L’Amisom, une force africaine qui comptait 9.600 hommes en Somalie avant l’intégration, le 2 juin dernier, d’un continent du Kenya, pourrait-elle servir de modèle au Mali? C’est ce qu’on pense à Washington, alors que Paris regarde plutôt du côté de l’Ecomog, les Casques blancs de la brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
L’Ecomog, dominée par le Nigéria, n’a que laborieusement fait ses preuves au Liberia et en Sierra Leone. Cette force d’interposition a quitté le Liberia en 1999, neuf ans après sa création – sans avoir réussi à vaincre Charles Taylor ni à empêcher l’élection contestée du warlord avec 75% des voix, en 1997. Elle a aussi été accusée d’exactions et perdu des centaines d’hommes, sur les 20.000 soldats envoyés par plus de dix pays d’Afrique de l’Ouest au plus fort de la guerre civile libérienne.
À partir de 1997, l’Ecomog intervient dans la guerre civile en Sierra Leone, avant de céder sa place à une mission des Nations unies en 2000. Mais il aura fallu l’intervention des forces spéciales de l’armée britannique en mai 2000 pour stabiliser le pays, après la prise de 500 Casques bleus de la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil) en otages par les rebelles du Front révolutionnaire unifié (RUF).
De son côté, l’Amisom a remporté plusieurs victoires ces derniers mois. Elle a réussi à libérer Mogadiscio, la capitale, des milices shebab. Affiliées à Al-Qaeda, ces dernières ont quitté leurs positions dans la ville en août 2011. La ville d’Afgoye, bastion des shebab et une cible stratégique importante, située à 30 km de Mogadiscio, est également tombée aux mains de l’Amisom le 25 mai dernier, avant Afmadow le 30 mai. Prochaine étape: le port de Kismayo.
Déployée le 6 mars 2007 par l’Union africaine (UA) pour soutenir le gouvernement de transition en Somalie, l’Amisom avait un mandat initial de six mois, qui s’est prolongé depuis. Composée de soldats ougandais, burundais, djiboutiens, sierra-léonais et kényans, cette force est soutenue par les Nations unies, mais aussi les Etats-Unis et l’Union européenne (UE). Elle est chargée d’assurer la sécurité de plusieurs points stratégiques de Mogadiscio: l’aéroport international Adden Adde, le port maritime et la Villa Somalia, où siège le gouvernement.
L’Amisom doit par ailleurs faire le ménage dans le grand chaos somalien, de manière à pouvoir reconstruire un Etat et une armée dans un pays livré à la loi du plus fort, depuis la chute du gouvernement de Siad Barré, en 1991. Depuis avril 2010, quelque 1.700 nouvelles recrues de l’armée régulière somalienne (qui compte 10.000 hommes au total) ont été entraînées en Ouganda. Les soldats somaliens sont payés 100 dollars par mois, des soldes versées par les Etats-Unis à 70 % et l’Italie à 30 %.
Ecomog ou Amisom? L’une ou l’autre de ces forces présente l’avantage immense, pour les puissances occidentales, d’intervenir militairement par procuration. Les troupes envoyées au front sont exclusivement africaines, avec un soutien logistique extérieur.
Quel modèle pourrait faire école au Mali? L’homme qui supervise l’Amisom, en tant que représentant spécial de l’UA en Somalie, serait sans doute de bon conseil. D’autant plus qu’il s’appelle Boubacar Gaoussou Diarra et qu’il est ancien ambassadeur du Mali en Tunisie, ex-ministre de la Justice et de la Fonction publique et ancien secrétaire général de la présidence de son pays.