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«Esclavage par ascendance au Mali»: Une plainte de la CNDH en gestation contre les commanditaires, auteurs et co-auteurs de cette pratique
Publié le lundi 24 mai 2021  |  L’Indépendant
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Le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré, annonce que sa structure est en train de constituer des dossiers solides pour engager les procédures judiciaires contre les commanditaires, auteurs et co-auteurs et les complices de pratiques de l’esclavage par ascendance sur toute l’étendue du territoire. La déclaration a été faite, le samedi 22 mai dernier, à la Maison des Aînés, lors d’une conférence-débats sur » la problématique de l’esclavagiste au Mali : le cas du milieu soninké, enjeux et résolutions « .

Dans le cadre de la lutte contre l’esclavage au Mali, le Rassemblement Malien pour la Fraternité et le Progrès (RMFP), en partenariat avec le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme (MSDH), a organisé une conférence-débats autour de la pratique l’esclavagiste au Mali. Elle était animée par le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Aguibou Bouaré, le président de Waraba Afrique, représentant de la Coordination des Organisations Africaines de lutte contre l’Esclavage et ses séquelles, Me Saïd Larifou, ainsi que celui du MSDH, Boubacar N’Djim.

Selon ce dernier, l’esclavage est une réalité dans la région de Kayes, surtout en milieu soninké. Avant de soutenir que le cas le plus frappant de traitement d’esclave est celui du lynchage de 4 militants anti-esclavage, à Diandioumé, dans le cercle de Nioro. A ses dires, » dans la région de Kayes, toute la communauté internationale doit se mobiliser, car des milliers de personnes ont abandonné leur village par peur d’être tuées et vivent sans aucun revenu pour subvenir à leurs besoins « .

Boubacar N’Djim explique que, si ces conflits durent toujours, c’est parce que ces actes répréhensibles ne sont pas punis avec la rigueur qu’il faut. » Des condamnations faibles pour des personnes coupables de coups et blessures volontaires ne peuvent que les encourager à continuer de perpétrer ces crimes. Dans ces contextes, on ne peut qu’indexer l’œil complice des autorités locales et des plus hautes autorités de l’Etat « , a regretté le président du MSDH.

Le représentant de la Coordination des Organisations Africaines de lutte contre l’Esclavage et ses séquelles, Me Saïd Larifou a, dans sa plaidoirie, déploré que » des siècles après l’abolition officielle de l’esclavage et, notamment, de la traite des êtres humains, il est humainement insoutenable et intolérable de constater que l’humanité n’a pas tiré toutes les leçons des conséquences humaines, sociales et économiques des atrocités de l’homme contre l’humanité« .

Il soutient ainsi que les organisations africaines, engagées dans cette lutte estiment que «l’esclavage n’est pas une fatalité et sa persistance dans ses nouvelles formes requiert des réponses à la fois préventives et répressives». Dans cette optique, il ajoute que » nous saisirons les institutions régionales et internationales pour demander que l’histoire de l’esclavage, les nouvelles formes d’asservissement humain et ses conséquences dans les rapports humains, soient inscrites dans les programmes scolaires des pays membres de l’Union Africaine « .

Le Président de la CNDH, Aguibou Bouaré a, à son tour, affirmé que, depuis un certain temps, » notre pays est confronté, sur certaines parties de son territoire, aux manifestations violentes en lien avec le fléau de l’esclavage par ascendance. Il ajoute que cette pratique, digne d’une autre époque, outre qu’elle porte atteinte à la dignité humaine, met en péril la cohésion sociale dans les régions où elle sévit « .

Pour lui, de pratique culturelle peu ou prou acceptée, cette forme d’esclavage est devenue, aujourd’hui, une source d’abus de droits, de pratiques avilissantes à l’encontre de toute personne s’élevant contre son « statut d’esclave« . » Ces personnes sont l’objet de traitements discriminatoires, inadmissibles attentatoires à leur dignité d’hommes libres, notamment sous forme de sévices corporels, de tortures psychologiques, de mesures vexatoires, humiliantes, d’atteintes à la liberté de circulation, de mariage, au droit de propriété, à la santé, à l’éducation, bref à la violation systématique des droits fondamentaux des personnes sous sujétion « , a-t-il dénoncé avec véhémence.

Aussi, le président de la CNDH a-t-il annoncé que sa structure est en train de constituer des dossiers solides pour engager les procédures judiciaires contre les commanditaires, auteurs et co-auteurs et les complices de pratiques de l’esclavage par ascendance, sur toute l’étendue du territoire. Et de renchérir : » Par principe de la Loi de complémentarité, si les juridictions nationales ne réservent pas de suite à ces procédures, nous allons les déporter au plan régional et international et saisir la Cour Pénale Internationale (CPI), parce qu’il s’agit de crimes contre l’humanité « .

Daouda SANGARE

Source: l’Indépendant
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