mais, a-t-il précisé, cela n’avait rien à voir avec que les gens disent que l’Armée est “la Grande muette”.

“La Grande muette, ce n’est pas parce que les militaires n’ont le droit de parler ou d’écrire. La Grande muette veut dire tout simplement que jusqu’en 1945, les militaires n’avaient pas le droit de participer au vote. C’est ça le sens premier de la Grande muette. Sinon le militaire peut s’adresser par écrit à sa hiérarchie. Je m’étais abstenu d’écrire parce que j’avais placé tout mon espoir dans la justice du Mali. Je m’étais retenu par amour pour le devoir de réserve parce j’avais espoir que l’affaire finira devant les tribunaux qui n’auront pas raison sur moi parce que tout était faux dans ce dossier du début à a fin”, a-t-il expliqué.

S’attendait-il au succès du livre ? Il a réitéré que sa seule motivation était de communiquer, de donner l’information qu’il n’a pas eu la chance de donner devant le tribunal. Car, a-t-il ajouté, les gens sont convaincus qu’il est impliqué dans cette affaire alors qu’elle ne le concerne ni de près ni de loin.

Avec cette publication, a-t-il l’impression d’être blanchi aux yeux des Maliens ? Il en est convaincu. Retenu par le devoir de réserve, il n’a pas voulu étaler des informations sur lesquelles il devait revenir à la barre. Puisque, a-t-il ajouté, au nom de la Loi d’entente nationale, ils ne sont pas allés au fond des débats et il est resté sur sa faim. D’après lui, il fallait donc trouver un moyen pour délivrer sa part de vérité. “Le livre peut me blanchir. Car les gens ont compris ce que j’ai dis. Cela me satisfait. C’est vrai que la mort est douloureuse mais accuser quelqu’un d’assassin est plus douloureux que la mort”, a-t-il insisté.

D’après lui, c’est Soumeylou Boubèye Maïga qui est à la base de tous les cabales contre lui et ses démêlés avec la justice. Parce qu’il a eu le malheur de contredire Boubèye devant le président Ibrahim Boubacar Kéita. Il a été accusé de complicité de séquestration, complicité d’enlèvement et d’assassinat par Karembé.

“J’ai estimé que Karembé pouvait m’accuser mais il ne pouvait pas me juger, car au moment des faits, j’étais ministre de la Défense. Normalement, je devais être jugé par la Haute cour de justice. Malheureusement, ni le gouvernement, ni l’Assemblée (compétente à traduire un ministre ou un président devant la Haute cour de justice), ni la Cour constitutionnelle (le garant du fonctionnement régulier des institutions et des pouvoirs publics), ni la Cour suprême (qui a un rôle de régulation et de légitimation) n’ont rien fait, n’ont pas levé le petit doigt. Mohamed Aly Bathily qui était ministre de la Justice a soutenu Boubèye dans ses sales besognes pour m’envoyer chez Karembé. Je ne pouvais pas être jugé. Mais Boubèye voulait politiser l’affaire.

Le jugement de Sikasso avait pour but d’annuler la détention préventive. C’est après que j’ai entendu sur RFI que j’ai signé une liste de militaires envoyés au front alors qu’ils ont été exécutés. Cela était un mensonge, une accusation gratuite à mon encontre. Je n’étais pas au courant de ces assassinats, je n’ai signé aucun papier.

Et je me suis dis que le jour du jugement, je vais tout déballer. Comme je n’ai signé aucun papier, ils ont modifié mon accusation en complicité. C’est comme ça qu’on m’a impliqué dans cette affaire des bérets rouges assassinés. Et la liste des accusés a été remise à Karembé par Boubèye. J’ai cette preuve. De confidence à confidence, j’ai été informé de la transmission de cette liste des accusés à Karembé par Boubèye.

Et Karembé avait juré de me mettre en prison. C’est ainsi que j’ai informé Toumani Djimé Diallo qui m’a dit qu’il avait ordonné d’arrêter cette affaire. Ce qui m’a le plus peiné dans cette affaire, c’est la disparition de Baba Lamine Doumbia, le fils d’un ami. J’ai tout fait pour rechercher ce garçon qui n’a pas été retrouvé. Un jour, j’ai entendu la mère de Baba Lamine Doumbia me traiter de traître. Cela m’a fait très mal. Cette accusation m’empêchait de dormir”, a-t-il expliqué.

Il a révélé que la différence de traitement (le favoritisme, une injustice) était à la base de la friction entre bérets rouges et bérets verts. Parce que, a-t-il commenté, le Régiment des bérets rouges bénéficiait de primes à l’exclusion des autres corps. Ce qui a créé des frustrations. C’est ainsi qu’après son coup d’Etat, Amadou Haya Sanogo a procédé à une harmonisation, un nivellement des primes qui n’a pas été compris parce qu’il a manqué la démarche pédagogique d’explication.

Sur l’assassinat des 21 bérets rouges, il a souligné que cette affaire est restée secrète. Et il n’avait jamais été informé de quoi que ce soit.

Siaka Doumbia
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