C’est avec consternation que le monde de la presse a appris le décès de mon chef, Yaya Sidibé. Cette disparition est une perte énorme pour qui connait la valeur intrinsèque de ce journaliste hors-pair, très talentueux.
Personnellement, j’ai été très touché par le décès de Yaya Sidibé lorsque son épouse m’a annoncé cette mauvaise nouvelle, lundi aux environs de 14 h, avec le téléphone de son mari. “Quand j’ai vu le numéro 76 41 71 46, j’étais pressé de décrocher l’appel croyant que c’était Yaya. C’est son épouse qui répond pour me dire en ces termes : Alou, Yaya est décédé, la voix nouée par l’émotion”.
Yaya Sidibé fut un véritable chef à L’Indépendant qui a toujours respecté ses collaborateurs. En tant que Rédacteur en chef, il a toujours géré la rédaction avec professionnalisme. Il assurait en même temps les corrections des papiers des journalistes. En tant que jeune reporter, les corrections de Yaya m’ont permis de mieux apprendre la déontologie et certaines règles du métier. Il était toujours prêt à nous aider à mieux comprendre ce métier noble.
J’ai eu la chance d’être un collaborateur direct de Yaya en tant que Rédacteur en Chef adjoint, après le départ de Chahana Takiou pour la création de son propre journal “22 Septembre”. C’est pour vous dire que Yaya Sidibé a beaucoup contribué à ma formation de journaliste.
Après son départ, j’ai toujours continué à collaborer avec mon Chef puisque nos relations étaient devenues plutôt familiales que professionnelles.
Pour la petite histoire, Yaya animait une rubrique dans le journal “Aujourd’hui-Mali” où il a toujours signé par son fils Boubacar Sidibé dit Junior. Il avait son style à part, entier et agréable à lire. En réalité, Yaya avait vraiment la plume.
Personnellement, j’ai toujours considéré cet homme comme l’un des meilleurs journalistes. Il était très cultivé. C’était vraiment un génie dans la profession, tellement il maitrisait la langue de Molière.
Né le 27 février 1957 à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso, Yaya Sidibé a fait ses études primaires à Kati puis au Lycée Askia Mohamed où il a obtenu son Baccalauréat en série Lettres Classiques. Il poursuivra ses études supérieures en journalisme à l’Académie Stefan Gheorghiu de Bucarest, de 1977 à 1980, sanctionnées par une Licence en journalisme.
A son retour, il sera affecté au quotidien national “L’Essor” en tant que journaliste-réalisateur. Il a réalisé beaucoup de reportages et d’enquêtes, notamment sur les problèmes d’eau au Mali. Sans oublier les reportages de routine.
A partir de juillet 1991, il a décidé de quitter la fonction publique dans le cadre du programme des départs volontaires pour faire carrière dans le privé. C’est ainsi qu’il se retrouve au journal “Le Républicain” en avril 1993 lorsque Saouti Haïdara fut directeur général avec une équipe de choc : Feu Mamadou Lamine Doumbia (MLD) Amadou Béydi Haïdara ou encore Cheickna Hamalla Sylla…Après Le Républicain, Yaya accompagnera Saouti avec la création de L’Indépendant, pour terminer au journal 22 Septembre. C’est là-bas qu’il a fait un AVC, il y a quelques années.
Yaya Sidibé a également fait plusieurs stages, notamment au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar, un séminaire en journalisme à Saly Portudal au Sénégal avec l’appui de la Fondation Friederich Ebert puis un Stage de perfectionnement de trois mois à l’Institut international de journalisme de Berlin en Allemagne.
Décédé à 64 ans, Yaya Sidibé a été conduit à sa dernière demeure au cimetière de Kati Malibougou par une foule nombreuse composée de parents, amis et ex-collaborateurs.