La suspension d’une partie de l’aide financière de l’Union européenne au Mali a fait la Une des journaux la semaine dernière. Le montant en cause, estimé à plus de 38 millions d’euros, sera en réalité réalloué à un autre appui budgétaire notamment aux 100 millions d’euros promis par l’Europe pour l’organisation des prochaines élections au Mali.
C’est désormais officiel : entre l’UE et les autorités de la transition, il y a un réel désamour. Même la récente visite du patron de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell Fontelles, n’a pas réussi à raffermir ces relations. Car, malgré sa rencontre à Bamako avec le Président malien de la transition, Bah N’Daw, M. Borrell lui-même a publiquement évoqué la suspension de l’aide, l’an 2020, lors de sa tournée africaine. Une grande première dans l’histoire car, même si l’Union a l’habitude de suspendre son aide aux pays du Sahel, c’est une première qu’elle la fasse publiquement.
Par contre, elle est prête à réallouer cet argent au Mali, cette fois-ci pour accompagner le pays à bien organiser les prochaines élections générales mais aussi les reformes. Un signe ? Oui, annonce un diplomate de l’UE à Bamako. Selon notre source, les fonds non versés seront réalloués à l’enveloppe globale de 100 millions d’euros promise par Josep Borrell au Mali pour l’organisation des élections et un certain nombre de réformes. « Cela montre combien l’Europe ne fait pas confiance aux autorités actuelles », dit-il.
Cette suspension a aussi pour objectif, de contraindre le Mali à réaliser désormais les objectifs définis conjointement avec l’Union européenne notamment sur le volet bancarisation du paiement des salaires des militaires, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
« Plutôt qu’une sanction, c’est un message fort à l’endroit de notre administration. Nous devons sortir de la corruption à grande échelle en valorisant les bonnes pratiques. Bancariser le salaire des militaires n’est pas une menace pour la sécurité militaire, mais plutôt une protection des militaires et du pays. Ce sont les voleurs qui sont aux commandes qui ne veulent pas de cette transparence », déclare un diplomate malien, sous couvert de l’anonymat, qui affirme être choqué par cette « gifle » diplomatique affligée au Mali. Il ajoute : « nous avons aujourd’hui besoin de l’aide et de la confiance de nos partenaires. Cette situation n’arrange guerre notre pays ».
Pour l’heure, les autorités maliennes refusent de communiquer officiellement sur le sujet. Mais, tout indique clairement que l’UE tient au respect strict du délai de la transition et au respect du calendrier électoral proposé par le Premier ministre Moctar Ouane.