Les » dix mesures de rectification de la Transition » présentées par le M5-RFP, lors de sa toute première rencontre avec le président Bah N’Daw, la semaine dernière, n’ont pas trouvé grâce aux yeux de la mission de la CEDEAO, qui vient de séjourner à Bamako, à l’effet d’évaluer la Transition.
Le médiateur Goodluck Jonathan et ses compagnons, notamment le général béninois Francis A. Behanzin, patron de la commission des Affaires politiques, Paix et Sécurité, ont jugé » extrêmes » ces doléances en réponse à une question de la presse relative à « la dissolution du gouvernement et du CNT » au nombre de ces mesures.
Le mot n’est pas excessif si l’on a noté que lesdites doléances avaient l’allure d’oukases eu égard à la tonalité mi-triomphaliste mi-belliqueuse du discours de Choguel Maïga qui les a portées.
Invitant le mouvement de contestation, qui a désormais sa place dans les annales politiques du Mali, à « la tolérance » et à un esprit constructif pour assurer le succès de la Transition, la mission communautaire estime que c’est au sein du comité d’orientation stratégique mis en place sous l’égide du Premier ministre qu’il doit apporter sa contribution. Aussi appelle-t-elle Moctar Ouane à » assurer plus d’inclusivité des principaux acteurs socio-politiques dans le COS pour aboutir à un processus électoral transparent, crédible et acceptable par tous dans le délai imparti pour la Transition« .
C’est sans doute prêcher à un converti étant donné que depuis sa nomination comme chef du gouvernement, l’interpelé n’a eu cesse d’œuvrer, avec la discrétion qui le caractérise, à apaiser le jeu politique en y faisant participer toutes les sensibilités, en particulier celles revendiquant leur appartenance au M5-RFP.
La coalition qui, lors de sa croisade anti-IBK, n’était pas en odeur de sainteté auprès de l’organisation ouest-africaine hostile à tout changement extra constitutionnelle banni par son protocole additif sur la démocratie et la bonne gouvernance, n’a aucun intérêt à ne pas tenir compte de ses appréciations. Même si elle a des raisons de croire qu’elles sont injustes ou mal fondées.
En s’aventurant sur le terrain de la remobilisation des foules comme elle a promis de le faire après » le mois béni du Ramadan » elle s’expose à un plus grand désaveu auprès de notre partenaire sous-régional le plus important. Pire au risque d’être mise à l’index par la communauté internationale dans son entièreté, si le processus transitoire venait à déraper.