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Reformes au Mali : Le nouveau découpage administratif passe très mal
Publié le mercredi 5 mai 2021  |  Nouveau Réveil
Marche
© Autre presse par DR
Marche à Gao pour dénoncer l`état de la route Sévaré- Gao
Des jeunes de Gao ont battu le pavé pour dénoncer l`état de la route Gao-Sevaré et demander à l`Etat de prendre des dispositions pour commencer les travaux de rénovation de cette route.
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Prévus par l’accord d’Alger, les travaux de restitution sur le projet de réorganisation administrative se sont tenus à Bamako et dans les régions, le jeudi et vendredi dernier. Un projet de réforme territoriale qui prévoit la création de 19 régions au lieu de 8 actuellement, a circulé sur les réseaux sociaux, provoquant de vives critiques dans le Mali profond.
Depuis l’officialisation du nouveau découpage administratif, rien ne va plus à l’intérieur du Mali. À Markala au centre tout comme à Gao et Tombouctou dans le Nord, à l’unisson, toutes les composantes de ces villes rejettent le projet en l’état. Et pour se faire entendre de la plus belle manière, les populations de Gao ont pris d’assaut la salle de conférence du Gouvernorat.

Pour manque de concertation, les Communautés du Mali rejettent, en bloc, le projet de découpage territorial des autorités de la transition. Pour les populations du Nord, il n’y a jamais eu de concertations régionales sur la réorganisation territoriale.

Comme on pouvait s’y attendre, après les populations de plusieurs localités, le document de réforme territoriale rendu public par le gouvernement de transition a été rejeté par les groupes armés (CMA et Plateforme).

Cette situation provoquée par l’entêtement des autorités de la transition modifie d’office le chronogramme électoral. Les élections communales, des cercles et des régions annoncées en première position sont compromises. Elle met en avant les propositions de certains partis et acteurs de la société civile visant à la tenue de la seule élection présidentielle pendant la transition. Il appartiendra aux autorités élues d’engager souverainement des concertations pour trouver le juste milieu.

En 2018, les concertations ont été boycottées par les groupes armés, la société civile et l’ensemble des communautés des régions du Nord.

Du côté des autorités, on se veut rassurant. Le ministère de l’Administration territoriale affirme que ce document date en réalité de 2008 et ne constitue pas sa base de travail. « Il s’agit d’un vieux document », explique une source proche du gouvernement qui rassure que « Rien ne peut être validé sans des discussions préalables au Comité d’orientation stratégique ».

Composé d’une cinquantaine de personnalités issues des partis politiques, de la société civile et du monde universitaire, ce comité a été créé le 31 mars pour appuyer le Premier ministre dans ses réformes. Une volonté d’inclusivité pour trouver des consensus et dépassionner les débats sur les questions électorales, sécuritaires, sociales et économiques définies en priorité par le plan d’action gouvernemental de la transition malienne. Mais les choses ne se passent pas comme prévues

Retour à la case départ

La fin du mois de ramadan risque d’être mouvementée au Mali si le gouvernement de transition ne change pas de fusil d’épaule. Il apparaît de plus en plus que le gouvernement cherche à embraser la situation dans le seul but de se maintenir. Difficile alors de ne pas voir la main invisible des autorités transitoires derrière toutes ces agitations monstres qui se profilent à l’horizon post ramadan dans notre pays.

En effet depuis l’annonce du chronogramme électoral, comme par magie, les démons ont commencé à se réveiller dans tous les sens. Si certains sont de l’ordre normal des choses, d’autres relèveraient d’une volonté manifeste de certains colonels de Bureau et leurs perroquets de proroger les supplices du peuple pour leurs seuls conforts.

Le jeu du chat et de la souris auquel les autorités de la transition et la classe politique se livrent depuis le début de l’exercice pour des raisons diverses a enfin atteint son paroxysme. Même s’il est hasardeux de se prononcer sur l’issu de ce duel sans cadeau, l’inquiétude est palpable chez bon nombre de nos concitoyens face à la litanie de griefs en gestation.

Officiellement dans le starting-block de la contestation annoncée après la fin du mois de ramadan, on peut citer : l’UNTM, la police, la santé, les surveillants de prison, les enseignants, les Dfm, les jeunes et autres. S’il faut ajouter à cela, les mécontents des délestages record, des démolitions sauvages, les contestateurs du nouveau découpage et du chronogramme électoral, on se rend compte de la présence d’une poudrière qui peut faire très mal à tout le monde.

L’attitude maléfique des autorités de la transition

Contraint par la communauté internationale à publier un chronogramme électoral respectant le délai de 18 mois de la transition, les autorités de la transition n’en démordent toujours pas. En plus d’un chronogramme surréaliste très chargé avec tous les ingrédients du pourrissement de la situation, l’officialisation du nouveau découpage administratif par le gouvernement, sans accord préalable, avec les populations est une autre poudrière créée pour mettre à mal le chronogramme électoral. Pourtant, les méthodes d’IBK que le gouvernement a entériné à travers ce projet avaient été décriées et même boycottées par certains.

La récurrente question du referendum constitutionnel a été encore mise en avant par les autorités de la transition, sans aucune certitude. La sensibilité de la question fait qu’elle exige le consensus à travers une inclusivité qui a toujours fait défaut du côté de la transition. Comment vont-elles s’y prendre ?

Si pour l’instant elles sont les seules à avoir la réponse à cette question, du côté de la classe politique et de la société civile, l’inquiétude est palpable. Déjà, plusieurs formations politiques haussent le ton. Selon eux, la transition ne peut tout faire en 18 mois. Pour maximiser ses chances, elle doit choisir les priorités à même de sortir le Mali de la situation actuelle.

Concernant le front social, certains parlent de la main invisible de certains colonels pour empêcher le respect du chronogramme électoral. Tout serait également mis en œuvre pour pousser la classe politique à commettre la faute afin de mettre une éventuelle prorogation du délai de la transition sur son dos. Il revient à la classe politique et à la société civile d’être vigilantes. Aussi, la communauté internationale qui nous a mis dans cette situation doit à un moment donné trancher et veiller au grin.

Cyrille Coulibaly
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