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Coup de force des militaires : Bah N’Daw et Moctar Ouane arrêtés
Publié le mercredi 26 mai 2021  |  L’Informateur
Bah
© Autre presse par DR
Bah N`Daw, le président de transition du Mali, le 25 septembre 2020.
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Leur arrestation perçue comme des coups de poings reçus en plein visage de la transition fait suite à l’éviction de deux colonels ministres de la défense et de la sécurité Sadio Camara et Modibo Koné.
Lundi dans l’après-midi, quelques heures après l’annonce de la formation du nouveau gouvernement fort de vingt-cinq membres, les militaires ont fait irruption au domicile du Premier ministre Moctar Ouane qu’ils ont forcé à les suivre, puis le président de la transition Bah N’Daw, tous deux conduits à la garnison militaire de Kati où ils ont retrouvé le nouveau ministre de la Défense, le général Souleymane Doucouré. Le Premier ministre, dans un bref coup de fil, a pointé un doigt accusateur sur le vice-président Assimi Goïta. « Des hommes de Goïta sont venus me chercher pour me conduire chez le président »a-t-il alerté.

La soudaine montée de tension est consécutive à l’éviction du gouvernement Moctar Ouane II de deux membres influents de l’ex-Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), qui a renversé le 18 août dernier le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le colonel Modibo Koné a été remercié de son poste de ministre de la Sécurité et de la Protection civile et remplacé par le général Mamadou Lamine Ballo, le colonel Sadio Camara perdait son fauteuil de ministre de la Défense au profit du général Souleymane Doucouré, ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air et qui abandonnait sa tunique de secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants.

Ces évènements ont apporté de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours cru que le colonel –major à la retraite invité en septembre 2020 à prendre le gouvernail Mali n’avait pas les coudées franches. Sa marge de manœuvre semblait très étroite face à son tout puissant vice-président Assimi Goïta, l’ex-chef de la junte affublé de fieffés partisans qui aspiraient à une candidature de ce dernier à la présidentielle. Oubliée la parole donnée : « nous ne tenons pas au pouvoir, mais à la stabilité du pays » indiquait le colonel-major Ismaël Wagué, alors porte-parole de la junte, au lendemain du renversement d’Ibrahim Boubacar Keita. Celui-ci conserve son portefeuille de ministre de la Réconciliation nationale.

Tollé et condamnation dans le monde. La communauté internationale a condamné « fermement la tentative de coup de force »et, dans un communiqué « exigé la libération immédiate et inconditionnelle » du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane.



Doute sur le calendrier électoral



Moctar Ouane a présenté le 14 mai dernier la démission de son gouvernement au président de la transition, Bah N’Daw, et a été immédiatement reconduit dans ses fonctions.L’ancien diplomate a été chargé de former un nouveau cabinet de « large ouverture en tenant compte de certaines recommandations du président qui a écouté la classe politique, les forces vives et les leaders religieux».

Lundi, le Dr KalilouDoumbia, secrétaire général de la présidence a donné lecture du décret portant nomination des membres du gouvernement Moctar Ouane II sur les antennes de l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM). Le Premier ministre, reconduit à son poste, conduira un attelage de 25 membres dont cinq femmes.

Le doute persiste sur la possibilité de tenir les élections dans un contexte de crise sécuritaire marqué par la progression des djihadistes sur le terrain combiné à la contestation politique et l’accumulation des conflits sociaux. Suivant le calendrier électoral, le premier tour d’élections présidentielle et législatives est fixé au 27 février 2022 ainsi qu’un référendum constitutionnel le 31 octobre 2021.

Le Mouvement du 5 juin, fer de lance de la contestation qui a abouti au renversement du régime en place, a voilà deux semaines réclamé à nouveau« la dissolution du gouvernement de transition et du Conseil national de la transition » et la « relecture » de l’accord de paix signé avec les groupes armés. Et la principale centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a reconduit lundi sa grève de cinq jours, au terme desquels elle sera illimitée.

Dans ce climat tumultueux, le médiateur de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan est arrivé hier dans nos murs. Lors de son récent séjour, il a suggéré de hiérarchiser les priorités, compte tenu du peu de temps qui reste pour conduire à bon port la transition politique. Jonathan a invité tous les acteurs à travailler « main à main » fondé à croire que seul « l’intérêt supérieur du Mali est ce qui doit prévaloir (…) n’adoptons pas des positions extrêmes ».

Georges François Traoré



Liste du nouveau gouvernement



1-Ministre de la Défense et des Anciens combattants : général debrigade Souleymane Doucouré

2-Ministrede la promotion de la bonne gouvernance charge des relations avec les institutions :MeHarounaToureh

3-Ministre de la Sécurité et de la Protection civile : général de brigade Mamadou Lamine Diallo

4-Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits humains : Boubacar SidikiSamaké

5-Ministre de l’Administration territoriale : lieutenant –colonel Abdoulaye Maïga

6-Ministre de l’Economie et des Fiances : Dionké Diarra

7-Ministre des Affairesfoncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat : Hamza AhmadouCissé

8-Ministre de la Réconciliation nationale : colonel-major Ismaël Wagué

9-Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale : ZéniMoulaye

10-Ministre de la santé et du Développement social : Dr Fanta Siby

11-Ministre des Transports et des Infrastructures : MmeAssian Sima

12-Ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des investissements : HarounaNiang

13-Ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme : Mme Kadiatou Konaré

14-Ministre l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche : Mahmoud Ould Mohamed

15-Ministre de l’Enseignement supérieur et de Recherche scientifique : Pr Doulaye Konaté

16-Ministre de l’Education nationale : Mme Diawara Aoua Paul Diallo

17-Ministre de l’Emploi, du Travail et de la Fonction publique : Abdel Kader Sibidé

18-Ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau : Djibril Tall

19-Ministre de la Jeunesse et des Sports : Mossa Ag Attaher

20-Ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine : Youba Ba

21-Ministre de la Communication et de l’Economie numérique : Hamdou Ag Ilyène

22-Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille : Mme Togo Marie Yagalé Togo

23-Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable : Mohamed Ag Akeratane

24-Ministre de la Formation professionnelle et de la construction citoyenne : Mohamed Salia Touré

25-Ministre des Affaires religieuses et du culte : Dr Mahamadou Koné





Les réactions dans le monde



L’Onu appelle au calme

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi dans un tweet « au calme » au Mali et à la « libération inconditionnelle » de ses dirigeants. Selon les diplomates, le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait tenir une réunion d’urgence dans les prochains jours sur le Mali. « Profondément préoccupé par la détention des dirigeants civils de la transition malienne. J’appelle au calme et à leur libération inconditionnelle. Mon Représentant spécial travaille avec la CEDEAO, l’UA et les acteurs politiques internationaux soutenant la transition politique en cours ».



L’UA exige leur libération immédiate

Le président en exercice de l’Union africaine (UA), le président congolais Félix TshisekediTshilombo, a exigé la « libération immédiate et inconditionnelle « des dirigeants de la transition et « condamne fermement toute action visant à déstabiliser le Mali ». Il appelle également tous les acteurs de la transition politique malienne à la retenue ainsi qu’au respect de la Constitution ».



Soutien ferme de la CEDEAO, l’Union européenne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union africaine l’Allemagne et l’Union européenne ont affirmé dans un communiqué commun « leur ferme soutien aux autorités de la transition ». Ils ont rejeté par avance tout fait accompli, y compris une éventuelle démission forcée des dirigeants arrêtés.
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