L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), qui regroupe au moins 13 syndicats de tous les secteurs d’activités socio-professionnelles de notre pays, avait déclenché le lundi 14 décembre 2020 une grève de 5 jours du 14 au 18 décembre 2020. Rappelons par ailleurs que la grève du 14 au 18 décembre 2020 de l’UNTM a été précédée par un autre arrêt de travail de 3 jours (les 18, 19 et 20 novembre 2020).
L’un des griefs de l’UNTM à cette époque concernait la non- satisfaction des Accords signés avec le Gouvernement du Mali qui comprenaient notamment le recrutement de 8.600 jeunes diplômés par an et pendant 3 ans.
L’actuel préavis de grève de l’UNTM contient 7 points de revendications prévoyant une grève allant du lundi 17 mai 2021 au vendredi 21 mai 2021, si les négociations échouaient avec la partie gouvernementale. Cette grève selon la plus puissante centrale syndicale du pays se poursuivra du lundi 24 mai 2021 au vendredi 28 mai 2021 et l’UNTM se réserve le droit de faire observer la grève à partir du lundi 31 mai 2021 en lui donnant un caractère illimité.
Les 7 points de revendications de l’UNTM concernent, entre autres, l’application immédiate des accords dont les délais sont à termes échus ou dépassés par rapport aux délais du procès-verbal de conciliation signé le 05 février 2021 ; le traitement diligent des accords dont les délais ne sont pas arrivés à terme, en vue de l’extinction du procès-verbal de conciliation signé le 5 février 2021 ; la prise en main par le Gouvernement de Transition des salaires des travailleurs de la COMATEX SA ainsi que le redémarrage de la production dans l’immédiat ; l’élargissement de la prime de judicature aux greffiers et secrétaires des greffes et parquets conformément à l’harmonisation du point 1.1 du procès-verbal de conciliation signé le 5 février 2021 ; le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale relevés suite à la grève du 9 novembre au 22 décembre 2020, sous l’effet du décret pris en Conseil des ministres du 18 décembre 2020 ; l’application immédiate du point d’accord relatif au paiement des salaires et accessoires de salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale conformément aux procès-verbaux de conciliation des 23 mai 2017, 24 mai 2018 et 26 juin 2019 ; l’application immédiate des Accords d’Etablissement des Agences de Développement Régional (ADR) du Mali.
D’après le préavis de grève, toutes ces revendications ont comme support des accords dûment conclus et signés, excepté le point 5 (le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale).
Les réclamations faites par l’UNTM peuvent-elles être satisfaites par le Gouvernement du Mali ? Le Gouvernement du Mali dispose-t-il de ressources nécessaires pour trouver un accord avec l’UNTM ? Des efforts ont certes été faits par le Gouvernement du Mali pour améliorer les conditions de vie des travailleurs des administrations publiques dans le budget 2021, cependant seront-ils suffisants pour satisfaire l’UNTM ?
Les besoins sont illimités mais les ressources sont limitées obligeant les Etats à faire face à des déficits budgétaires (les dépenses deviennent supérieures aux recettes) qui doivent être comblés par des emprunts et/ou l’assistance extérieure pour faire face à l’exécution des budgets nationaux qui contiennent les priorités nationales.
En effet, le projet de loi de finances 2021, adopté en conseil des ministres, le 16 décembre 2020, a révélé un déficit budgétaire de 653 milliards FCFA contre 719 milliards FCFA dans la loi de finances rectificative 2020. Aussi, le montant prévisionnel des recettes budgétaires pour 2021 s’élève à 2155 milliards FCFA tandis que celui des dépenses budgétaires s’établit à 2809 milliards FCFA.
Selon le Ministère de l’Economie et des Finances du Mali, les perspectives macroéconomiques pour 2021 sont influencées par les effets de la crise sanitaire liée à la COVID-19, en plus de ceux de la situation sécuritaire toujours instable.
