Le jeune étudiant malien, Moussa Diakité, vient de rejoindre le cercle des écrivains à travers sa toute première publication littéraire intitulée “Renaissance”, parue aux éditions Takaba. Cet ouvrage de 100 pages est un florilège de textes écrits sur le vécu, le vu et l’entendu du jeune étudiant en Licence d’anglais à la Faculté des langues à l’université Tahri Mohamed de Bechar en Algérie. Le livre fait immersion dans un pays en proie à une multitude de maux qui empêchent son développement. En plus, il se dresse comme une invite à une prise de conscience et à un changement de mentalités. Nous avons échangé avec l’auteur autour de son livre.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage ?
Moussa Diakité : “Renaissance” est un recueil de nouvelles qui raconte des faits vécus dans ma société, qui caractérisent la vie de tous les jours de notre réalité sociale, et aussi des expériences personnelles au gré des rencontres et des péripéties de ma petite enfance dans le quartier Baco-djicoroni ACI.
Pourquoi “Renaissance” comme titre ?
Le titre “Renaissance”, il faut le dire, c’est un grand savant, oui un jeune savant plein d’humour et d’exemple qui l’a choisi quand je lui ai proposé de me lire, m’aider à classer les textes et aussi me proposer un titre. Par modestie, il me dit qu’il aurait choisi “Renaissance” et j’ai adhéré à sa proposition car j’aime beaucoup ce frère et grand ami que je n’avais jamais rencontré auparavant, mais qui me fascinait par sa vie, son interaction avec son monde, sa grande soif de savoir, son ouverture. On n’en a pas beaucoup, à vrai dire, à son image. Comme à tout seigneur tout honneur, je lui ai dit Frère, écrit la préface, c’est le plus grand honneur de ma vie. Je parle de Yéhia Boré et je crois que “Renaissance”, c’est beaucoup plus de lui.
“Renaissance” dans le livre parle d’un petit garçon que j’ai connu au centre de rééducation pour enfants de Bollé lors d’une visite et qui s’y était retrouvé par une petite bêtise. Ce que j’ai aimé chez lui était le regret qu’il émettait et sa résolution d’emprunter le droit chemin. Et je suis tout fier de Sory.
Le texte “Glassi Bey Tan ! Tan”, un hommage à votre mère ?
Je rends hommage à toutes les mamans à travers le livre qui tourne autour d’un de ses sujets majeurs, l’amour, mais le texte “Glassi bey tan tan” parle de ma mère oui, qui nous a inculqué, à moi et mes frères, de grandes valeurs morales inépuisables. Merci à Fantani ! Mais aussi, ça rend hommage à toutes ses amies et les autres mères ailleurs qui se battent dans la dignité et la peine pour soutenir leurs maris et leurs foyers, sans céder à la tentation de la facilité en quémandant ou pire en se prostituant. Elles sont braves et je confirme Youssoupha quand il affirme que toutes les mères africaines seraient milliardaires si le travail en rendait. Que Dieu bénisse nos mamans !
Dans le texte “Biri ka Sôri”, vous dénoncez la prostitution des femmes vivant dans la précarité à Bamako… !
Vous savez, ça ne me rend pas fier de parler ainsi d’une honte de mon pays, mais la vérité rougit les yeux sans autant les crever. ” Biri Ka Sôri ” est une réalité de notre pays et jusqu’à présent pas que des femmes dans la précarité, mais aussi d’autres se laissent aller à la facilité. C’est réellement une honteuse irresponsabilité de tout un pays et des dirigeants qui peinent à offrir un minimum d’éducation aux enfants démunis, une couverture sanitaire minimale et une certaine dignité, inversement aux scandales de vols et détournements que nous entendons à longueur de journées. C’est une plaie et malheureusement notre pays en a beaucoup.
“La famille”, un texte plein de moral. Quel message caché dernière ce texte ?
Vous savez, chaque soir, une phrase d’un ami, l’Ambassadeur Yeah Samaké, me revient en tête. Il disait que la famille est le refuge de l’homme et je dis que la famille, c’est tout. Je raconte un vécu avec mes propres frères et j’avais tort, le message qui s’y situe est qu’il faut privilégier le dialogue, la compréhension mutuelle et fraternelle entre frères, c’est très important. Par malheur, s’il arrive qu’on soit abandonné par tout le monde, la famille, elle, sera là. C’est notre secours, il faut en prendre soin autant que nous le pouvons.
Que voulez-vous faire comprendre au lecteur par le texte “Maa kôrô dô ko n’maa” ?
Vous savez, déjà comme on le dit, il n’y a pratiquement pas de nouveauté. Selon une expression de chez nous, on marche sur les pas des uns et des autres, les uns après les autres et il ne faut jamais se lasser d’écouter nos vieux qui ont besoin de transmettre leur expérience de vie et aussi en apprendre de nous. Mais nous apprenons beaucoup d’eux en les écoutants et c’est ce que je souhaite que mon camarade jeune comprenne, comme moi. On le dit chez nous souvent, “Môgô be pan Maa Kôrô bo kan, n’ka Môgô te pan a kouma kan kan daihh”, autrement dit, ils nous préviennent de possibles erreurs pouvant survenir dans notre passage terrestre et il faut leur prêter oreille attentive.
Comme “Le lait et le couscous” on se complète, dites-vous ?
Oui, dans la vie, aucun être seul ne peut tout posséder, on se complète en savoir, en possession matérielle, en expérience. C’est ce qu’il faut privilégier dans les relations humaines. Nul n’est parfait, tout le monde a son petit défaut, mais à nous de le taire et ne fixer et exploiter que les qualités, en nous complétant les uns et les autres. Sans lait pas de couscous agréable. Ce n’est pas le petit Dogon ou le Sarakolé qui me diront le contraire, on se complète.
“A mon père Amadou”, un hommage à l’ancien président ATT ?
Eh bien, vous avez du flair mon cher. Oui, c’est un hommage au Président ATT, qui a été pour moi un père et une école, un grand puits d’humilité et de grandeur, un philosophe qui avait une vision hors norme de l’homme et de notre société. ATT était en avance et incompris il l’a été. Je me devais de lui rendre cet hommage parce que je pense et assume, le Malien a été ingrat à son égard et à notre grand regret. Oui, cette ingratitude est à bannir de notre société si nous voulons aller loin ensemble. La sagesse d’Amadou m’accompagne dans toutes les phases de ma vie, surtout dans mes engagements publics et très récemment ses pensées m’ont aidé à faire face à une ingratitude semblable lorsque j’étais Président des étudiants et stagiaires maliens en Algérie. Par lui, j’ai compris qu’il faut servir et rien d’autre. Ne point s’attendre du tout à une reconnaissance quelconque.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Un autre projet littéraire, oui, pourquoi pas ? Si, bien sûr, vous me promettez de me lire (Rires). Ça viendra avec le temps, si le Bon Dieu nous le permet, inchallah. Merci beaucoup et mes salutations sincères à vos lecteurs et à vous, personnellement.