Parachuté en politique par la tête, l’ancien général, Moussa Sinko Coulibaly, a du mal à s’adapter au terrain politique. Le pouvoir qui lui a été promis par les partisans et les soutiens et pour lequel il a démissionné de l’Armée et de son poste de directeur général de l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye le 30 novembre 2017, reste toujours imaginaire.
Un certain jeudi. Comme une traînée de poudre, une lettre de démission de l’ancien ministre de l’Administration territoriale, le général Moussa Sinko Coulibaly, un proche de l’ancien chef de la junte de 2012, Amadou Haya Sanogo, inonde les réseaux sociaux. Dans ce document confidentiel adressé au président d’alors, Ibrahim Boubacar Keita, dont il fut un grand soutien, l’on retient aussitôt : « J’ai l’honneur de vous présenter ma démission des forces armées maliennes à compter de ce jour 30 novembre 2017.» Coup de théâtre. En même temps, il plie ses bagages à l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye au moment où le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, le chef suprême des Armées, ne cessait de déclarer : « Nous sommes en guerre ». Ainsi, le général sorti de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr en 1995 trahit ses frères d’armes, ainsi que toute la nation au moment où l’on avait beaucoup plus besoin de lui. C’est comme ça que, contre toute attente, le général abandonne tout pour embrasser la politique.
« Ce choix est lié à mon ambition de vouloir contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politiques, éducatifs, économiques, culturels et sociaux auxquels notre pays est confronté. » C’est dans cette phrase que se cachaient les vraies motivations ou toute la prophétie du général démissionnaire. Alors que nous étions à sept mois du premier tour de l’élection présidentielle de juillet 2018, et que rien n’était encore sûr du côté d’Ibrahim Boubacar Keita et ses alliés, Moussa Sinko Coulibaly s’était vu l’homme de la situation. Mais une situation dont il n’avait aucune idée et qu’il ne pouvait même pas tout de suite comprendre. Parce que l’on était désormais en politique et qu’il fallait aussi vivre en politique, comprendre en politique et surtout savoir parler et agir en politique.
Sûr de lui-même, il lance une association politique dénommée : ‘’Plateforme pour le changement’’, puis un parti politique appelé : ‘’Ligue démocratique pour le changement’’ (LDC) et s’inscrit dans une position d’apposant solitaire. Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique à seulement un mois de l’élection présidentielle, Moussa Sinko Coulibaly lâche : «Les politiques maliens ont échoué. Il nous faut des solutions de rechange. Nous pouvons instaurer une vraie démocratie au Mali et corriger les erreurs commises depuis 1991. L’échec des hommes politiques poussent les autres corps socio-professionnels à s’intéresser à cette activité. L’expérience que j’ai acquise durant la transition en 2012-213 me permet aujourd’hui d’apporter une contribution positive à la vie politique de mon pays. »
A la suite de sa première expérience à l’élection présidentielle, Moussa Sinko Coulibaly, candidat indépendant, totalise 0,95 % de voix. Une déception ? En tout cas, il devient par la suite calme jusqu’à la chute du régime le 18 août 2019. Après la mise en place des organes de la transition, il surgit et reprend son bâton de pèlerin, cette fois-ci avec une barbe très blanche comme pour dire qu’il a tourné la page de l’agitation pour devenir sage. De toutes les façons, il doit aussi savoir ou comprendre que la sagesse ne donne pas forcément le pouvoir, surtout pas le pouvoir politique. Donc, l’acquisition de ce paradis promis n’est pas certainement pour demain. Quoi qu’il en soit, encore du courage monsieur Moussa Sinko Coulibaly, pour la nouvelle aventure.