Ainsi, le taux de croissance réelle du PIB devrait s’établir à 4,0% en 2021, après une contraction, plus sévère qu’initialement projetée, de -2,0% en 2020. Les hypothèses de prévisions budgétaires pour 2021 sont établies sur la base d’une prévision de croissance économique de 4,0% et l’inflation, mesurée par la moyenne annuelle de l’indice des prix à la consommation, est projetée à 1,5% en 2021 contre 0,7% en 2020.
Les allocations budgétaires pour 2021 cibleront principalement : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; l’organisation des élections générales ; la redynamisation de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger ; l’opérationnalisation des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif ; le renforcement de la fourniture de services sociaux de base ; la refonte du système éducatif ; la lutte contre l’impunité et la corruption ; la promotion d’une saine gouvernance des ressources financières ; la réduction du train de vie de l’Etat ; la poursuite de la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles notamment : (i) le parachèvement du processus de réorganisation territoriale, (ii) la réforme du système électoral, (iii) l’adoption d’une nouvelle constitution et (iv) la poursuite du chantier de la régionalisation ; et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale qui permettra, entre autres d’engager le débat sur les grands enjeux sociétaux, le dialogue intercommunautaire, et créer les conditions favorisant le retour des déplacés et réfugiés.
Les prévisions de recettes budgétaires pour l’exercice 2021 s’élèveront à 2 155,161 milliards FCFA contre 2 145,627 milliards FCFA dans la Loi de Finances rectificative 2020, soit une augmentation de 9,535 milliards FCFA correspondant à un taux d’accroissement de 0,44%. Les prévisions de dépenses budgétaires au titre de l’exercice 2021 s’élèveront à 2 808,088 milliards FCFA contre 2 864,976 milliards FCFA dans la Loi de Finances rectificative 2020, soit une baisse de 56,888 milliards FCFA, correspondant à un taux de diminution de 2,99%.
Les dépenses ordinaires se déclinent en dépenses de personnel, d’acquisitions de biens et services, de charges financières, de transferts et subventions et des dépenses en atténuation des recettes, elles sont évaluées en 2021 à 1 726,67 milliards FCFA contre 1 742 milliards FCFA dans la Loi de Finances rectifiée 2020, soit une diminution de 15,21 milliards FCFA ou un taux de régression de 0,87%. Les dépenses pour le personnel se chiffrent à 758 milliards FCFA (dont 439 milliards FCFA pour les collectivités territoriales) en 2021 contre 687,37 milliards (dont 224,61 milliards FCFA pour les collectivités territoriales) en 2020 soit une augmentation de +10,29%.
Aussi, les dépenses des services généraux des administrations publiques se chiffreront à 740 milliards FCFA en 2021 soit 26% des dépenses budgétaires contre 712 milliards FCFA en 2020 soit 25% des dépenses budgétaires. L’Agriculture obtient une enveloppe budgétaire de 421 milliards FCFA en 2021 soit 15% des dépenses budgétaires contre 368 milliards FCFA en 2020 soit un peu moins de 15% des dépenses budgétaires. Quant à l’enseignement, les dépenses budgétaires seront de 469 milliards FCFA en 2021 soit 17% des dépenses budgétaires contre 442 milliards FCFA en 2020 soit 15% des dépenses budgétaires.
Selon le Ministère de l’Economie et des Finances, le budget d’Etat 2021 permettra de consolider et de poursuivre l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, entamée notamment dans le budget d’Etat 2019, à travers l’octroi des avantages de 112,649 milliards de FCFA dont : 47,316 milliards de FCFA pour la revalorisation de la grille salariale du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale, comprenant 11,510 milliards de FCFA pour le paiement du rappel pour le 2ème semestre de 2019 ; 21,605 milliards de FCFA liés à l’harmonisation des grilles ; 9,352 milliards de FCFA liés à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite ; 7,857 milliards de FCFA pour l’indemnité de résidence des enseignants ; 7,576 milliards de FCFA pour la majoration de la grille du statut général de la fonction publique ; 4,329 milliards de FCFA liés à la majoration de la grille sur la pension ; 3,803 milliards de FCFA pour les avantages en faveur du personnel diplomatique et consulaire ; 3,189 milliards de FCFA pour la majoration de la grille des contractuels de la fonction publique.